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lundi 14 septembre 2015

Daley Blind, fils de son père

Malgré les bons résultats (dix points pris sur quinze possibles en championnat et une qualification pour les poules de Champions League), le jeu et la stratégie de United suscitent beaucoup d'interrogations outre-Manche. Van Gaal a fait dépenser plus de 300 millions d'euros au club depuis son arrivée (soit davantage que le budget annuel de Monaco) mais le rendement offensif de l'équipe demeure très pauvre. Le club dispose d'une pléthore de milieux de terrain de calibre international (Herrera, Fellaini, Carrick, Schweini, Schneiderlin) mais ne peut compter que sur deux véritables attaquants avec Rooney et Martial, dont l'achat pour un prix délirant a été qualifiée de "panic buy" par la presse britannique.

Personne ne comprend réellement le projet à long terme et l'on peut sérieusement se demander s'il y a un pilote dans l'avion. Dans ce flou pas très artistique, le seul véritable motif de satisfaction réside dans la solidité du secteur défensif, désormais commandé par l'excellent Daley Blind, fils de Danny, ancien libero de l'Ajax et des Pays-Bas et actuel sélectionneur d'une équipe nationale en perdition dans les éliminatoires de l'Euro.


Daley Blind, dont le paternel fut champion d'Europe sous les ordres d'un certain Van Gaal en 1995, est la grande trouvaille tactique du pélican en ce début de saison. Milieu de terrain de formation, celui qui débuta sous le maillot de l'Ajax à 18 ans fait parler sa qualité de relance et sert de première rampe de lancement. Grosso modo, tous les ballons passent par ses pieds puis par ceux de Carrick, la gare de triage du jeu mancunien, sauf si Blind décide de sauter le milieu et de trouver directement Depay ou Mata, car le gamin est loin d'être maladroit dans le jeu long. Comme Frank de Boer, à qui son profil fait forcément songer, Blind compense son relatif manque de puissance et de taille par un sens de l'anticipation et une lecture du jeu remarquables.

A vingt-cinq piges et après seulement une poignée de matches dans son nouveau rôle, il joue déjà comme un daron, avec beaucoup d'assurance et de sérénité. A l'heure où les vrais liberos à l'ancienne tendent à disparaître au profit des athlètes physico-physiques (petit message à l'attention des têtes pensantes du LFC: Blind a coûté moins que Lovren), cela fait plaisir de voir que ce genre de joueurs, intelligents, élégants et sûrs techniquement peut encore briller dans le football dit moderne.


Avec Chris Smalling, plutôt convaincant depuis le début de saison et qui a pris une nette avance sur la concurrence, Blind forme un tandem classiquement complémentaire : le premier s'engage dans les duels et le combat physique, ramasse les ballons de la tête et fait le sale boulot tandis que le second cherche avant tout à couper les lignes de passes et à assurer des transmissions propres vers l'entrejeu. Si Van Gaal semble toujours à la recherche de la meilleure formule en ce qui concerne l'animation offensive, il a toujours fait confiance au quatuor Darmian-Smalling-Blind-Shaw, dont il n'a jusqu'ici aucune raison de se plaindre et qui permet à son équipe d'engranger les points sans briller particulièrement.

La prolongation de contrat de De Gea, qui a mis un terme à un feuilleton rocambolesque, constitue une autre bonne nouvelle pour le technicien hollandais. Excellent ces deux dernières années, le portier espagnol fait partie de la crème mondiale à son poste et devrait encore rapporter quelques précieux points aux siens. Van Gaal est sans doute conscient que son équipe peut beaucoup mieux faire, mais il sait aussi que quoi qu'il arrive, son United se montrera toujours costaud et difficile à bouger. C'est déjà plus que ne peut se dire Brendan Rodgers en se rasant le matin.


Contre Liverpool, justement, Blind a réussi un match de baron, ouvrant le score d'une frappe parfaite sur une combinaison, se jetant sur la ligne sur quelques situations chaudes et rassurant tout son monde par son calme et son sang-froid. Après une première saison très satisfaisante au milieu (25 titularisations en championnat), il s'est imposé tranquillement comme une des pièces maîtresses de l'effectif, d'autant qu'à l'instar de son compatriote Memphis Depay, sa marge de progression reste considérable. Avant le match contre les Reds, d'anciens joueurs comme Redknapp et Ferdinand voyaient en Blind le point faible de l'équipe et pensaient qu'il aurait du mal à contrecarrer la puissance de Benteke : bien vu les gars, n'hésitez pas à nous éclairer à nouveau de vos lumières. L'attaquant belge a certes marqué un but magnifique, mais il a trouvé à qui parler sur les rares ballons qu'il a eu à négocier. Il semble qu'à l'instar de Philippe Saint-André, certains préfèreront toujours le muscle à la matière grise.








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