Nous avions annoncé dans nos pronostics une qualification aisée du Real face à Arsenal, et Dieu sait combien nous sommes heureux de nous être trompés dans les grandes largeurs. Quel bonheur en effet de voir cette équipe (si tant est qu'on puisse parler d'équipe tant ce Real ressemble à un agrégat informe d'individualités) détestable, surévaluée et admirée essentiellement par les ados acnéiques fans de FIFA sur Playstation sortie de la compétition, alors que planait toujours au-dessus de nos malheureuses têtes le spectre infâme d'un seizième sacre. Cette fois, pas de remontada à la sauce maison, pas de coup de pouce arbitral (Leteixier ayant même eu le courage d'accorder un penalty aux Gunners et d'en annuler un autre en faveur des locaux), pas de pion aberrant et chanceux dans les arrêts de jeu, pas de scène de liesse dans les rues de Madrid. Ce Real faiblard et incohérent est tout simplement tombé sur plus fort que lui, concédant au passage sa douzième défaite de la saison, après être une nouvelle fois passé par un trou de souris au tour précédent face à l'Atletico.
On le savait déjà, mais ce n'est pas en empilant les starlettes offensives que l'on construit une équipe, surtout si elles promènent un boulard gros comme une montgolfière. Le Real a énormément perdu avec le départ de Toni Kroos, qu'il n'a pas su ou pas voulu remplacer (merci à Florentino Perez et sa stratégie foireuse déjà éprouvée à l'époque des fameux "Galactiques" et des "Zidanes et Pavones"). Modric a presque quarante ans, Valverde est promené d'un poste à l'autre faute de main d’œuvre compétente, Tchouameni et Camavinga sont gravement surcotés et on se demande pourquoi ils se voient systématiquement sélectionnés (non, en fait, lorsqu'on considère les options sécuritaires et physico-physiques de Deschamps). Bellingham, si brillant la saison dernière, a dû reculer d'un cran pour faire de la place à Mbappé, et les joueurs formés au club (Lucas Vazquez, Ceballos, Acensio) sont tous simplement médiocres. Non seulement l'arrivée ultra-médiatisée de Mbappé n'a pas amélioré l'équipe, mais elle l'a totalement déséquilibrée en provoquant un "all in" délirant sur le secteur offensif au mépris des considérations tactiques les plus basiques.
Comment expliquer qu'après les graves blessures de Carvajal et Militao, le club n'ait pas cherché à recruter dans le secteur défensif lors du mercato hivernal, comme le réclamait Ancelotti, constamment obligé de bricoler, à corps et à cris ? Tout simplement parce que Perez, qui décide de tout et pense savoir mieux que tout le monde, était intimement persuadé que sa "meilleure attaque du monde" planterait toujours au moins un but de plus que l'adversaire. Grave erreur. Dans le football, tout n'est qu'histoire de compatibilités, d'affinités et aussi d'altruisme. Or il paraît aujourd'hui évident que Mbappé et Vinicius, tous deux en quête de gloire individuelle et d'un Ballon d'Or qu'ils ne gagneront jamais si le Dieu du football existe, sont tous simplement incapables de jouer ensemble et l'un pour l'autre. Ce sont deux solistes, deux individualistes forcenés, deux bouffe-balllons pour qui tout passe par l'exploit personnel balle au pied. Victime collatérale de cette rivalité interne, Rodrygo a progressivement disparu de la circulation, tandis que Bellingham en a eu rapidement marre de faire le sale boulot pour tout le monde. Aucune répartition des tâches, aucun sens du sacrifice et aucun goût de l'effort dans une "équipe" de divas où chacun tire la couverture à lui et qui a couru plus de vingt kilomètres de moins qu'Arsenal sur les deux matches. Non seulement ce onze hétéroclite va à l'encontre de toute logique sportive mais en prime, et pas seulement de match, il est, à de rares exceptions près, faignant et tire-au-flanc.
Pourquoi ce soulagement intense, pour ne pas dire ce plaisir savoureux de voir le Real éliminé sans discussion par une équipe à qui il manquait un avant-centre (Havertz et Gabriel Jesus) et un titulaire indiscutable en défense centrale (Gabriel Magalhaes?) ? Parce que les trop nombreuses victoires chanceuses et tirées par les cheveux avec la bénédiction arbitrale nous sont restées en travers de la gorge. Parce que l'impunité totale dont il bénéficie (comment Rüdiger peut-il terminer le match hier soir encore?) et l'adulation dont il fait l'objet de la part de gens qui n'entravent strictement rien au football sont insupportables. Parce que le culte du star system et le refrain lancinant des médias sur "le plus grand club du monde" nous sortent par les trous de nez. Parce que l'attitude arrogante et méprisante de ce club à qui tout est dû, qui se permet de boycotter la cérémonie du Ballon d'Or lorsqu'un de ses joueurs n'est pas récompensé et qui fustige l'UEFA tout en tirant son prestige de son succès dans les compétitions qu'elle organise est inqualifiable et intolérable. Une nouvelle fois, au lieu de reconnaître la supériorité évidente de l'adversaire après la débâcle, Lucas Vazquez n'a rien trouvé de mieux à dire qu' "Arsenal était venu pour défendre", n'ayant sans doute pas remarqué malgré son point de vue avantageux que les Gunners avaient planté trois pions à l'aller et deux au Bernabeu. Minable jusque dans la défaite, à l'image de sa soi-disant équipe.
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