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jeudi 29 février 2024

Brest, ou l'anomalie

Loin de nous l'idée de remettre en cause le mérite du Stade Brestois, auteur d'une saison historique et d'un formidable parcours sous les ordres d'Eric Roy, venu en premier lieu pour éviter la relégation au club et qui se retrouve aujourd'hui sous le feu des projecteurs. Mais qu'une équipe dotée d'un budget aussi limité et si peu équipée en joueurs confirmés (mis à part peut-être Pierre Lees-Melou, qui a fait l'objet d'une approche rennaise pendant le mercato hivernal) occupe la deuxième place du classement après 23 journées ne manque pas d'interpeller sur le niveau global de notre chère vieille Ligue 1, surtout lorsqu'on considère les piètres résultats des clubs français sur la scène européenne. D'aucuns, dont nous ne citerons pas les noms par respect de l'anonymat, se réjouissent d'avance d'assister à un fameux Brest-Manchester City la saison prochaine à Francis Le Blé. L'affiche ne manquerait guère d'exotisme mais ferait une fois de plus passer notre championnat hexagonal pour le cancre continental et ferait de la France la risée de ses voisins.

mardi 27 février 2024

Lautaro Martinez, la barre des cent

On en entend tout compte fait assez peu parler, parce que la domination du club sur le football italien s'est en quelque sorte banalisée (comme celle de la Juve lors des années 2010), mais l'Inter, déjà champion et finaliste de la Champions League en 2023, est en train de signer une saison remarquable. Après leur succès facile à Lecce, les hommes d'Inzaghi comptent neuf points d'avance sur la Juventus (avec un match de moins) et sont en passe de se qualifier pour les quarts de Champions League après leur victoire à l'aller face à l'Atletico. Outre le départ d'Edin Dzeko, le retour de prêt d'Alexis Sanchez (souvent réduit à jouer les utilités, quel dommage pour un tel talent) et les arrivées des internationaux français Benjamin Pavard et Marcus Thuram, l'effectif est demeuré relativement stable autour d'un solide noyau italien (le vétéran Acerbi, Darmian, Bastoni, Dimarco, Frattesi, sans oublier Barella, qu'on dit sur les tablettes du PSG mais qui ne l'est pas au juste?). Le club peut toujours compter sur De Vrij, Dumfries (souvent relégué sur le banc de touche), l'excellent Calhanoglu et les vétérans Cuadrado et Mkhitaryan, mais un homme casse littéralement la baraque depuis quelques mois et contribue à mener l'Inter vers les sommets domestiques et continentaux: l'avant-centre argentin Lautaro Martinez, d'une efficacité redoutable en Serie A avec 22 unités au compteur en 23 matches disputés et qui vient tout juste de franchir la barre symbolique des cent buts en championnat d'Italie.

samedi 24 février 2024

Le Bayer va-t-il le faire?

Harry Kane est-il maudit? Auteur d'une saison exemplaire avec le Bayern, l'avant-centre anglais pensait sans doute pouvoir ajouter quelques lignes à son palmarès en signant avec le club bavarois après des années de disette avec Tottenham. Mais alors que le Bayern restait sur onze sacres consécutifs en Bundesliga et pensait bien enchaîner un douzième titre, voilà que les joueurs de Tuchel se voient plus que concurrencés par le Bayer Leverkusen, sur le point de signer une saison historique et de rafler la mise en championnat. Après un bon nul en Bavière à l'aller et une véritable démonstration au retour (un 3-0 net et sans bavure), les hommes de Xabi Alonso comptent provisoirement onze points d'avance en tête du classement suite à leur victoire à domicile face à Mayence et font plus que jamais figure de favoris pour le Meisterschale. Comptant assurément parmi les toutes meilleures formations du continent (tout à fait capable d'aller au bout en Ligue Europa), Leverkusen demeure invaincu lors du présent exercice et a accumulé le total surréaliste et record de 33 matches sans défaite toutes compétitions confondues (29 victoires et quatre nuls), battant au passage la marque du Bayern d'Hansi Flick lors de la saison 2019-2020. Alors que les projecteurs médiatiques restent braqués sur le transfert de Mbappé ou la course au titre en Angleterre, on n'entend pas suffisamment parler de cette extraordinaire équipe qui n'en finit pas de repousser les limites du possible.

lundi 19 février 2024

L'OM ou le grand vide

Gennaro Gattuso, qui n'a jamais réussi à s'installer sur un banc sur la durée et a échoué partout où il est passé, n'est plus l'entraîneur de l'OM. Il paye un jeu incroyablement pauvre et indigent, une forme d'impuissance face à la situation (il a lui-même avoué publiquement ne pas savoir comment entraîner cette équipe) et une absence totale de résultats (aucune victoire en 2024 et une défaite de trop à Brest). Si Marseille ne se qualifie pas face au Chaktior (et c'est vraiment loin d'être fait, étant donné l'incapacité de l'équipe de gérer la pression, comme on a pu le voir face au Panathinaïkos), le club n'aura strictement plus rien à jouer, puisqu'il sera sorti de toutes les coupes et totalement largué dans la course à l'Europe. Les supporters, qui semblent avoir plus de pouvoir que les dirigeants et, rappelons-le, avaient sifflé Tudor lors du premier match de championnat la saison dernière, ont eu la peau d'un Marcelino pourtant invaincu, et la réalité du terrain a eu raison de Gattuso, un coach dont les limites techniques et tactiques, le parcours on ne peut plus chaotique et le manque chronique de résultats aussi bien à Palerme et Naples qu'à Valence en faisaient la victime expiatoire idéale. La seule grinta ne suffit pas, il faut aussi défendre un véritable projet de jeu et des idées, comme avait pu le faire Tudor, qui avait fait de l'OM l'une des toutes meilleures équipes du championnat et une formation implacable à l'extérieur, alors qu'aujourd'hui Marseille est quasiment incapable de se déplacer sans perdre. On souhaite bien du courage à Jean-Louis Gasset, qui a réussi l'exploit de perdre sa place de sélectionneur de la Côte d'Ivoire pendant la CAN.

dimanche 18 février 2024

La Premier League, un monstre à trois têtes

Rarement la course au titre en Angleterre n'aura semblé aussi indécise que cette saison. Au début des années 2020, Liverpool et City se tiraient la bourre, laissant Arsenal et United à bonne distance. Mais les choses ont bien changé. Si l'on peut noter une différence notable entre la Premier League et les autres grands championnats européens, c'est que l'on laisse le temps aux managers de travailler sur la durée, malgré parfois l'absence de résultats probants, à l'exception de United, où les entraîneurs se sont succédé depuis le départ de l'irremplaçable Ferguson. Ainsi, Guardiola est arrivé sur le banc de City en 2016 (et on lui a laissé sept ans pour remporter une Champions League tant convoitée par le club), Klopp sur celui de Liverpool en 2015 et Arteta a pris les commandes d'Arsenal en 2019. Les dirigeants des Gunners ont eu l'intelligence de maintenir leur confiance à l'ancien joueur du PSG, malgré une décevante huitième place en 2020 et 2021 et une forme de déclassement du club après le faste des années Wenger qui avaient habitué les fans à une place dans le Big Four. Grâce au remarquable boulot d'Arteta, qui a su faire progresser un groupe jeune et talentueux et s'adjoindre les services de quelques éléments précieux (Zinchenko, Gabriel Jesus, Gabriel, Trossard, Rice), Arsenal s'est hissé au niveau de City et Liverpool et, après avoir tenu la dragée haute aux Skyblues tout au long de la saison dernière, s'accroche à nouveau à ses rêves de sacre. En 2024, la lutte pour le titre n'est pas un duel, mais bien une lutte à trois entre Liverpool, City et Arsenal.

jeudi 15 février 2024

Luis Enrique, envers et contre tout

Luis Enrique est clairement un personnage clivant dont l’attitude, notamment envers les journalistes, le comportement et les décisions controversées n’en finissent pas de secouer le cocotier du football hexagonal. Droit dans ses bottes, fidèle à ses principes (même s’il a dû en partie renoncer à certains, le football de possession qu’il souhaite mettre en place étant difficilement compatible avec les qualités naturelles de son effectif), exigeant à l’extrême (on l’a ainsi vu engueuler copieusement ses joueurs à Lyon alors que son équipe menait quatre à zéro), souvent à la limite de l’arrogance, le technicien espagnol semble totalement faire fi des nombreuses critiques à son égard et uniquement obsédé par le jeu produit par son équipe. Certains, comme Daniel Riolo, la voix majeure de l’After Foot sur RMC, qui le surnomme Géo Trouvetou et le compare à une sorte de savant fou, trouvent ses choix incompréhensibles et incohérents et l’accusent de toujours vouloir sortir un lapin de son chapeau pour avoir l’air plus malin que tout le monde (ainsi son choix de titulariser Beraldo en lieu et place de Lucas Hernandez face à la Real Sociedad, alors que le jeune Brésilien a clairement pris le bouillon à son poste de latéral gauche). D’autres considèrent qu’il ne s’agit pas du coach adéquat pour le PSG, un club qui devrait soigner sa communication, améliorer son image et chercher à arrondir les angles avec les médias. D’autres encore, dont nous faisons partie, l’admirent pour sa droiture, ses idées fortes, son intransigeance et sa faculté à absorber beaucoup de la pression qui pèse constamment sur une équipe qui ne joue jamais assez bien (quand le Real gagne avec un éventuel petit coup de pouce arbitral, on dit que c’est du classique, mais quand Paris s’impose, on entend toujours qu’il l’a fait sans convaincre ni rassurer, sempiternelle et usante rengaine des médias français).