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mardi 27 août 2013

Ibrahimovic, plus qu'un buteur

Alors qu'il n'était jamais resté plus de deux matches consécutifs sans marquer sous le maillot parisien (sans pour autant, notons-le au passage, échapper aux critiques récurrentes quant à sa "motivation" ou son "investissement"), Zlatan Ibrahimovic n'a toujours pas trouvé le chemin des filets après trois journées. Incontestablement, d'après tous les spécialistes dont la compétence ne saurait être remise en cause, il a donc raté son début de saison. Dans le football dit moderne, tout n'est qu'affaire de statistiques et de chiffres, et quand un buteur ne marque pas, on peut tranquillement affirmer qu'il ne sert à rien.  


Pourquoi même prendre la peine de regarder ses matches pour évaluer les prestations d'Ibra? Qu'un joueur de son calibre et de sa réputation ne parvienne pas à trouver la faille face à des adversaires aussi modestes qu'Ajaccio ou Nantes en dit suffisamment long sur son niveau actuel. Et puisqu'il semble mal barré pour atteindre à nouveau la barre des trente pions, on peut d'ores et déjà présumer que la deuxième saison du Suédois à Paris sera de moins bonne facture que la première.

Beaucoup d'observateurs ne semblent pas avoir intégré une donnée relativement importante avant de tirer ce genre de conclusions aussi hâtives que péremptoires: Zlatan évolue désormais dans la même équipe qu'un certain Edinson Cavani, autrement dit d'un type qui vaut une trentaine pions par an en Serie A. L'arrivée d'un tel cador sur le front de l'attaque ne peut que changer la donne pour Ibra, dont le rôle au sein du collectif doit nécessairement être repensé. Il est simplement impossible de faire signer Cavani et de ne rien changer dans la façon d'utiliser Zlatan.

La saison dernière, le deuxième meilleur buteur parisien en championnat s'appelait Kevin Gameiro, auteur de sept réalisations. Seul attaquant de classe mondiale dans l'effectif (Lucas et Lavezzi n'étant pas des finisseurs), Ibrahimovic, systématiquement recherché, aimantait tous les ballons, empilait les pions comme des perles et jouait les sauveurs dans les matches mal embarqués. Sauf exception, tous les mouvements offensifs convergeaient vers Super Zlatan, buteur hégémonique et star incontestée du club. On pouvait alors lire et entendre que son talent et sa réussite masquaient les carences de l'ensemble. Désormais, Blanc doit trouver le moyen de faire cohabiter deux phénomènes sans nuire à l'épanouissement de l'un ou de l'autre: plus compliqué que de s'appuyer sur un goleador unique, mais peut-être plus payant à l'arrivée.

C'est précisément parce qu'il ne saurait se voir réduit à un simple rôle de buteur, dont il s'acquitte d'ailleurs plutôt honnêtement, qu'Ibrahimovic appartient à la catégorie des joueurs à part, atypiques, géniaux, fantasques (barrez la mention inutile) qui feront toujours plus fantasmer le footophile moyen que n'importe quel avant-centre de métier. Combien d'attaquants sont comme lui capables de claquer trente buts sur une saison et de délivrer quatre caviars dans un même match de Champions League? Combien peuvent créer la différence aussi bien aux trente mètres que dans la zone de vérité?

Qu'il marque ou ne marque pas, sa faculté d'invention, sa qualité de lecture du jeu, sa capacité à éliminer et à conserver la chique restent exceptionnelles. Naturellement enclin à dézoner et à descendre d'un cran pour initier et orienter les phases d'attaque, il peut se montrer décisif dans plusieurs zones du terrain et rayonner dans de multiples secteurs du jeu, ce que certains semblent considérer comme un problème. Imprévisible, déroutant, complet (barrer la mention inutile), Ibra reste LE joueur décisif du PSG, celui qui, sur une inspiration, une passe impossible ou un dribble inédit, peut faire jaillir la lumière. Il semble même aberrant que les mêmes certains puissent en douter.

Ibrahimovic ne marquera peut-être pas trente buts cette saison, sans pour autant que son influence décline ou que les résultats de l'équipe s'en ressentent. Dans un rôle de faux meneur de jeu qui semble taillé sur mesure pour lui, le Suédois peut se réinventer et rendre de précieux services au collectif grâce à sa puissance physique et son sens de la déviation. Pour le bien de l'équipe, il paraît disposé à évoluer plus en retrait et à laisser Cavani jouer la gagne au classement des buteurs: une bonne claque à son image de boursouflé du casque égocentrique et imbu de lui-même.

En trois rencontres, il n'a certes pas encore ouvert son compteur personnel mais a joué un rôle essentiel sur trois des quatre buts inscrits par Paris: remise de la tête pour Maxwell à Montpellier, ouverture paranormale pour Cavani suivie d'une offrande à Matuidi à Nantes. Il aurait déjà signé le geste de l'année si son irréel enchaînement feinte de reprise de volée-coup de l'écharpe avait trouvé preneur dans la surface. Toujours prompts à tirer le signal d'alarme, les médias ignorent plus ou moins volontairement les multiples facettes d'un joueur qui sait à peu près tout faire sur un terrain. Et entre autres, mais entre autres seulement, marquer des buts.

1 commentaire:

  1. Moi ça me va.
    Je suis entièrement d'accord avec toi. et après un petit moment d'autarcie je reviens picorer tes chroniques.
    D'ailleurs il serait peut-être temps que tu noyautes une bonne fois pour toutes les médias parce que vu le niveau d'analyse courant, j'ai envie de dire, tu as ta place.

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