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jeudi 18 novembre 2010

Ballon d'Or revisited

Le Ballon d'Or est la récompense individuelle la plus prestigieuse et la plus convoitée, mais le choix de certains lauréats laisse parfois perplexe. Entre les très bons joueurs surcotés qui ne méritent pas de côtoyer les Beckenbauer, Di Stefano et autres Platini, les vrais cadors élus la mauvaise année, les incongruités notoires et les oubliés systématiques, on en vient à se demander si les types qui votent méritent le nom de spécialistes et sont réellement payés à regarder des matches. Pour tenter de rétablir la vérité, La Pause Cigare propose un examen approfondi du palmarès depuis 1995 et l'attribution du trophée à George Weah et décerne son Baron d'Or au plus méritant pour chaque saison, arguments à l'appui. Retour en arrière sur quinze années de choix discutables.





     1995 - Ballon d'Or: George Weah / Baron d'Or: Paolo Maldini
1995, l'année du désert. L'Ajax de Van Gaal enchante l'Europe, mais ses joueurs sont quasiment tous des talents à peine éclos, à l'exception notable de Litmanen ou Rijkaard. Weah régale au compte-gouttes, marquant autant de buts en Champions League qu'en championnat de France, et il serait exagéré de dire que le Libérien a marqué l'histoire du Milan autant que des joueurs comme Van Basten ou Gullit. Les lauréats des saisons précédentes (Baggio, Stoïchkov) sont rentrés dans le rang, les futurs candidats réguliers (Raul, Ronaldo) tout juste sortis du bois et un serial buteur comme Batistuta (28 pions en Serie A) paie la 10ème place de la Fiorentina. Le choix se fait forcément par défaut, et en l'absence de cadors offensifs, se porte assez logiquement sur Maldini, qui dispute en 1995 sa cinquième finale de C1 à seulement 27 ans. C'est ce qu'on appelle une grosse carrière.


     1996 - Ballon d'Or: Mathias Sammer / Baron d'Or: Jari Litmanen
Disons-le tout net, Laurent Blanc, joueur au profil comparable, était un bien meilleur footballeur que Sammer et n'a jamais ne serait-ce qu'approché le Ballon d'Or. Capitaine d'une Mannschaft très éloignée du niveau de ses prestigieuses devancières, l'homme de l'est doit son titre au doublé de Bierhoff en finale de l'Euro. Une grosse erreur de casting. Encore une fois, quitte à récompenser pour le principe un défenseur de temps en temps, mieux valait filer le trophée à Maldini, dont la présence au palmarès aurait une autre gueule que celle du rouquin germanique. Les rares joueurs qui flambent lors de l'Euro (Poborsky, Shearer) n'ont pas vraiment le profil de l'emploi. Résultat des courses: le meilleur joueur de la saison 95-96 s'appelle peut-être Jari Litmanen, finaliste et meilleur buteur de la Champions League avec l'Ajax et troisième du vote l'année précédente. Evidemment, porter le maillot finlandais et jouer aux Pays-Bas n'aide pas à faire la une des journaux.


     1997 - Ballon d'Or: Ronaldo / Baron d'Or: Ronaldo
     Le choix du phénomène brésiien, prototype futuriste effrayant de puissance, de technique et de vélocité, ne souffre guère la contestation. En 1996-97, Ronaldo enfile les pions improbables avec Barcelone semaine après semaine et repousse les frontières de l'humainement possible. Ses statistiques sur la saison sont tout bonnement effarantes: 34 buts en Liga, 8 en Coupe du Roi, 5 en Coupe des Coupes et 15 en 18 matches avec la Seleçao. Quand l'évidence est aussi frappante, nul besoin, sans jeu de mots, de couper les cheveux en quatre. Intouchable.


     1998 - Ballon d'Or: Zinedine Zidane / Baron d'Or: Dennis Bergkamp
Pobergkampurquoi faut-il donc forcément que le Ballon d'Or soit un joueur sacré champion du monde les années de tournoi international? Deux buts en finale de Coupe du Monde ont suffi pour que Zidane écrase le vote en 1998 (244 points contre 68 pour son dauphin Suker). Ridicule, et confondant d'incompétence. Zizou, guère décisif avant le grand rendez-vous face au Brésil, ne signe pas un grand Mondial. Plus qu'aux arabesques de son meneur de jeu, c'est à sa puissance et à son imperméabilité que la France doit son sacre. La finale époustouflante de Zidane et son titre de champion avec la Juve ne sauraient suffir. Toujours placé mais jamais gagnant (3ème en 1992, 4ème en 1997), Bergkamp, élu joueur de l'année en Angleterre et auteur d'un tournoi mondial de toute beauté, mérite le trophée au moins autant que le Français ou ses prédécesseurs néerlandais.


     1999 - Ballon d'Or: Rivaldo / Baron d'Or: Rivaldo 
La saison 1998-99 est celle du fameux triplé de Manchester United, mais il est compliqué de faire ressortir une individualité du collectif mancunien. Un joueur comme Giggs, coupable de trop jouer pour les autres, aurait pourtant mérité autant de considération que Beckham (21ème du vote seulement). Chevchenko brille sur la scène européenne et Raul termine pichichi de la Liga. A posteriori, l'Espagnol a sans doute plus marqué l'histoire du jeu que le Brésilien et aurait mérité d'être récompensé au moins une fois, mais la saison de Rivaldo, auteur de 24 buts avec le Barça en championnat et co-meilleur buteur d'une Copa America remportée par le Brésil, est en tous points brillante. Le choix de la raison, tant personne ne se détache véritablement, et sans qu'on puisse nous accuser, Dieu nous garde, de pro-brésilianisme primaire.


     2000 - Ballon d'Or: Luis Figo / Baron d'Or: Zinedine Zidane
Le Portugais devance le Français de seize points, alors que, très honnêtement et sans chauvinisme aucun, il n'y a pas photo entre les deux hommes. Si Zidane est Ballon d'Or en 1998, il faut lui en donner deux en 2000. Lors de l'Euro, Zidane écoeure la concurrence, multiplie les gestes de grande classe et, accessoirement, mène les Bleus vers l'incroyable doublé. En demie-finale, face au Portugal précisément, le meneur de jeu offre un véritable récital et signe un des meilleurs matches de sa carrière, laissant une indélibile impression visuelle. A 28 piges, Zidane est au sommet de son art et bel et bien le meilleur joueur du monde, mais il paie très cher son coup de tête sur un joueur d'Hambourg en octobre 2000. Pour ne pas se voir accusés de cautionner la violence, les votants font le choix du politiquement correct et reportent leurs voix sur Figo, sans comprendre la différence entre Ballon d'Or et prix Nobel de la paix. Dommage.


     2001 - Ballon d'Or: Michael Owen / Baron d'Or: Raul
Owen sort d'une année où il a tout gagné avec Liverpool, et ce quintuplé pèse lourd dans la balance, ainsi que ses trois buts lors de la victoire de l'Angleterre à Munich. Pas aberrant, même si parmi les titres glanés par les Reds ne figurent ni le championnat ni la grande Coupe d'Europe, le choix d'Owen est pourtant discutable même sans connaître la suite de l'histoire . A 24 ans, soit seulement deux ans de plus qu'Owen, Raul est déjà un vieux routier de la C1 et a claqué près de 200 buts avec le Real. En 2001, il finit meilleur buteur de la Liga gagnée par le Real avec 24 pions et plante huit fois en Champions League, atteignant les demies-finales, pour signer une saison aussi remarquable sur le plan statistique que les deux précédentes (66 buts en Liga et 24 en C1 sur trois ans). Aussi précoce qu'Owen, Raul est tout simplement plus performant. Quant à Oliver Kahn, on ne voit pas pourquoi la récompense lui reviendrait plus qu'à Maier, Zoff ou Buffon.


     2002 - Ballon d'Or: Ronaldo / Baron d'Or: Roberto Carlos
Huit buts en Coupe du Monde pour offrir le titre au Brésil, et  nouveau trophée individuel pour Ronaldo. En prime, le Brésilien revient d'une série de graves blessures, histoire de renaissance parfaite au pays merveilleux du Ballon d'Or. Le jury nous refait le coup de Paolo Rossi vingt ans plus tôt et récompense un joueur qui n'a joué qu'une douzaine de matches sur la saison. Une fois de plus, la Coupe du Monde écrase tout. Car si le meilleur joueur de la planète cette année-là est bien brésilien et joue effectivement au Real Madrid, il s'appelle Roberto Carlos, et non Ronaldo. Le latéral, titulaire dans plus de 60 matches au total, multiplie les performances de premier plan et joue un grand rôle dans la victoire du Real en C1 et de la Seleçao au Mondial. Véritable phénomène des pelouses, Roberto Carlos était un joueur spectaculaire, très offensif, incroyablement endurant et doté d'une légendaire frappe de balle. Mais pour gagner le Ballon d'Or, il faut être brésilien et attaquant ou allemand et défenseur.


     2003 - Ballon d'Or: Pavel Nedved / Baron d'Or: Pavel Nedved
Pas grand-chose à dire sur le choix du Tchèque tout sauf en bois. Pour une fois que le Ballon d'Or récompense un milieu de terrain polyvalent, à la fois brillant et travailleur, plutôt qu'un véritable meneur de jeu ou un serial buteur, on ne va tout de même pas faire la fine bouche. Auteur d'une saison pleine et couronnée d'un troisième titre de champion d'Italie avec la Juve, Nedved met tout le monde d'accord et concentre les suffrages. Son absence lors de la finale de la Champions League face au Milan a peut-être privé la Vieille Dame du sacre européen. Le meilleur joueur de la meilleure équipe nationale du moment, qui aurait largement mérité de rafler l'Euro 2004.


     2004 - Ballon d'Or: Andreï Chevtchenko / Baron d'Or: Thierry Henry
Apparemment, le fait de jouer au Milan AC donne toujours cinquante points d'avance sur la concurrence au départ du vote. Si l'élection de l'Ukrainien, incontestablement un des meilleurs attaquants de la décennie 1995-2005, ne tient pas du scandale manifeste, elle n'est pas non plus de celles devant lesquelles on s'incline sans broncher. En 2003-2004, Chevtchenko termine meilleur buteur de Serie A avec 24 réalisations et gagne le titre avec Milan. Classe. Mais Henry, également champion avec un invincible Arsenal, passe la barre des 30 pions en Premier League et n' a rien à envier à Cheva question régularité et constance sur les saisons précédentes. Les buts valent-ils moins cher en Angleterre? L'Ukrainien ne dépareille pas aux côtés de Blokhine et Belanov, mais l'idée qu'Henry puisse succéder à Kopa, Platoche, Papin et Zidane ne paraît pas totalement farfelue.


     2005 - Ballon d'Or: Ronaldinho / Baron d'Or: Ronaldinho
La tentation est forte de donner le trophée à Steven Gerrard, héros d'une finale européenne d'anthologie, joueur magnifiquement complet, passeur-buteur-tacleur, prototype du joueur d'équipe, à la fois décisif et capable de faire briller les autres. Mais il faut avouer que, malgré son côté otarie ô combien agaçant et sa tendance certaine à la frime gratuite, le Ronaldinho du milieu des années 2000 est un extra-terrestre qui mérite une place parmi les grands génies techniques de l'histoire du jeu. Statistiquement, Ronnie n'explose pas les compteurs (9 buts en Liga), mais il est, aux côtés du plus sobre Deco, le joueur par qui le danger arrive, sur une feinte, un dribble, une accélération. Joueur de fulgurances, le Brésilien n'est pas à proprement parler le taulier de l'attaque barcelonaise, mais celui dont les coups d'éclat font gagner l'équipe. Difficilement délogeable.


     2006 - Ballon d'Or: Fabio Cannavaro / Baron d'Or: Samuel Eto'o
Cannet'oavaro est sans doute le Ballon d'Or le plus ridicule de l'histoire et celui qui a poussé jusqu'à l'absurde la primauté donnée à la Coupe du Monde. S'il fallait absolument le donner à un Italien, Buffon le méritait dix fois plus. En outre, le vrai cador de la compétition est  français et s'appelle Zinedine Zidane, magnifique contre le Brésil notamment. Mais, sans même considérer le paramètre coup de boule, le meilleur joueur du tournoi mondial, répétons-le, est rarement celui de la saison dans son ensemble. Samuel Eto'o s'impose assez naturellement comme MVP 2005-2006: 26 pions en Liga et six en C1 (dont un en finale) pour sa deuxième année sous le maillot du Barça, avec qui il gagne la Liga et la Champions League. Le  Camerounais pèse 70 buts avec son club entre 2004 et 2006. Evidemment, sa sélection n'est pas près de gagner autre chose que la CAN. Weah Ballon d'Or, et jamais Eto'o? Une aberration pure et simple.


     2007 - Ballon d'Or: Kaka / Baron d'Or: Kaka
Ronalkakado et Messi, lauréats les deux années suivantes, commencent à semer la panique sur tous les terrains d'Europe, Van Nistelrooy claque comme un malade en Champions League mais le Brésilien survole littéralement la reine des compétitions européennes, marquant à dix reprises en quinze matches et éliminant Manchester United presqu'à lui tout seul. En prime, Kaka, c'est l'anti-otarie: technique dépouillée, dribbles efficaces, sobriété, altruisme. Un vrai beau joueur à l'existence pourrie par les blessures. Francesco Totti, l'éternel oublié de ce genre de classements et qui signe à trente berges sonnées sa plus belle saison sur les plans individuel et statistique (26 buts en Serie A), aurait mérité une place sur le podium. C'est sans doute trop demander.


     2008 - Ballon d'Or: Cristiano Ronaldo / Baron d'Or: Cristiano Ronaldo
Une tête à claques, certes, mais aussi le prototype du parfait attaquant moderne. C'est bien simple, à part son ego, le Portugais n'a pas de point faible: il est ultra-rapide, puissant, solide, bon de la tête, techniquement extraordinaire et né pour marquer des buts. Beaucoup de buts. En 2007-2008, il en plante la bagatelle de 46 toutes compétitions confondues (31 en Premier League, 8 en C1) et s'offre le doublé championnat-Coupe d'Europe au nez et à la barbe de Chelsea. Qu'on l'adule ou qu'on le déteste, il mérite sa place au palmarès et ajoutera peut-être d'autres ballons dorés sur sa cheminée dans un futur proche.


     2009- Ballon d'Or: Lionel Messi / Baron d'Or: Lionel Messi
Comme celle de Barcelone, qui écrase l'Espagne et l'Europe du haut de son triplé Liga-Champions League-Coupe du Roi, la saison 2008-2009 de Lionel Messi est tout simplement stratosphérique. Le lutin argentin se paie même le luxe d'achever United d'un but de la tête en finale. Xavi et Iniesta, les deux cerveaux du milieu, n'ont sans doute pas la reconnaissance qu'ils méritent mais on voit mal comment la récompense pourrait échapper à l'un des deux cette année, sacre espagnol oblige. Messi va sans doute donner des maux de tête au jury, car ses statistiques 2009-2010 sont nettement supérieures à celles de l'exercice précédent (47 buts avec Barcelone tout de même). Parti comme il est parti et si les blessures l'épargnent un minimum, il risque de postuler un paquet de fois à la récompense individuelle suprême dans les années à venir.














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