
Victimes
de la guerre qui déchire leur pays et des sanctions imposées par la
communauté internationale, la Yougoslavie se voit exclue du tournoi et
remplacée au dernier moment par son dauphin danois: branle-bas de combat
et changement complet de programme pour Schmeichel et compagnie. Moller
Nielsen doit établir dans l'urgence une liste, sachant qu'il ne pourra
pas compter sur Michael Laudrup, fâché à mort avec le sélectionneur, et
que ses joueurs ne seront sans doute pas tout à fait au point sur le
plan physique. En revanche, il paraît évident que l'absence totale de
pression et l'effet de surprise, combinés à l'idée savoureuse de jouer
les trouble-fêtes, peuvent jouer à à plein en faveur des invités de la
dernière heure.
Le
futur champion d'Europe s'appuie sur une défense rôdée et expérimentée
dont tous les membres, à l'exception de Schmeichel, qui vient de boucler
sa première saison à Manchester, ont dépassé les trente berges
(Sivebaek, Nielsen, Olsen et Cristofte) et comptent un paquet de
sélections. Organisée en 4-4-2 standard, l'équipe s'articule autour de
la paire de milieux axiaux travailleurs constituée par Jensen et
Vilfort, soutenus sur les côtés par Piechnik et Povlsen. La star se
nomme évidemment Brian Laudrup, joyau de 23 ans évoluant sous les
couleurs du Bayern qui forme le duo d'attaque avec Henrik Larsen.
Au
terme des deux premières rencontres, les choses se présentent mal pour
les Danois qui, après avoir tenu en échec les Anglais, se sont inclinés
face au voisin suédois sur un but de Brolin. Dos au mur, ils signent
leur premier coup d'éclat en battant la France lors du dernier match de
poules grâce à Larsen et Elstrup, qui enterrent les dernières illusions
tricolores. Qualifiés derrière la Suède, les outsiders affrontent les
Pays-Bas de Rinus Michels en demie-finale et s'imposent aux tirs aux
buts au terme d'une confrontation superbe, point d'orgue d'un tournoi
plutôt terne. Malgré l'égalisation tardive de Rijkaard, qui répond au
doublé de Larsen, les Orange de Van Basten et Gullit laissent filer leur
titre.
Portés
par une irrésistible dynamique, les Danois finissent le travail en
finale contre l'Allemagne. Impeccables défensivement à l'image d'un
Schmeichel infranchissable, ils placent une banderille par mi-temps, par
Jensen, auteur d'un missile des seize mètres à la 18ème, et Vilfort, le
milieu du LOSC, qui trouve l'aide du poteau
pour achever les Teutons à la 78ème. En se payant coup sur coup les
champions d'Europe puis les champions du monde en titre, les partenaires
du capitaine Olsen offrent au Danemark son premier trophée majeur.

A
l'image de la Grèce douze ans plus tard, le Danemark 1992, dont aucun
des joueurs, à l'exception toute relative de Jensen et Laudrup, n'a
signé une brillante carrière sur le plan individuel, restera à jamais
comme la sensation d'un seul tournoi. Mais la bande à Laudrup, elle, a
su faire honneur au jeu et mérite pleinement son sacre, à la différence
d'Hellènes qui ne doivent leur succès qu'à un anti-football régressif et
minimaliste. Entre victoire surprise et hold-up, la nuance est de
taille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire