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dimanche 24 avril 2011

Michael Laudrup, le stratège

laudrup.jpgEn 1992, double ironie du sort, le Danemark est devenu champion d'Europe alors qu'il n'était pas censé participer à la compétition, et sans le meilleur joueur de l'histoire du pays, Michael Laudrup. A la suite d'une brouille avec le sélectionneur Moller Nielsen, le joueur, alors au sommet de son art, refusa de rejoindre la sélection, suivant de loin le parcours de la bande menée par son frangin Brian, à jamais la première à décrocher un titre pour les rouge et blanc.


En exagérant à peine, c'est un peu comme si Platini n'avait pas joué l'Euro 84. Et encore, en France, il y a eu Kopa, Cantona, Zidane. Dans le panthéon du football danois, il y a Laudrup et les autres: sa figure écrase celle des Simonsen, Elkjaer Larsen et autres Tomasson, et seul Schmeichel a laissé une trace comparable dans les mémoires. De retour en sélection à l'été 1993, il fut logiquement nommé capitaine et arbora le brassard à une trentaine de reprises. Logique, car rarement fut joueur aussi emblématique d'un football national. Sélectionné pour la première fois en 1982 le jour de son dix-huitième anniversaire, Laudrup a porté plus de cent fois le maillot danois (104 sélections, 37 buts) et disputé deux Coupes du Monde à douze ans d'écart, en 1986 et 1998, mettant un terme à sa carrière internationale après un Mondial français très réussi où le Danemark ne fut pas loin de sortir le Brésil en quart après avoir atomisé le Nigeria.

laudrup-2.jpgTechnicien hors pair doté d'une exceptionnelle intelligence de jeu, meneur de jeu de génie, passeur extra-lucide, Michael Laudrup fut un milieu de terrain de calibre Ballon d'Or (seulement septième en 1992 derrière...Brian Laudrup). Son coup d'oeil et sa compréhension instantanée des situations offensives lui donnaient toujours un temps d'avance sur les défenses, et ses qualités de footballeur faisaient le reste. Brillant sans jamais frimer, impeccable dans les transmissions et la gestion du rythme, Laudrup ne possédait pas de dispositions athlétiques particulières, mais son influence sur le jeu était telle qu'il se trouvait presque systématiquement impliqué dans les mouvements d'attaque, notamment dans sa période barcelonaise.

Révélé très jeune, promu star à même pas vingt ans, il eut d'abord du mal à assumer son statut et faillit se perdre à force de vouloir être décisif. Dans la deuxième moitié de sa carrière, il prit sa pleine mesure dans un rôle de chef d'orchestre en Catalogne dans un système taillé sur mesure pour lui où le ballon devait circuler plus vite que les joueurs. Comme tous les grands stratèges (un mot dont il constitue l'incarnation footballistique), Laudrup avait besoin qu'on lui confie les clés de la boutique pour exprimer son talent, ce que Cruyff eut le mérite de comprendre avant tout le monde.

Après deux saisons à Brondby, où son talent éclate de manière très précoce, Laudrup quitte le pays pour la Juventus, championne d'Italie en titre, à dix-neuf ans seulement. Le nombre d'étrangers étant alors limité à deux sur le terrain, la Vecchia Signora, qui compte dans ses rangs Platini et Boniek, prête le Danois à la Lazio. Pour le club, Laudrup est un projet, le futur grand joueur censé succéder à Platini. Il signe une première année remarquable en Serie A, marquant un doublé dès son premier match contre Vérone et huit buts au total, permettant à son équipe de se maintenir dans l'élite. Mais la saison suivante s'avère désastreuse: la Lazio est cette fois reléguée et les performances personnelles de Laudrup déçoivent.

A son retour chez les Bianconeri, il prend la place de Boniek aux côtés de Platini et remporte le Scudetto en 1986. Alors qu'on pense que sa carrière italienne va enfin décoller, Laudrup voit sa progression freinée par de nombreuses blessures qui l'empêchent de s'installer dans le costume du patron laissé libre par Platini, parti à la retraite en 1987. Deuxième en 1987, la Juve peine à se remettre du départ du Français, terminant seconde l'année suivante, sixième en 1988 et quatrième en 1989. Pour Laudrup, il est alors temps d'aller voir ailleurs. 

Avec le Barça, la réussite du Danois est telle qu'il symbolise plus que tout autre joueur le jeu fluide et enchanteur mis en place par Cruyff au début des années 90. Devant Koeman et derrière Stoïchkov, les deux autres étrangers du club, Laudrup distille, distribue, accélère, régale, élimine, crochète, oriente. Avec ce formidable coordinateur aux commandes, qui plante accessoirement sa dizaine de buts par saison, Barcelone empile quatre titres de champion consécutifs entre 1991 et 1994 et remporte en 1992 sa première Coupe des Clubs Champions. Poussé sur le banc par l'arrivée de Romario, Laudrup, qui vit très mal le fait de ne pas être retenu pour la finale européenne contre le Milan en 1994, décide contre toute attente de passer à l'ennemi.

Son départ de Catalogne coîncide avec la fin de l'hégémonie barcelonaise, ce qui est tout sauf un hasard. Sous le maillot du Real, Laudrup gagne une nouvelle Liga en 1995, remportant ainsi cinq titres nationaux d'affilée avec deux clubs différents. Après un passage éclair au Japon, il signe pour un autre club qui correspond parfaitement à son profil et son idée du football: l'Ajax Amsterdam. Au terme de sa seule saison au club, qui est aussi la dernière de sa longue carrière et au cours de laquelle il marque dix pions en vingt matches d'Eredivisie, l'AJax est sacré champion. Evidemment, serait-on tenté de dire.




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1 commentaire:

  1. laudrup le joueur le plus sous-estimer de toute l'histoire du football,mon joueur preferer

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