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jeudi 24 avril 2025

Lewandowski enfin Ballon d'Or?

A force d'entendre parler de Yamal et Raphinha, les deux superstars surmédiatisées du Barça qui font le bonheur des joueurs de Playstation, et de s'extasier sur les performances XXL de Pedri, le magicien de l'entre-jeu catalan qui a retrouvé toute son influence et sa maestria, on en viendrait presque à oublier que ce bon vieux Robert Lewandowski est en train de signer une nouvelle saison de baron, à bientôt 37 piges (il les aura en août). Arrivé libre du Bayern à l'été 2022, le nonuple champion d'Allemagne avec le Borussia et le club bavarois caracole encore en tête du classement des buteurs de Liga, avec 25 réalisations en 31 rencontres et trois pions d'avance sur Mbappé, à qui il pourrait encore donner quelques leçons de réalisme, de sang-froid et de placement. Après trois saisons plus qu'accomplies en Espagne, le Polonais a planté la bagatelle de 86 buts sous le maillot blaugrana et est devenu le troisième homme à franchir la barre des cent buts en Champions League après vous savez qui. Un monstre. Une légende vivante. Un surhomme.


On a à peu près tout dit sur Lewa, son sens du but inégalable, sa capacité à marquer dans toutes les positions, son flair unique, son impeccable jeu de tête, sa palette de frappes et de reprises de volée, son adresse inimitable devant le but. Ce sur quoi on insiste un peu moins, c'est sa capacité à s'intégrer brillamment au jeu léché du Barça, à ne pas seulement jouer le rôle du finisseur, même s'il bénéficie à longueurs de matches des services cinq étoiles de Yamal, Raphinha, Pedri ou De Jong, voire de Koundé quand ce dernier a mis du bleu au bout de ses chaussures. Le Polack est aussi capable de briller par son jeu de remises, de combiner dans les petits espaces face à des défenses resserrées, de peser constamment sur la défense adverse par le pressing et dans le jeu aérien et d'opérer un véritable travail de sape sur l'arrière-garde adverse. Le Barcelone de Flick tournerait beaucoup moins bien avec un avant-centre type Haaland ou Biereth, obsédé par le but au point de disparaître totalement des phases de construction et de se contenter d'attendre l'arrivée de la chique dans la zone de vérité. Lewandowski est certes un immense buteur et un véritable tueur devant les cages, mais la variété de ses appels, sa science du positionnement et sa qualité technique très au-dessus de la moyenne contribuent grandement à fluidifier et bonifier le jeu de l'équipe.


Question à dix mille dollars: va-t-on enfin avoir le courage, pour ne pas dire la décence, de lui décerner enfin un Ballon d'Or qu'il mérite cent fois pour l'ensemble de son œuvre: 84 buts avec la sélection polonaise, deuxième meilleur buteur de l'histoire de la Bundesliga avec pas moins de 447 pions, 115 buts européens en 161 apparitions. Rappelons au passage, et pas seulement d'un train, qu'en 2020, Lewa avait vu le trophée lui passer sous le nez pour cause de pandémie après avoir terminé meilleur buteur d'une Champions League qu'il avait accessoirement remporté, de Bundesliga et de DFP Pokal (pas Polak) avec un total ahurissant de 59 pions. La saison suivante, il avait remis le couvert avec la bagatelle de 41 pions en 29 rencontres de championnat et s'était fait voler la récompense par Messi, avant de claquer 13 buts en 10 matches de CL en 2021-2022. Que doit-il faire au juste pour qu'on lui attribue la baballe dorée? Une démonstration de claquettes? Un numéro de jonglage? Un hat-trick face au Real en tongues? Mais, vous comprenez, un Polonais discret et bien propre sur lui, ça fait vendre moins de maillots et de jeux vidéo qu'un gnome argentin dopé aux hormones de croissance ou qu'un gominé de ces dames avec des tablettes de chocolat. On ne valorise que le clinquant, le bling-bling et le strass dans le football dit moderne. Pourtant, à l'heure où les statistiques semblent faire loi, les chiffres délirants associés à la carrière de Lewa devraient mettre tout le monde d'accord.


On sait très bien ce qui va se passer si jamais le Barça gagne la Champions League et la Liga: tout le monde n'aura d'yeux (Dieu?) que pour Lamine Yamal, la nouvelle petite merveille du football mondial, qui a déjà remplacé Neymar dans le cœur des adolescents acnéiques, et pour Raphinha, meilleur buteur de la compétition et brésilos de surcroît. Que l'on s'interroge deux secondes, voire trois si vos facultés limitées d'atrophiés du bulbe vous le permettent: y aurait-il davantage de sens à attribuer le Ballon d'Or à un gamin de 17 ans qui n'a que deux saisons dans les pattes ou à un joueur passé par Leeds et Rennes, capitale mondiale de la lose ultime, qu'à un seigneur en fin de carrière qui a ferraillé avec Messi, Ronaldo, Benzema, Suarez ou Torres et s'en est souvent sorti à son avantage? N'y a-t-il pas quelque chose de profondément admirable dans le fait de quitter le cocon allemand à 34 balais pour aller redonner du lustre au blason barcelonais et faire retrouver les sommets au club catalan? Qu'on ne perde pas de vue que Lewandowski n'a pas attendu l'émergence de Yamal et Raphinha pour performer, décrochant les titres de champion et de pichichi en 2023, année où il devient le premier joueur des cinq grands championnats européens à obtenir le prix du meilleur buteur pendant six saisons consécutives. Alors, après le triomphe de Rodri, qui avait tellement fait plaisir à la communauté footophile, assistera-t-on enfin au sacre de Lewa? Rien n'est moins sûr, malheureusement.

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