Igor Tudor a réussi son pari. Venu pour assurer une pige (il ne devrait pas rester sur le banc de la Juve la saison prochaine) après le limogeage de Thiago Motta en mars, l'ancien entraîneur de l'OM est parvenu à permettre à son club de conserver sa quatrième place qualificative pour la prochaine Champions League. Pourtant, les hommes du Croate se sont fait des frayeurs sur la pelouse du futur relégué Venise, qui a réussi à ouvrir le score puis à revenir à la marque avant que Locatelli ne libère les siens sur penalty à vingt minutes du terme. Battus à Parme fin avril, les Turinois ont pris dix points sur les cinq dernières journées, il est vrai grâce à un calendrier plutôt favorable qui les a vus affronter notamment Monza, l'Udinese et une formation de la Lazio en perte de vitesse. Ils terminent donc un petit point devant la Roma et décrochent le précieux sésame pour la plus prestigieuse compétition européenne, vitale pour la santé économique du club piémontais.
Toujours très pragmatique, le technicien croate a opté pour 4-2-3-1 ou un 3-4-3 à domicile avec le plus souvent un trio composé de Kalulu, Veiga et Kelly en défense (trio qui a poussé des joueurs anciennement inamovibles comme Costa, Bremer ou Gatti sur le banc), McKennie et Cambiaso sur les flancs, la doublette Thuram-Locatelli dans l'entre-jeu et Gonzalez et Yildiz au soutien de Kolo Muani. Sur terrain adverse, il a souvent choisi de se priver du Turc pour renforcer son milieu et installer une triplette Thuram-Locatelli-McKennie au milieu, tandis que Gonzalez montait d'un cran aux côtés de Kolo Muani. C'est surtout Dusan Vlahovic qui a fait les frais de la défaite embarrassante à Parme, alors que le Serbe avait tout de même marqué sa dizaine de buts en 29 matches disputés. Gràce à ce système, les bianconeri sont allés chercher deux nuls successifs méritoires à l'extérieur contre Bologne et la Lazio, deux points qui ont beaucoup compté finalement.
Dans une mauvaise passe et soumise à la domination de Naples et de l'Inter et à l'émergence de l'Atalanta de Gasperini, la Juve, sortie en coupe par Empoli en quart de finale et éliminée par le PSV en Champions League, a signé une nouvelle saison blanche après celles de 2021, 2022 et 2023 qui faisaient suite à une période particulièrement faste (neuf titres de champion consécutifs entre 2012 et 2020). La saison dernière, l'équipe avait sauvé les meubles avec un sacre en Coppa Italia mais cette année aucun trophée n'est venue garnir la prestigieuse collection turinoise. Puisque Tudor, homme de coups, a déclaré d'emblée qu'il ne s'éterniserait pas sur le banc de la Juve, les spéculations vont bon train quant au nom du futur entraîneur, et les noms de Massimilano Allegri, qui a pourtant exaspéré une grande partie des tifosi, de Stefano Pioli, de Roberto Mancini et bien sûr d'Antonio Conte, champion avec le Napoli, reviennent fréquemment dans les discussions.
Pour arracher son précieux billet, les juventini ont su résister au retour ébouriffant de la Roma, qui a récolté la bagatelle de 38 points sur les quinze dernières journées (2,5 points de moyenne pour les plus limités du bulbe parmi notre conséquent lectorat), n'encaissant que six petits buts et ne concédant qu'une seule défaite sur le terrain de l'Atalanta. Claudio Ranieri, une fois de plus remarquable dans sa mission de redressement à 73 ans, a tout nettoyé du sol au plafond et totalement remanié le onze, délogeant des sénateurs (romains évidemment) comme Hummels, Pellegrini, Dovbyk, Dybala ou El Sharaawy pour faire confiance à des underdogs comme Svilar dans les bois, Angelino, Celik, Soulé, Saelemaekers (à ne pas confondre avec De Mesmaeker) ou Shomurodov. Résultat: les giallorossi ont opéré une remontée spectaculaire, coiffant le rival laziale et la Fiorentina au poteau. Et si, au lieu de donner dans le football restrictif avec Allegri ou Mancini, les dirigeants de la Vieille Dame confiaient leur banc de touche à ce bon vieux Claudio, qui faut-il le rappeler a tout de même remporté la Premier League avec Leicester en 2016? Ce ne serait pas forcément la plus mauvaise des décisions.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire