
A
l'heure de recevoir l'historique rival turinois, plus que jamais en
course pour le titre avec Parme et l'Inter en ce printemps 1997, les
Rossoneri ont d'ores et déjà fait une croix sur les places européennes
et regardent plutôt derrière que devant, la menace d'une improbable
relégation n'étant pas totalement écartée. Invaincue depuis trois mois
en championnat et qualifiée pour les demies-finales de la Champions
League, la Juve pénètre le 6 avril sur la pelouse de San Siro avec la
ferme intention de ramener trois points précieux dans la lutte pour le
Scudetto et d'affirmer sa domination sur la Serie A. Sûre de sa force,
elle a de quoi faire peur à son adversaire du jour.
George
Weah, meilleur buteur milaniste, et Alessandro Del Piero, intenable en
Coupe d'Europe, doivent déclarer forfait pour ce classique du
championnat italien. En attaque, le Milan compte sur la paire
Dugarry-Simone et sur les éclairs de Boban et Savicevic, pourtant tous
deux auteurs d'une bien piètre saison, pour forcer le verrou bianconero,
Baggio prenant place sur le banc. Desailly sera chargé de colmater les
brèches au milieu devant une charnière centrale plus que vieillissante,
les vieux grognards Baresi et Vierchowood ayant tous tous deux dépassé
les trente-sept ans.

Au
bout d'une demie-heure de jeu, la Juve mène 2-0 et a déjà quasiment tué
le match. Profitant d'un ballon repoussé par Rossi sur une frappe en
force de Vieri, Jugovic a ouvert la marque à la 19ème, avant que ZIdane
ne double la mise sur penalty suite à une faute sur Boksic. Au retour
des vestiaires, Jugovic s'amuse avec VIerchowood et s'offre un doublé
d'un tir du droit à ras de terre. Assommé, le Milan n'est pourtant pas
au bout de son calvaire. Totalement à la rue et mal aligné, l'axe
central rossonero se fait surprendre sur une balle en cloche de
Tacchinardi à destination de Vieri, qui crochète Rossi pour porter le
score à 4-0 à la 70ème.
Trop
véloce et physique pour les jambes usées des défenseurs adverses, le
néo-international se trouve dans le coup sur les deux nouveaux buts de
la Juve, se
chargeant
lui-même de clore la marque à la 80ème en enrhumant une énième fois un
Baresi dépassé. Anecdotique, le joli but de Simone ne change rien à
l'affaire. Ecrasé 6 à 1, le Milan AC subit devant son public une déroute
historique.
Au-delà
de l'humiliation infligée par une impitoyable formation turinoise,
cette rencontre marque la fin de l'hégémonie milanaise sur le campionato
et l'Europe, qui durait depuis 1988 (cinq Scudetti, trois C1), et le
début d'une période particulièrement creuse pour un club aussi habitué à
empiler les trophées. Entre 1997 et 2003, le géant rouge et noir ne
remporte qu'un seul titre national en 1999 et se voit éclipsé par la
suprématie de la Juve, qui gagne quatre fois le championnat sur la même
période.
Incapable
de renouveller ses cadres après le départ de ses figures emblématiques
(Baresi, Tassotti, Massaro, Desailly, Savicevic), le Milan AC manque
tout simplement de grands joueurs dignes de sa légende, estampillés
fuoriclasse et capables de faire la différence. Il devra attendre
l'émergence de Chevchenko pour s'asseoir à nouveau sur le toit de
l'Europe, triomphant notamment de la Juventus en finale de Champions
League en 2003, avant que Kaka, huitième Ballon d'Or à évoluer sous ses
couleurs, n'offre presque à lui seul sa septième coupe continentale au
club.
6 avril 1997, Stadio Giuseppe Meazza, Milan: Milan AC 1 - Juventus Turin 6
Buts: Jugovic (19,49), Zidane (31), Vieri (70,80), Amoruso (73), SImone (76)
Milan
AC: Rossi - Maldini - Baresi - Vierchowood - Reiziger - Boban -
Desailly (Tassotti 81) - Blomqvist (Baggio 60) - Savicevic - Dugarry -
Simone
Juventus:
Peruzzi - Dimas - Iuliano - Ferrara - Porrini (Pessotto 74) - Di Livio -
Tacchinardi - Jugovic - Zidane (Lombardo 75) - Boksic (Amoruso 39) -
Vieri
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