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samedi 29 novembre 2014

Du traitement médiatique du PSG en milieu hexagonal

A cinq matches de la trêve hivernale, le Paris Saint-Germain occupe la deuxième place du classement avec 30 points, a assuré sa place en huitièmes de finale de Champions League et reste la seule formation invaincue sur le continent avec Chelsea. Bref, l'équipe a signé un parcours plutôt satisfaisant jusqu'à présent. Et pourtant, que n'a-t-on pas lu et entendu sur ce PSG depuis le début de la saison! Inconstance, déficit de motivation, manque de maîtrise, relâchement, recrutement douteux, leaders en perte de confiance, complémentarités peu évidentes, tout y est passé.

Sans parler des questions pertinentissimes soulevées par les grands médias nationaux, qui, loin d'eux cette idée, ne donnent jamais dans le sensationnalisme : Thiago Silva et David Luiz se remettront-ils de la Coupe du Monde ? Que se cache-t-il vraiment derrière l'étrange blessure d'Ibra ? Blanc a-t-il la carrure pour mener un tel groupe ? Cavani se sent-il bien à Paris ? Ma belle-sœur ferait-elle plus de bien à l'entre-jeu parisien que Cabaye ? Pourquoi les Qataris se refusent-ils à payer une glacière à Laurent Blanc ? Qu'ils soient ici remerciés pour la qualité globale des débats que attention les stations que ça vole très haut attention et pour la richesse de l'argumentation que attention nous on te met le doigt sur les problèmes et pas à côté nous attention.


Commençons si vous le voulez bien par le cas Laurent Blanc, à qui l'on reproche essentiellement deux choses : de ne pas être un « grand nom » et donc un choix par défaut, et de ne jamais déroger à son 4-3-3. Faut-il rappeler qu'avant lui, un certain Carlo Ancelotti officiait sur le banc du club, et que tous les Pierre Menès de l'hexagone se sont évertués à l'éreinter match après match pendant un an et demi parce ses options étaient soi-disant trop défensives et basées sur la contre-attaque ? Mais pour qui se prennent ces sombres types qui se permettent de mettre en doute les compétences d'un Ancelotti pour le seul plaisir de sortir une vanne pourrie ? Les pseudo-spécialistes n'ont fait preuve d'aucun respect envers son travail à Paris, alors que sa conquête de  la decima avec le Real Madrid est venue rappeler, si besoin était, l'envergure du personnage.

Un grand nom ? Mais quand, miraculeusement, un technicien réputé arrive dans le championnat, il ne fait qu'attirer sur lui la méfiance, pour ne pas dire le mépris, sans même parfois avoir le temps de mettre en pratique ses idées, forcément révolutionnaires pour l'entraîneur de Ligue 1 moyen accroché à son 4-5-1 minable comme René Malevil à son comptoir. Si vous en doutez, souvenez-vous  des papiers publiés après la défaite de l'OM contre Montpellier en août et des remises en cause de Bielsa après deux journées. Quelques semaines et huit victoires consécutives plus tard, les mêmes plumes acerbes criaient au génie. Un grand nom ? De la confiture pour les cochons dans ce pays.


S'en prendre au 4-3-3 immuable de Blanc relève de la fumisterie quand précisément le joueur pour qui ce système a été mis en place est absent. Tout le monde, mis à part les journalistes de L'Equipe apparemment, sait que cette configuration est faite pour Ibrahimovic, qui peut dézoner et décrocher, venir former le quatrième angle du losange au milieu, libérer les espaces pour Lavezzi et Lucas et l'axe de l'attaque pour Cavani. Forcément, quand le buteur suédois reste sur le flanc pendant sept semaines (s'agissait-il d'ailleurs d'une vraie blessure ? N'a-t-il pas des envies d'ailleurs ? Milan ne lui manque-t-il pas?), le jeu du PSG s'en ressent.

C'est pourtant sans son joueur phare que le champion de France a refait son retard sur l'OM et obtenu son billet pour les huitièmes en CL. L'année dernière à la même époque, c'est organisé dans ce 4-3-3 désormais malmené que le PSG enchaînait les prestations collectives de haute volée et pratiquait l'un des meilleurs footballs du continent. Ce schéma fait partie de l'ADN collective de cette équipe, qui a grandi et obtenu des succès probants en respectant ce dispositif. Pourquoi vouloir à tout prix que Blanc fasse une croix dessus ? Au passage, pour un entraîneur pépère qui ne prend pas de risques, son coaching lors du match contre Lens, bien mal engagé, fut plutôt du genre osé.


En l'absence de Zlatan, Cavani en a pris plein la figure, à tel point que Dugarry, qui comme chacun s'en souvient faisait preuve d'une adresse phénoménale devant les cages, a pu se demander publiquement si l'Uruguayen n'était pas « un joueur moyen ». Nous n'allons pas revenir sur le passé napolitain du joueur, qui en dit suffisamment long sur ses exceptionnelles qualités, mais simplement rappeler que Cavani au PSG, c'est 36 buts en 62 matches : pas si mal pour un joueur peu convaincant qu'on voudrait nous présenter comme une quasi-escroquerie. Pendant son intérim à la pointe de l'attaque, il a plus que correctement fait le boulot, même si son ratio occasions / buts aurait pu être bien meilleur : 6 pions en championnat, 5 en Champions League dont un capital à Nicosie dans un match mal embarqué.

Ses statistiques ne sont pas si mauvaises pour un type en panne de confiance et semble-t-il au bord de la dépression. Certes, Cavani n'évolue pas au niveau qui était le sien en Serie A, mais il n'est qu'une star parmi d'autres au sein d'une équipe qui ne joue pas exclusivement pour lui, et surtout, il fait preuve d'un état d'esprit irréprochable, multipliant les appels, allant à la baston dans les duels et ne laissant pas sa part au chien en ce qui concerne le boulot défensif. Quand Pastore se la joue dilettante et ne fait pas assez d'efforts à la récupération, on ne manque jamais de le souligner, mais quand Cavani fait une course de quarante mètres pour venir gratter un ballon, on insiste sur son manque de réalisme.


Après la récente et difficile victoire à Metz, un journaliste du grand torchon sportif national dont nous tairons le nom pour ne surtout pas lui faire de publicité (au journaliste, pas à L'Equipe, on suit dans le fond merci) pointait brillamment le fait que le milieu parisien ne se montrait pas aussi souverain que la saison dernière. Sans blague ? Paris a joué 70 minutes avec un trio Chantôme-Rabiot-Motta à Saint-Symphorien, Cabaye étant sorti blessé à la 20ème minute. Depuis le début de saison, Blanc a rarement pu aligner son trident Matuidi-Verratti-Thiago Motta à cause des diverses blessures et suspensions.

Matuidi avait besoin de souffler après le Mondial puis s'est blessé à la main, Verratti a souffert de quelques pépins et Thiago Motta, exceptionnellement épargné l'an passé, est à nouveau embêté par son mollet. Blanc a constamment été obligé de bricoler (un terme sans doute peu approprié vu l'effectif à sa disposition) et de trouver des solutions de rechange, d'autant que Thiago Silva a lui aussi mis longtemps à revenir et peine à enchaîner les matches à cause d'un corps qui ne lui laisse que peu de répit. Au Stade de France face à Lens, il fut ainsi contraint d'aligner une charnière centrale Thiago Motta-Camara.

 
Le lendemain du match en Lorraine, L'Equipe évoquait un « leader précaire » et mettait en avant le « manque de maîtrise » , une « force collective encore contestable » et aussi des signes inquiétants chez Ibrahimovic, apparemment peu concerné et maladroit. Comment peut-on se permettre de mettre en cause l'implication et le niveau d'un joueur comme Zlatan, qui avait en tout et pour tout vingt minutes de jeu contre l'OM dans les jambes, et tirer des conclusions aussi hâtives que douteuses ? On a bien vu contre l'Ajax qu'Ibra, pathétique ombre de lui-même, avait totalement perdu son football et qu'il ferait bien de songer sérieusement à la retraite.

Les essepères de la presse écrite ont aussi très finement observé que le retour de Zlatan avait mis de l'huile dans les rouages du jeu parisien. Vraiment ? Cela voudrait donc dire que la présence d'un des meilleurs joueurs du monde, techniquement exceptionnel et physiquement monstrueux, capable de marquer et de faire marquer, de faire le lien entre le milieu et l'attaque et de se muer en meneur de jeu par intermittences aurait un impact sur le rendement collectif de l'équipe ? Heureusement que les spécialistes prennent la peine de nous éclairer de leurs lumières, nous pauvres béotiens.


Précisément, si le PSG a traversé ses premières semaines de compétition sans accroc notable, c'est parce qu'il possède suffisamment de marge pour prendre des points sans forcément survoler les rencontres. Certes, à plusieurs reprises, l'équipe s'est faite rejoindre à la marque (à Amsterdam et Toulouse, contre Lyon et Monaco notamment) mais elle a rarement concédé l'ouverture du score, et quand tel a été le cas, elle a su renverser la situation, à Lorient et face à Lens. Aucun match n'a totalement échappé à Paris et personne n'a réussi à mener de deux buts contre le champion de France. Il y eut aussi quelques parties parfaitement maîtrisées, comme les deux victoires nettes contre l'ASSE et Bordeaux au Parc. Les temps de passage sont respectés et les vrais motifs d'inquiétude plutôt rares, sans perdre de vue que l'équipe, dont les membres ont attaqué la saison dans des états de forme très hétérogènes, doit atteindre un pic de compétitivité en mars-avril, lorsque tomberont les échéances pour les lesquelles elle a été bâtie.


On parle donc d'une équipe privée de deux de ses principaux leaders pendant plusieurs semaines, de ses titulaires au milieu de terrain souvent, qui a rarement pu compter sur la même charnière centrale et les mêmes éléments offensifs d'un match à l'autre (Lavezzi revient tout juste et Lucas s'est blessé alors qu'il pétait le feu), dont l'entraîneur a dû composer avec les méformes et les forfaits, et qui n'a toujours pas perdu un match après 19 rencontres disputées.

Tout observateur un tantinet sensé y verrait un signe très encourageant: même quand les circonstances sont défavorables, même si le contenu technique laisse parfois à désirer, même si les joueurs semblent parfois laisser filer des matches qu'ils tiennent des deux mains, le PSG gagne et maintient le cap, ce qui témoigne d'une capacité à gérer les situations tendues et de la qualité du banc. Paradoxalement, il faut presque lire entre les lignes pour dénicher la trace d'un commentaire vaguement élogieux sur une équipe qui reste sur huit succès consécutifs toutes compétitions confondues.


Dans cet incessant bruissement de pinaillages et de remontrances, dans ce concert de fines bouches, cette cacophonie quotidienne d'avis aussi péremptoires qu'affligeants, on en viendrait presque à oublier tous les aspects positifs des trois premiers mois parisiens: la renaissance de Pastore, fluide, élégant et lucide comme à ses plus belles heures (du coup Larqué tape sur Cabaye, faute de pouvoir se payer l'Argentin), l'excellent niveau affiché par Marquinhos, les nets progrès d'Aurier, le retour en grande forme de Matuidi, les remarquables prestations de Lucas, le punch retrouvé de Lavezzi, la régularité métronomique de Sirigu, sans oublier les buts importants de Bahebeck.

Au cours de ce premier tiers de la saison, Blanc s'est sans doute arraché les cheveux à plusieurs reprises (ou a plutôt failli avaler sa touillette) mais a aussi pu se féliciter du niveau de certaines individualités régulièrement ciblées par les mauvaises plumes, suivez mon regard. On tend à perdre de vue que Javier Pastore fut la première grande recrue estampillée QSI, et son retour en grâce constitue une excellente nouvelle à tous les échelons du club.


On sait que ce PSG aux moyens colossaux suscite la jalousie, qu'on attend toujours monts et merveilles de lui et que le degré d'exigence est proportionnel aux capacités d'un effectif pléthorique. On sait que Paris ne joue pas dans la même cour que les autres en Ligue 1 et qu'il peut se permettre d'être moyen. On sait que Laurent Blanc n'aura jamais droit au même respect que Didier Deschamps et que beaucoup ne le trouvent pas à sa place. Il faudrait néanmoins arrêter de vouloir créer des problèmes et des fausses polémiques sur le mode "tempête dans un verre d'eau" (rappelons que le mot "crise" a été utilisé au sujet de l'équipe parisienne il y a quelques semaines) pour vendre des canards et faire gonfler l'audimat en province, dans la vraie France profonde du "vrai football" qui se méfie de la capitale et des capitaux étrangers. La vérité, que nous nous enorgueillons de détenir, est que tout le monde sait pertinemment que le PSG est au-dessus du lot sur la scène domestique, et qu'il faut bien chasser l'ennui à grands coups de titres racoleurs. Quoi qu'on en dise, il n'a disputé que deux véritables gros matches, contre le Barça et l'OM. Est-il nécessaire d'en rappeler les résultats?


2 commentaires:

  1. ahahah on sent que ça avait besoin de sortir ! :)

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  2. Monsieur Nasser A. aimerait vous parler au sujet de cet article

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