Loin de nous l'idée de remettre en cause le mérite du Stade Brestois, auteur d'une saison historique et d'un formidable parcours sous les ordres d'Eric Roy, venu en premier lieu pour éviter la relégation au club et qui se retrouve aujourd'hui sous le feu des projecteurs. Mais qu'une équipe dotée d'un budget aussi limité et si peu équipée en joueurs confirmés (mis à part peut-être Pierre Lees-Melou, qui a fait l'objet d'une approche rennaise pendant le mercato hivernal) occupe la deuxième place du classement après 23 journées ne manque pas d'interpeller sur le niveau global de notre chère vieille Ligue 1, surtout lorsqu'on considère les piètres résultats des clubs français sur la scène européenne. D'aucuns, dont nous ne citerons pas les noms par respect de l'anonymat, se réjouissent d'avance d'assister à un fameux Brest-Manchester City la saison prochaine à Francis Le Blé. L'affiche ne manquerait guère d'exotisme mais ferait une fois de plus passer notre championnat hexagonal pour le cancre continental et ferait de la France la risée de ses voisins.
L'OM, troisième du dernier exercice, n'a même pas été capable de franchir l'obstacle Panathinaïkos en tour préliminaire de Champions League. Lens, brillant dauphin du PSG, a certes réussi l'exploit de se payer les Gunners à Bollaert, mais en a pris six dans la musette à l'Emirates avant de se faire piteusement sortir par la terreur Fribourg, modeste neuvième de Bundesliga. Les Lensois ont certes perdu leurs deux atouts majeurs, Seko Fofana (le fameux challenge sportif) et Lois Openda, mais il s'agit tout de même d'une contre-performance face à une formation allemande largement à leur portée. Au moins les joueurs de Frank Haise ont-ils eu le mérite de tenir la dragée haute au PSG jusqu'au bout la saison dernière et de venir mourir à un petit point des stars parisiennes, ce qu'aucune équipe ne semble capable de faire cette année. Car soyons clairs, n'est-ce pas Vincent, le PSG, malgré ses failles et ses carences, n'a aucun rival à sa mesure sur le plan hexagonal.
Naïvement, on a pu croire que le Stade Rennais, club officiel de la lose, pouvait éventuellement venir titiller le champion parisien, grâce à un recrutement XXL (Matic, Blas et Le Fée notamment) et malgré la longue absence lors des premières semaines de son buteur en chef Martin Terrier. Mais comment se montrer ambitieux lorsqu'on cède son joyau Doku pendant l'été? Comment viser haut avec un secteur défensif aussi faiblard, inexpérimenté et gravement sinistré depuis le départ d'Aguerd à West Ham? Comment jouer le podium avec des attaquants aussi peu fiables que Gouiri et Kalimuendo, capables de coups d'éclat mais indéniablement et avant tout intermittents du spectacle? Malgré une jolie remontée depuis la démission de Génésio, les Rennais ne doivent qu'à la médiocrité de notre championnat (huit équipes en dix points entre la deuxième et la neuvième place, fut une époque où on appelait ça le ventre mou) de pouvoir toujours viser les places européennes et ne finiront même pas champions de Bretagne. Matic s'est fait la malle à Lyon, les recrues Blas et Le Fée, très attendues, n'ont strictement rien apporté et Rennes donne le sentiment d'un club qui ne progresse pas et s'en remet à ses anciens tauliers comme Mandanda, Bourigeaud ou Terrier pour avancer péniblement. On pouvait légitimement penser que Rennes était sur le point de changer de dimension mais il n'en est rien, comme est venu le confirmer le match à San Siro où les hommes de Stéphan se sont faits éparpiller façon puzzle par Leao et consorts.
Le début de saison a pu laisser croire que les Monégasques seraient les principaux concurrents du PSG: un nouveau gardien tout neuf, un milieu bien fourni avec Fofana, Camara et Zakaria, un Golovine au sommet de sa forme, un Minamino ressuscité et un très prometteur tandem Ben Yedder-Balogun sur le papier, tout semblait réuni pour que l'ASM performe en Ligue 1, d'autant qu'elle ne dispute aucune compétition européenne. Parfois brillant, parfois totalement à côté de la plaque, Monaco a alterné le meilleur et le pire, s'imposant à Nice et à Lens mais trouvant le moyen de perdre des points contre Toulouse, Le Havre et Lyon. Comme l'a fait remarquer récemment l'excellent site So Foot, les Monégasques s'avèrent forts avec les forts et faibles avec les faibles. Ils se montrent capables de hausser leur niveau de performance lorsqu'ils estiment l'adversaire mais peuvent connaître d'énormes trous d'air face à une opposition moins huppée, prouvant par là même que tout pour eux reste une afafire de motivation et de concentration, ce qui peut avoir le don d'agacer leurs rares supporters. Malgré ses carences flagrantes et pourvu qu'elle ne se fasse pas piller dans les grandes largeurs cet été, l'ASM reste le candidat le plus crédible à envoyer en Champions League de par la qualité intrinsèque de son effectif et son histoire personnelle dans la compétition reine.
Nice a occupé le fauteuil de leader pendant quelques trop longues journées mais a rapidement affiché ses nombreuses limites, notamment sur le plan offensif où Moffi, qui n'a pas le rendement escompté, n'a pour doublure que le très frustre Guessand, même pas titulaire à Nantes la saison dernière. Certes, l'OGCN sait très bien défendre, arc-bouté sur son inoxydable axe central Dante-Todibo, mais sans clean sheet et faute de pouvoir marquer plus d'un but, point de salut (seule exception qui confirme la règle: la victoire au Parc qui avait fait croire à un possible long règne niçois). Nous ne reviendrons pas sur les atermoiements marseillais, évoqués par ailleurs (trois entraîneurs à la chaîne, un recrutement au parfum africain totalement foiré, un noyau dur de fans qui semble décider de la direction à prendre), ni sur le plafond de verre rencontré par les Lillois, semble-t-il condamnés à jouer le top 5 non sans un certain sens de l'esthétique sans jamais toucher le podium du doigt. Bilan: un Lens rétrogradé, un Rennes en pleine stagnation, un Monaco inconstant, un Nice trop stérile, un OM à la rue et un LOSC finalement à sa place. Et pendant ce temps, c'est Brest qui se marre. Brest, ou l'anomalie.
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