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vendredi 5 juillet 2013

Monaco-Real 2004: le point d'orgue

Lors de la saison 2003-2004, l'AS Monaco signe un parcours extraordinaire en Champions League et devient la troisième équipe française à se hisser jusqu'à la finale de la grande Coupe d'Europe après Saint-Etienne et l'Olympique de Marseille. Les hommes de Didier Deschamps, que personne ne voyait à pareille fête, créent la surprise et se taillent une route jusqu'à Gelsenkirchen à grands coups d'exploits (victoire à Eindhoven et un retentissant 8-3 contre La Corogne en poule, deux matches superbes pour sortir Chelsea en demi-finale), dont le plus mémorable reste à coup sûr l'élimination du Real Madrid de Zidane, Ronaldo et cie. Les clubs français ont pris l'habitude de sortir des matches de dingues au stade des quarts de finale (Saint Etienne-Dinamo Kiev 1976, OM-Milan AC 1991, PSG-Real Madrid 1993, Bordeaux-Milan AC 1996), et la rencontre du 6 avril 2004 s'inscrit dans cette grande lignée.



Après avoir souffert sur deux manches face au Lokomotiv Moscou en huitièmes, les Monégasques frisent la correctionnelle à Santiago Bernabeu à l'aller, encaissant quatre buts en deuxième période signés Helguera, Figo, Zidane et Ronaldo. La réduction du score de Morientes à la 83ème, qui porte le score à 4-2, permet d'entretenir un vague espoir, mais un renversement de situation à Louis II paraît difficilement envisageable. S'il peut se montrer perméable défensivement, ce Real dit "galactique" semble disposer d'assez armes offensives pour marquer au moins un but au retour et rendre alors la tâche plus que compliquée à ses adversaires. Sûrs de leur fait, les Madrilènes se rendent en Principauté dans l'idée de finir le travail.

A la 36ème minute, Ronaldo place une accélération dans l'axe et sert parfaitement Raùl, qui trompe tranquillement Flavio Roma du gauche: Monaco doit alors marquer trois fois et ne plus encaisser pour espérer passer, et la messe semble dite. Le but de Giuly, qui s'offre une jolie reprise de volée croisée sur une remise de la tête de Morientes juste avant la pause, change la donne et permet à ses partenaires de regagner les vestiaires avec la conviction qu'un gros coup reste possible. Trois minutes seulement après la reprise, Morientes monte plus haut qu'Alvaro Mejia et place un coup de tête magistral qui installe définitivement le doute dans l'esprit des prestigieux visiteurs. Bousculé, voire déboussolé, le Real cède encore à la 66ème sur une Madjer de Giuly suite à une centre-tir d'Ibarra, qui ouvre aux rouge et blanc la porte des demi-finales.

Ce soir-là, le manque d'équilibre du onze madrilène, bardé de talent en attaque mais plus que limité à la récupération (Borja Fernandez), et dont la charnière Helguera-Mejia n'offre que peu de garanties, apparaît au grand jour. En cédant Makelele à Chelsea à l'été 2003 sans lui chercher un successeur digne de ce nom, les dirigeants de la maison blanche ont commis une grave erreur stratégique et fait du Real une équipe parfois brillante et capable de mouvements de toute beauté, mais toujours bancale et dépourvue de la moindre assise. La politique de Fiorentino Perez, qui consiste à empiler les stars à coups de gros chèques et à offrir aux socios un grand nom par an (Figo en 2000, Zidane en 2001, Ronaldo en 2002 et Beckham en 2003), atteint ses limites. Très ironiquement, c'est Fernando Morientes, prêté pour faire de la place aux nouvelles recrues, qui  contribue à la perte de son ancienne équipe.

Privé de sa paire habituelle de milieux défensifs Zikos-Bernardi, Deschamps fait confiance à Edouard Cissé et Jaroslav Plasil, qui se montrent très précieux, au même titre que les deux latéraux Evra et Ibarra, très actifs et impliqués sur deux des trois buts. Le quatuor Rothen-Giuly-Prso-Morientes, certes moins ronflant sur le papier que celui formé par Zidane, Figo, Raùl et Ronaldo mais auteur d'une vingtaine de buts dans la compétition, a une nouvelle fois pesé de tout son poids et permis aux Monégasques de tirer profit des lacunes adverses. Fernando Morientes, époustouflant sur la scène européenne, claque à l'aller et au retour contre le Real et Chelsea et termine meilleur buteur de l'épreuve avec neuf réalisations.

Largement dominé par le FC Porto de Mourinho, l'AS Monaco, qui perd Giuly sur blessure en première période, passe à côté de sa finale et rejoint le clan des perdants magnifiques du football français. Pour noircir un peu plus le tableau d'une fin de saison bien cruelle, les joueurs de Deschamps, qui avaient basculé en tête à la trêve en championnat avec cinq longueurs d'avance sur l'OL et occupé la première place 25 journées durant, laissent échapper le titre, qui revient aux Lyonnais pour la troisième année consécutive. Eprouvés physiquement et mentalement par une épopée européenne qui tire sur les organismes et mobilise les esprits, les Monégasques terminent troisièmes et sans le moindre trophée. Parmi eux, deux joueurs parviendront finalement à embrasser la coupe aux grandes oreilles: Ludovic Giuly, sacré avec Barcelone en 2006, et Patrice Evra, vainqueur de Chelsea sous le maillot de United en 2008.


6 avril 2004, Stade Louis II, Monaco: AS Monaco 3 - Real Madrid 1
Buteurs: Raul (36), Giuly (45, 66), Morientes (48)
AS Monaco: Roma - Evra - Rodriguez - Givet - Ibarra - Cissé - Plasil - Rothen - Giuly (El-Fakiri 82)- Prso (Nonda 61)- Morientes (Adebayor 85)
Real Madrid: Casillas - Roberto Carlos - Helguera - Alvaro Mejia - Salgado (Raul Bravo 85) - Borja Fernandez (Solari 72)- Guti (Portillo 88)- Figo - Zidane - Raul - Ronaldo






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