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mercredi 7 mai 2025

L'Inter en mode sous-marin

Pas grand-monde ne voyait l'Inter sortir le Bayern (sauf nous autres à LPC) et personne n'imaginait les hommes d'Inzaghi se payer le scalp du grand Barça au terme d'une demi-finale d'anthologie. Systématiquement ignorée des pronostiqueurs et du grand public, l'équipe italienne a fait son chemin jusqu'en finale en passant sous les radars et presque sans faire de bruit, si l'on excepte cette demi-finale épique face aux Catalans. Pourtant, comment snober ou sous-estimer cette formation qui reste sur deux titres de champion en quatre saisons, disputait encore la finale de CL contre City en 2023 et demeure invaincue à domicile depuis trois ans en CL? Il faut croire que la Serie A n"a plus vraiment la cote, et les médias n'en ont eu que pour le Real, fort heureusement éliminé, le Barça, le PSG, Liverpool et le Bayern. Pourquoi? Parce que l'Inter ne possède pas de superstar dans ses rangs, pas de Yamal, pas de Dembélé, pas de Salah ni de Kane mais un groupe formé de très bons joueurs compétitifs et expérimentés. Forcément, Mkhitarayan ou Calhanoglu, ça fait vendre moins papier que Bellingham ou McAllister, mais ça vous gagne des titres et vous emmène pour la deuxième fois en trois ans en finale de Champions League. Une sacrée performance.


Il est curieux que les soi-disant spécialistes, analystes et observateurs de tout poil, qui il est vrai n'ont pas hésité à qualifier Luis Enrique de girouette, d'incompétent notoire ou de faux génie, n'aient pas remarqué que l'Inter possédait l'une des colonnes vertébrales les plus fiables et performantes du continent. Avec Sommer, auteur hier soir d'une partie extraordinaire, Bastoni, le meilleur défenseur italien du moment (qui n'a que 26 ans, un âge encore tendre pour un défenseur central), Barella (pas Jordan le faux self-made man, l'autre) l'homme à tout bien faire au milieu, et Lautaro Martinez, un attaquant qui pèse plus de cent buts en Serie A mais ne fera jamais la une des journaux comme Mbappé ou Haaland, Inzaghi peut s'appuyer sur un quatuor de premier plan, soutenu par de valeureux soldats comme Acerbi le vieux grognard, Dimarco qui s'est coltiné Yamal, Frattesi ce héros, Zielinski l'ancien du Napoli, sans oublier Dumfries, l'un des meilleurs pistons droits d'Europe. Nous nous abstiendrons de nous prononcer sur le cas Thuram, au sujet duquel tout le monde s'extasie ce matin et qui n'est tout compte fait qu'un joueur courageux, combatif et utile mais totalement dénué de talent. Un Sissoko de l'attaque, en quelque sorte, qui devrait si le temps le permet atteindre lui aussi le cap des 70 sélections.


Il convient de saluer les qualités mentales de ce groupe, car beaucoup d'équipes auraient cédé définitivement et capitulé après le troisième but barcelonais à quelques minutes du coup de sifflet final. Les intéristes, eux, ont refusé la défaite et l'élimination, à l'image d'Acerbi, auteur d'un véritable but d'avant-centre dans les arrêts de jeu. Cuits à l'étouffée par la maîtrise et la possession catalanes, Mkhitaryan et Calhanoglu avaient déjà quitté la pelouse, tout comme Lautaro, incertain avant le coup d'envoi, et on ne donnait pas cher de la peau des nerazzuri. Mais Inzaghi a su redonner de l'élan à son équipe en faisant entrer Carlos Augusto à la place d'un Dimarco malmené par Yamal, Darmian, Frattesi, Taremi et Zielinski entre la 55ème et la 80ème minute. C'est donc un onze de seconds couteaux qui a fini par avoir la peau du Barça, à l'image du pion décisif de Frattesi, ce qui en dit long sur les ressources de cette équipe, la qualité de l'effectif et la profondeur du banc, même si encore une fois personne ne se souviendra du nom des héros. Un palmarès se forge aussi avec les remplaçants, et on ne peut pas dire que Flick ait été très inspiré de donner du temps de jeu à Araujo, passif et battu dans le duel sur les deux derniers buts des locaux pendant que Bastoni et Acerbi, auteur du match de sa vie, continuaient à tenir la taule de l'autre côté du terrain.


Quel que soit le vainqueur de l'affrontement du soir entre le PSG et Arsenal, gageons que ni Parisiens ni Londoniens ne se réjouiront de se frotter en finale à cet Inter insubmersible et revanchard qui se plaît à déjouer tous les pronostics. Le Barça, qui a concédé la bagatelle de dix buts sur ses trois derniers matches de CL, aurait assurément laissé plus d'espaces à son adversaire que les coéquipiers de Darmian, capables de faire le dos rond en bloc bas et de se projeter très rapidement en contre-attaque. Face à un PSG ou un Arsenal qui aime tenir la chique et contrôler le tempo, les protégés d'Inzaghi possèdent le profil type de la bête noire, solide, compacte, dangereuse sur coups de pied arrêtés, ultra-réaliste (7 buts sur 10 frappes cadrées lors de la double confrontation avec le Barça), expérimentée, forte mentalement et sûre de sa force et qui aura en prime à cœur de se racheter deux ans après la courte défaite en finale il y a deux ans face à City. Comme le PSG avec Donnarumma et Dembélé, elle possède dans ses rangs un grand gardien et un buteur de premier ordre, deux éléments sans lesquels il est impossible de gagner le moindre trophée, et une kyrielle de joueurs injustement sous-cotés qui voudront montrer leur valeur réelle aux yeux de l'Europe et replacer l'Italie sur la carte du football continental. Voilà Parisiens et Londoniens prévenus.

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