
En
exagérant à peine, c'est un peu comme si Platini n'avait pas joué
l'Euro 84. Et encore, en France, il y a eu Kopa, Cantona, Zidane. Dans
le panthéon du football danois, il y a Laudrup et les autres: sa figure
écrase celle des Simonsen, Elkjaer Larsen et autres Tomasson, et seul
Schmeichel a laissé une trace comparable dans les mémoires. De retour en
sélection à l'été 1993, il fut logiquement nommé capitaine et arbora le
brassard à une trentaine de reprises. Logique, car rarement fut joueur
aussi emblématique d'un football national. Sélectionné pour la première
fois en 1982 le jour de son dix-huitième anniversaire, Laudrup a porté
plus de cent fois le maillot danois (104 sélections, 37 buts) et disputé
deux Coupes du Monde à douze ans d'écart, en 1986 et 1998, mettant un
terme à sa carrière internationale après un Mondial français très réussi
où le Danemark ne fut pas loin de sortir le Brésil en quart après avoir
atomisé le Nigeria.

Révélé
très jeune, promu star à même pas vingt ans, il eut d'abord du mal à
assumer son statut et faillit se perdre à force de vouloir être décisif.
Dans la deuxième moitié de sa carrière, il prit sa pleine mesure dans
un rôle de chef d'orchestre en Catalogne dans un système taillé sur
mesure pour lui où le ballon devait circuler plus vite que les joueurs.
Comme tous les grands stratèges (un mot dont il constitue l'incarnation
footballistique), Laudrup avait besoin qu'on lui confie les clés de la
boutique pour exprimer son talent, ce que Cruyff eut le mérite de
comprendre avant tout le monde.
Après
deux saisons à Brondby, où son talent éclate de manière très précoce,
Laudrup quitte le pays pour la Juventus, championne d'Italie en titre, à
dix-neuf ans seulement. Le nombre d'étrangers étant alors limité à deux
sur le terrain, la Vecchia Signora, qui compte dans ses rangs Platini
et Boniek, prête le Danois à la Lazio. Pour le club, Laudrup est un
projet, le futur grand joueur censé succéder à Platini. Il signe une
première année remarquable en Serie A, marquant un doublé dès son
premier match contre Vérone et huit buts au total, permettant à son
équipe de se maintenir dans l'élite. Mais la saison suivante s'avère
désastreuse: la Lazio est cette fois reléguée et les performances
personnelles de Laudrup déçoivent.
Avec
le Barça, la réussite du Danois est telle qu'il symbolise plus que tout
autre joueur le jeu fluide et enchanteur mis en place par Cruyff au
début des années 90. Devant Koeman et derrière Stoïchkov, les deux
autres étrangers du club, Laudrup distille, distribue, accélère, régale,
élimine, crochète, oriente. Avec ce formidable coordinateur aux
commandes, qui plante accessoirement sa dizaine de buts par saison,
Barcelone empile quatre titres de champion consécutifs entre 1991 et
1994 et remporte en 1992 sa première Coupe des Clubs Champions. Poussé
sur le banc par l'arrivée de Romario, Laudrup, qui vit très mal le fait
de ne pas être retenu pour la finale européenne contre le Milan en 1994,
décide contre toute attente de passer à l'ennemi.
Son
départ de Catalogne coîncide avec la fin de l'hégémonie barcelonaise,
ce qui est tout sauf un hasard. Sous le maillot du Real, Laudrup gagne
une nouvelle Liga en 1995, remportant ainsi cinq titres nationaux
d'affilée avec deux clubs différents. Après un passage éclair au Japon,
il signe pour un autre club qui correspond parfaitement à son profil et
son idée du football: l'Ajax Amsterdam. Au terme de sa seule saison au
club, qui est aussi la dernière de sa longue carrière et au cours de
laquelle il marque dix pions en vingt matches d'Eredivisie, l'AJax est
sacré champion. Evidemment, serait-on tenté de dire.

laudrup le joueur le plus sous-estimer de toute l'histoire du football,mon joueur preferer
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