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jeudi 20 janvier 2011

Danemark 92: le sacre des vacanciers

denmark1992.jpgA quelques jours du début de l'Euro qui doit se dérouler du 10 au 26 juin 1992 en Suède, les divers membres de la sélection danoise profitent tranquillement de leurs vacances, Carlsberg en main et doigts de pied en éventail. Deuxième de son groupe de qualifications derrière la Yougoslavie, la sélection de Moller Nielsen, déjà absente du Mondial italien, ne fait pas partie des huit équipes autorisées à se disputer le trophée.


Victimes de la guerre qui déchire leur pays et des sanctions imposées par la communauté internationale, la Yougoslavie se voit exclue du tournoi et remplacée au dernier moment par son dauphin danois: branle-bas de combat et changement complet de programme pour Schmeichel et compagnie. Moller Nielsen doit établir dans l'urgence une liste, sachant qu'il ne pourra pas compter sur Michael Laudrup, fâché à mort avec le sélectionneur, et que ses joueurs ne seront sans doute pas tout à fait au point sur le plan physique. En revanche, il paraît évident que l'absence totale de pression et l'effet de surprise, combinés à l'idée savoureuse de jouer les trouble-fêtes, peuvent jouer à à plein en faveur des invités de la dernière heure.

Le futur champion d'Europe s'appuie sur une défense rôdée et expérimentée dont tous les membres, à l'exception de Schmeichel, qui vient de boucler sa première saison à Manchester, ont dépassé les trente berges (Sivebaek, Nielsen, Olsen et Cristofte) et comptent un paquet de sélections. Organisée en 4-4-2 standard, l'équipe s'articule autour de la paire de milieux axiaux travailleurs constituée par Jensen et Vilfort, soutenus sur les côtés par Piechnik et Povlsen. La star se nomme évidemment Brian Laudrup, joyau de 23 ans évoluant sous les couleurs du Bayern qui forme le duo d'attaque avec Henrik Larsen.

Seuls quatre hommes du onze titulaire jouent au pays (Criostofte, Piechnik, Jensen et Larsen), les sept autres étant répartis dans quatre championnats différents: France (Sivebaek et Vilfort), Angleterre (Schmeichel et Nielsen), Allemagne (Laudrup et Povlsen) et Turquie (Olsen). Sur le papier, la formation danoise n'a rien d'une terreur et on ne donne pas cher de sa peau dans un groupe où figurent une équipe de France impériale en qualifications, l'Angleterre, demie-finaliste en Italie, et la Suède soutenue par son public.

Au terme des deux premières rencontres, les choses se présentent mal pour les Danois qui, après avoir tenu en échec les Anglais, se sont inclinés face au voisin suédois sur un but de Brolin. Dos au mur, ils signent leur premier coup d'éclat en battant la France lors du dernier match de poules grâce à Larsen et Elstrup, qui enterrent les dernières illusions tricolores. Qualifiés derrière la Suède, les outsiders affrontent les Pays-Bas de Rinus Michels en demie-finale et s'imposent aux tirs aux buts au terme d'une confrontation superbe, point d'orgue d'un tournoi plutôt terne. Malgré l'égalisation tardive de Rijkaard, qui répond au doublé de Larsen, les Orange de Van Basten et Gullit laissent filer leur titre.

Portés par une irrésistible dynamique, les Danois finissent le travail en finale contre l'Allemagne. Impeccables défensivement à l'image d'un Schmeichel infranchissable, ils placent une banderille par mi-temps, par Jensen, auteur d'un missile des seize mètres à la 18ème, et Vilfort, le milieu du LOSC, qui trouve l'aide du poteau pour achever les Teutons à la 78ème. En se payant coup sur coup les champions d'Europe puis les champions du monde en titre, les partenaires du capitaine Olsen offrent au Danemark son premier trophée majeur. 

euro92.jpgVainqueurs finaux d'un tournoi auquel ils n'étaient pas censés participer, les rouge et blanc, totalement libérés et décomplexés, ont fait souffler un vent de fraîcheur sur un Euro dans l'ensemble tristounet et verrouillé. Après le déclic de la victoire contre la France, ils ont pris conscience de leurs possibilités et compris qu'ils n'étaient qu'à deux victoires d'un énorme coup sans pour autant avoir grand-chose à perdre. Placés dans des conditions psychologiques idéales, les Danois ont su faire preuve d'une grande maîtrise collective, d'une solidarité sans failles et d'un savoir-faire certain en contre-attaque pour emporter le morceau.

A l'image de la Grèce douze ans plus tard, le Danemark 1992, dont aucun des joueurs, à l'exception toute relative de Jensen et Laudrup, n'a signé une brillante carrière sur le plan individuel, restera à jamais comme la sensation d'un seul tournoi. Mais la bande à Laudrup, elle, a su faire honneur au jeu et mérite pleinement son sacre, à la différence d'Hellènes qui ne doivent leur succès qu'à un anti-football régressif et minimaliste. Entre victoire surprise et hold-up, la nuance est de taille.

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