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dimanche 23 janvier 2011

Alessandro del Piero, le fidèle

Surnommé Pinturicchio en référence à un peintre de la Renaissance italienne, Alessandro Del Piero appartient à la catégorie des artistes, espèce trop rare dans l'histoire récente du football italien, davantage enclin à produire des milieux polyvalents ou des déménageurs des surfaces. Ces vingt dernières années, il y a eu Baggio, Totti et lui. Plus buteur que chef d'orchestre et soutien idéal d'un avant-centre de métier, Del Piero fait partie de ces joueurs capables de tout dans les trente derniers mètres et qui possèdent dans leur palette technique tous les attributs décisifs de l'attaquant: finesse du toucher de balle, sens du dribble, frappe puissante et précise, intelligence dans la passe et la déviation, adresse diabolique devant le but.


Dénué de remarquables capacités physiques, le petit génie bianconero doit son époustouflant parcours à ses seules qualités de footballeur et un talent exceptionnel mis au service d'un professionalisme sans failles. Passé maître dans l'exercice du coup franc et redoutable artificier, son nom est également synonyme de délicieuses feuilles mortes et autres boulets de canon dans les filets adverses.

Recruté par la Juve à Padoue en 1993, Del Piero restera l'homme d'un seul club, dont il est devenu une des légendes vivantes. Après une brève période d'adaptation, il connaît entre 1995 et 1998 une insolente réussite sur la scène européenne, marquant pas moins de 23 buts en 30 rencontres de Champions League. Portée par son irrésistible attaquant, la Vieille Dame dispute trois finale consécutives, s'inclinant néanmoins à deux reprises contre Dortmund et le Real. Champion d'Italie en 1995, 1997 et 1998, il remporte deux nouveaux Scudetti aux côtés de Trézéguet en 2002 et 2003, s'inclinant cependant une troisième fois en finale continentale face au rival milanais.

Etrangement, celui qui a fait de la plus prestigieuse compétition de clubs son terrain de jeu favori n'a marqué qu"une fois en quatre finales, au cours desquelles la Juve est restée muette offensivement à trois reprises. Artisan des succès domestiques de la Juve, sacrée championne en moyenne une année sur deux dans la décennie suivant son arrivée, Del Piero pourrait presque se considérer maudit en C1 s'il n'avait raflé la coupe aux grandes oreilles aux tirs aux buts face à l'Ajax en 1996. Comme quoi il n'est jamais trop tôt pour mettre un trophée au frais.

Avec la Squadra Azzura, dont il est le cinquième buteur de tous les temps à égalité avec Baggio (27 buts en 92 sélections), Del Piero a disputé toutes les compétitions internationales de 1996 à 2008. Son premier tournoi, l'Euro 96, se solde par une humiliante élimination au premier tour, mésaventure qu'il connaîtra à nouveau huit ans plus tard. Lors de la fameuse défaite de Rotterdam contre la France, il rate deux occasions de doubler la mise face à Barthez en deuxième période, héros malheureux d'un des épisodes les plus douloureux de l'histoire de la sélection italienne.

Condamné semble-t-il à l'échec lors des rendez-vous internationaux, Del Piero, entré en jeu à la 53ème, manque une opportunité unique de rentrer dans la légende du maillot bleu, aux côtés des Riva, Altobelli, Baggio. Toujours Baggio. Sévèrement critiqué pour son incapacité à faire gagner la Squadra et sa propension à passer à côté des grandes finales, il prendra partiellement sa revanche en 2006, même s'il doit une nouvelle fois s'asseoir sur le banc. Buteur au bout de la prolongation en demie-finale contre l'Allemagne, il réussit son tir au but en finale et ajoute à 31 ans sa plus belle ligne à un palmarès déjà bien rempli. 

Le 30 octobre 2010, en marquant face au Milan AC, Del Piero a battu le record détenu par Boniperti pour devenir le meilleur buteur de l'histoire de la Juve en Serie A avec 180 réalisations, auxquels il faut ajouter une cinquantaine de pions en Coupe d'Europe. Très régulier dans son rendement depuis l'ouverture de son compteur à Foggia en septembre 1993, il a dépassé à sept reprises la barre des dix réalisations en championnat depuis 1998 mais a dû attendre sa quinzième saison sous le maillot bianconero pour conquérir son premier titre de capocanoniere devant Trézéguet en 2008.

Tout comme Gianluigi Buffon, Del Piero a définitivement gagné le respect des tifosi en restant au club malgré la relégation en Serie B et en acceptant de promener sa classe et son titre de champion du monde sur les pelouses d'Arezzo, Frosinone ou Spezia. Auteur de vingt buts lors de ce passage au purgatoire, le sauveur atteint un statut iconique et incarne pour les supporters la revanche de la Juve sur ceux qui ont voulu causer sa perte, Moratti en tête. Fidèle parmi les fidèles, il ne s'est sans doute jamais imaginé joué sous d'autres couleurs et porter un autre maillot que le numéro 10 de la Juve. Assurément, il y a moins prestigieux comme tunique.












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