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lundi 19 février 2024

L'OM ou le grand vide

Gennaro Gattuso, qui n'a jamais réussi à s'installer sur un banc sur la durée et a échoué partout où il est passé, n'est plus l'entraîneur de l'OM. Il paye un jeu incroyablement pauvre et indigent, une forme d'impuissance face à la situation (il a lui-même avoué publiquement ne pas savoir comment entraîner cette équipe) et une absence totale de résultats (aucune victoire en 2024 et une défaite de trop à Brest). Si Marseille ne se qualifie pas face au Chaktior (et c'est vraiment loin d'être fait, étant donné l'incapacité de l'équipe de gérer la pression, comme on a pu le voir face au Panathinaïkos), le club n'aura strictement plus rien à jouer, puisqu'il sera sorti de toutes les coupes et totalement largué dans la course à l'Europe. Les supporters, qui semblent avoir plus de pouvoir que les dirigeants et, rappelons-le, avaient sifflé Tudor lors du premier match de championnat la saison dernière, ont eu la peau d'un Marcelino pourtant invaincu, et la réalité du terrain a eu raison de Gattuso, un coach dont les limites techniques et tactiques, le parcours on ne peut plus chaotique et le manque chronique de résultats aussi bien à Palerme et Naples qu'à Valence en faisaient la victime expiatoire idéale. La seule grinta ne suffit pas, il faut aussi défendre un véritable projet de jeu et des idées, comme avait pu le faire Tudor, qui avait fait de l'OM l'une des toutes meilleures équipes du championnat et une formation implacable à l'extérieur, alors qu'aujourd'hui Marseille est quasiment incapable de se déplacer sans perdre. On souhaite bien du courage à Jean-Louis Gasset, qui a réussi l'exploit de perdre sa place de sélectionneur de la Côte d'Ivoire pendant la CAN.


Il faut d'abord souligner l'incompétence totale du club en matière de recrutement. Comment peut-on penser une demi-seconde que l'on peut jouer le podium avec deux joueurs issus de Championship, un attaquant de 34 piges en bout de course et un milieu fait de bric et de broc? Ismaïla Sarr et Iliman Ndiaye symbolisent à eux seuls la médiocrité du mercato olympien, sans parler du cas Vitinha, joueur courageux et volontaire mais manifestement extrêmement limité dont on se demande encore comment il a pu coûter plus de trente millions. Sarr, qui il ne faut pas l'oublier évoluait la saison dernière à Watford, ne fait aucune différence sur son flanc droit et traverse les matches dans l'anonymat le plus complet. De même, Ndiaye, transfuge de Sheffield arrivé au club pour pas moins de 17 briques, ne met littéralement pas un pied devant l'autre, se perd constamment dans ses dribbles et ne finit jamais aucune action proprement. A eux deux, les compères sénégalais ne totalisent que quatre buts, ce qui convenons-en fait plutôt cher du pion. Quant à Aubameyang, aussi efficace en Coupe d'Europe qu'effacé en Ligue 1, il n'a pas réussi à endosser le costume trop grand laissé par Alexis Sanchez, un véritable joueur de classe mondiale qui tirait l'ensemble vers le haut par son professionnalisme, sa rage de vaincre, son excellence et son leadership naturel. Et que fait-on pour remplacer Vitinha? On va chercher Moumbagna, un énième trouvaille qui préfère s'écrouler pour jouer le penalty que de marquer dans le but vide.


Le chantier du milieu de terrain, où un Valentin Rongier a grandement manqué ces dernières semaines, paraît lui aussi énorme. Question à cent mille balles: pourquoi avoir laissé partir Guendouzi à la Lazio pour une bouchée de pain, un élément international qui a toujours fait le boulot et qui possédait un profil box to box unique dans l'effectif? Si Longoria, qui se targue de faire du trading et de la valorisation de joueurs, ne sait pas acheter, il ne sait pas non plus vendre. Ounahi, joueur techniquement doué, reste une énigme de taille, n'ayant ni le profil d'un joueur excentré dans un 4-3-3 ni l'étoffe d'un véritable meneur de jeu, ce à quoi ressemble davantage Harit, une des rares satisfactions marseillaises de la saison. Kondogbia, pour un joueur de son pedigree qui fut dans ses grandes heures l'élément le mieux payé de tout l'effectif de l'Inter, n'apporte pas suffisamment et devrait davantage jouer les aboyeurs et se comporter comme un patron, fort de ses treize années d'expérience au plus haut niveau et de ses cinq sélections en bleu. Jean Onana, international camerounais et ancien de Bordeaux et de Lens, est arrivé en prêt en provenance du Besiktas pour renforcer l'entrejeu mais ses premières prestations sous le maillot ciel et bleu n'ont guère été convaincantes.


Victime aujourd'hui d'une forme de déclassement, le club, qu n'a remporté que sept petits matches en 22 journées, pointe aujourd'hui à huit points du podium et  à vingt-trois unités du PSG, rival honni dont la réussite hexagonale et la surface financière n'en finissent pas d'attiser la convoitise et la jalousie dans la cité phocéenne. Que répondent les supporters marseillais lorsqu'on évoque le gouffre abyssal qui sépare désormais leur club de celui de la capitale? Qu'ils sont à jamais les premiers à avoir remporté une Coupe d'Europe, brandissant fièrement l'image de Deschamps soulevant le trophée dans la nuit munichoise. Il faut arrêter de vivre dans le passé et la nostalgie facile. Longoria dit vouloir faire de l'OM un des vingt plus grands clubs du continent, ce qui semble totalement utopique à l"heure actuelle. Comme les autres clubs français, logés à la même enseigne à l'exception du PSG, l'OM se ridiculise régulièrement sur la scène européenne (souvenons-nous de l'improbable série de treize défaites en Champions League), n'a plus remporté le championnat depuis 2010 et la Coupe de France depuis 1991. Jonathan Clauss, placé sur la liste des transferts lors du mercato hivernal pour cause de soi-disant problèmes comportementaux, est l'unique joueur de l'effectif à pouvoir prétendre jouer le prochain Euro avec l'équipe de France. Le principe de réalité fait parfois mal, mais force est de constater que l'OM est devenue ou redevenue une équipe médiocre et banale.

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