
Parmi les équipes qui ont raté leur
saison, on pourrait penser à l'OL, mais les Lyonnais ont opéré un
spectaculaire redressement depuis leur mercato hivernal réussi et
l'arrivée sur le banc de Pierre Sage, et peuvent toujours espérer
une place européenne via le championnat ou un éventuel sacre en
Coupe contre le PSG. On pourrait citer l'OM, certes très décevant
en championnat mais qui a une réelle chance de rallier la finale de
la Ligue Europa (le résultat du match aller à Lisbonne laisse de
solides espoirs aux Marseillais qui devraient en cas de qualification
sortir l'Atalanta Bergame en demie, un obstacle loin d'être
insurmontable a priori). On pourrait également songer à Lens, qui
ne devrait pas finir parmi les quatre premiers mais possède des
circonstances atténuantes avec les départs à l'intersaison de
Fofana et Openda et la difficile adaptation de Wahi (ajoutons qu'en
termes de qualité globale d'effectif, l'équipe de Frank Haise nous
semble bien en-dessous des formations qui occuperont le podium en fin
de saison, à l'exception de Brest bien entendu). La vraie déception
de la saison se nomme le Stade Rennais, une équipe qu'on attendait
beaucoup plus haut au classement et que beaucoup voyaient se
qualifier pour la prochaine Champions League. Rennes n'occupe que la
dixième place du classement à cinq journées de la fin, à égalité
de points avec un OM faiblard, et fait à peine mieux que des clubs
qui se contenteront du maintien comme Toulouse ou Strasbourg. Après
un début d'exercice pas faramineux mais prometteur (ils étaient
encore invaincus après sept journées), les joueurs de Génésio
puis Stéphan se sont totalement effondrés. Alors qu'on les
attendait costauds dans le sprint final, ils viennent de concéder
trois revers consécutifs en Ligue 1, sans oublier l'élimination en
Coupe au Parc des Princes à l'occasion d'un match où les Rennais
ont fait preuve d'un affligeant manque d'ambition dans le jeu. Triste
bilan.

A l'heure des pronostics l'été
dernier, nombre d'observateurs plaçaient Rennes au moins parmi les
cinq premiers et certains faisaient même des rouge et noir le
principal concurrent du PSG. Forts d'un recrutement haut de gamme et
d'une place dans le top four lors des deux exercices précédents, les
dirigeants rennais peinaient à cacher leurs ambitions malgré un
discours prudent face aux médias. On pouvait légitimement penser
que les arrivées de Le Fée, international Espoirs et meilleur joueur
de Lorient la saison dernière, de Blas, l'homme qui a emmené par
deux fois le FC Nantes en finale de Coupe, et surtout de Matic, un
jouer de calibre international passé par Chelsea, Manchester United
et la Roma, allaient faire changer le club de dimension. N'oublions
pas non plus que les patrons du club n'avaient pas hésité à signer
un chèque de quinze millions pour faire venir Fabian Rieder, jeune
milieu de terrain suisse des Young Boys de Berne. Résultat des
courses ? Le Fée, souvent blessé, n'a marqué aucun but en
championnat et s'est montré trop peu décisif avec une seule passe
décisive au compteur. Ludovic Blas n'a pas connu la réussite espérée
avec quatre petits buts en Ligue 1 dont un sur penalty. Il est resté
près de trois mois sans marquer entre décembre et mars et ne reste
pour l'instant qu'un joueur intermittent, capable de coups d'éclat
mais trop peu consistant sur la durée. Nemanja Matic, quant à lui,
a fait ses valoches pour Lyon sans jamais avoir enfilé le costume
de patron du milieu, et Rieder n'a disputé qu'une quinzaine de
matches au total pour deux titularisations en Ligue 1. Les recrues
sont loin d'avoir eu le rendement escompté et Rennes n'a pu que s'en
remettre à ses tauliers habituels, à savoir Mandanda, Santamaria et
Bourigeaud.

Il est très étonnant que Rennes
possède la cinquième attaque de l'hexagone car l'équipe n'a pas de
buteur attitré. Le meilleur réalisateur du club se nomme Benjamin
Bourigeaud (le tireur de penalties en chef, 7 buts) devant Martin
Terrier (6 buts), Arnaud Kalimuendo (6 buts) et Amine Gouiri (5
buts). Or, et c'est là l'un des secrets les moins bien gardés du
football, on ne fait rien de grand sans un grand buteur. Comme par
hasard, presque toutes les équipes situées devant le Stade Rennais
au classement possèdent dans leur rangs un joueur qui a davantage
planté que le meilleur buteur breton : Mbappé au PSG
évidemment, David au LOSC, Lacazette à Lyon, Aubameyang à l'OM,
Ben Yedder à Monaco, Moffi à Nice, Del Castillo à Brest. Les deux
seules exceptions sont Lens (Wahi plafonne à sept pions) et Reims
(Teuma avec six réalisations). L'absence de buteur régulier est un
problème régulier pour Rennes depuis la grave blessure de Terrier,
puisque la saison dernière aucun joueur du club n'avait fini dans le
top 10 des meilleurs réalisateurs de Ligue 1 (Gouiri avait fini
onzième avec quinze buts). Les arrivées de Le Fée et Blas, grand
pourvoyeurs de ballons, auraient dû permettre que les attaquants
soient mieux alimentés, mais il n'en a rien été. Pour retrouver
les sommets, Rennes devra à nouveau compter sur un grand Terrier,
sans doute davantage opérationnel la saison prochaine, et arrêter
de laisse filer ses pépites (Doku à City, Guirassy à Stuttgart).
On ne va pas nous dire qu'avec la somme tirée de la vente de Doku (60 millions), il n'y avait pas moyen de se payer un buteur plus
fiable que Gouiri et Kalimuendo, qui restent des joueurs moyens. Les
dirigeants rennais ont commis une grave erreur s'ils ont pensé
pouvoir s'appuyer exclusivement sur ces deux éléments et un Terrier
à peine remis d'une rupture des ligaments croisés.

Quand votre supposé patron de défense
s'appelle Arthur Theate, joueur méritoire mais limité, et que les éléments composant votre arrière-garde multiplient les boulettes, il ne
faut pas s'étonner de concéder plus d'un pion par match en moyenne
(à titre de comparaison, Le Havre, quinzième du classement, n'a
encaissé qu'un but de plus que Rennes). Nous n'arrivons pas à
comprendre comment les patrons rennais ont pu croire une seconde en un
secteur défensif aussi pauvre et inexpérimenté (aucun des
défenseurs rennais n'avait plus de 23 ans au début de la saison).
Si Truffert reste un latéral potable et Assignon a fait le choix du
cœur en choisissant d'être prêté à Burnley, ni Omari ni Wooh
n'ont fait correctement le boulot dans l'axe (Rennes n'a jamais su
trouver de successeur digne de ce nom à Aguerd, international
marocain parti à West Ham). Avec 36 pions concédés, les rouge et
noir sot bien loin des standards affichés par Brest (27), Lille (25)
ou Nice (22). Monaco a encaissé deux buts de plus que Rennes mais en
a également planté douze de plus, et Mandanda n'affiche que six
clean sheets en près de trente matches de Ligue 1. Une attaque en
berne, une défense plus que douteuse, il n'y a finalement que le
milieu de terrain qui donne satisfaction avec les fidèles soldats
Bourigeaud et Santamaria, le transfuge Matusiwa et le petit prodige
Désiré Doué, que l'on annonce avec insistance à Leverkusen la
saison prochaine. Comme disaient les chanteurs pour l'Ethiopie,
c''est beaucoup et c'est bien peu, en tout cas trop peu pour espérer
une place sur le podium.
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