Les médias français, à de rares exceptions près, sont vraiment affligeants de nullité et de démagogie. Ils n'ont jamais le moindre mot de reproche envers Deschamps, passent leur temps à critiquer Luis Enrique qui est le meilleur entraîneur du PSG depuis longtemps et sont prêts à caresser le prolo dans le sens du poil dès que l'OM gagne trois matches de suite. Ainsi, que n'a-t-on pas entendu à propos du fameux "effet Gasset"? Après une série de quelques victoires, on a pu lire que le nouvel entraîneur marseillais, qui n'est jamais que le troisième de la saison, avait su "trouver les mots" pour redonner confiance au groupe, qu'il s'agissait d'un entraîneur qui avait "un gros vécu et une grosse expérience internationale", qui "savait parler aux jeunes joueurs" et s'avérait "un bon tacticien". L'ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire, qui sous ses ordres a été littéralement humiliée à domicile lors de la dernière CAN par la terrifiante Guinée équatoriale, a été décrit à son arrivée à l'OM fin février 2024 comme un homme reconnu pour son relationnel envers les joueurs, sa capacité à mobiliser les groupes placés sous sa responsabilité et sa culture du travail. Bref, n'ayons pas peur des mots, il s'agissait ni plus ni moins que l'un des meilleurs techniciens du monde. Les Ancelotti, Klopp et autres Guardiola n'avaient qu'à bien se tenir. On allait voir ce qu'on allait voir et ça allait méchamment faire du bruit dans Landerneau. Sous la houlette de l'homme à la casquette, l'OM allait enchaîner les succès, remonter spectaculairement au classement et accéder au podium. Marcelino était une pipe, Gattuso un incompétent notoire, et Longoria avait enfin mis la main sur le coach qui allait redonner de l'élan au club marseillais au cours d'une fameuse mission de cent jours qui allait secouer le microcosme de la Ligue 1.
Evidemment, après trois revers consécutifs face à Rennes, Paris et Lille, le constat a bien changé et le fameux "effet Gasset" est retombé comme un soufflé. L'OM n'occupe que la huitième place du classement, à dix points de la quatrième place occupée par le LOSC, et a probablement vu s'évanouir ses derniers rêves de Champions League. S'agit-il réellement d'une surprise? Que nenni. Lors de sa fameuse série de victoires qui avait enflammé la presse hexagonale, toujours prompte à vendre du papier, l'OM n'avait battu que le Chakhtior Donetsk, qui n'avait pas joué un match officiel depuis décembre pour les sinistres raisons géopolitiques que l'on sait, Montpellier, à la lutte pour éviter la relégation, Clermont, dernier du classement, et Nantes, totalement affligeant et actuellement quinzième de Ligue 1: une série véritablement historique. Et Villareal, me direz-vous? Il s'agit pourtant d'une bonne équipe? Certes, mais la formation espagnole a été totalement plombée au match aller par la prestation cataclysmique du dénommé Mosquera, auteur d'un but contre son camp et fautif sur le penalty transformé par Aubameyang. Lors du match retour, Villareal est passé tout près d'une remontada à la barcelonaise et il a fallu un but de Clauss dans le temps additionnel pour éviter la catastrophe. Ensuite, l'OM a rencontré trois bonnes équipes (même si Rennes, qui a perdu trois fois en une semaine, n'a rien d'un foudre de guerre) et s'est logiquement inclinée trois fois. Même réduit à dix après l'expulsion incompréhensible de Beraldo (comment Bastien a-t-il pu parler d'un geste qui annihilait une action de but?), Paris a surpris Marseille par deux fois en contre, et après la rencontre Gasset trouvait encore le moyen de remettre l'arbitrage en cause.
Parler d'"effet Gasset" était totalement ridicule et disproportionné, et il ne s'agit pas non plus de casser du sucre sur le dos de l'entraîneur marseillais, qui fait ce qu'il peut avec les moyens du bord. Comme Marcelino et Gattuso avant lui, Gasset dispose d'un groupe limité en qualité et en quantité duquel ne ressortent que quelques individualités comme Clauss, Mbemba, Harit ou Aubameyang. Le reste de l'effectif ne brille guère, à l'image d'un Gigot courageux mais maladroit, d'un Balerdi sur courant alternatif, d'un Veretout qui fait du Veretout, d'un Ounahi totalement fantomatique, d'un Ndiaye surcoté ou d'un Kondogbia décevant dans les grandes largeurs. Et que dire des cas Luis Henrique, Correa, Gueye, Garcia ou Moumbagna, complètement à la ramasse? L'effectif est indigne de l'OM et, avec 270 millions de budget, il y avait bien mieux à faire. Marseille a claqué 13 millions pour Sarr, auteur de trois malheureux pions et souvent blessé, 17 millions pour Ndiaye, désormais relégué sur le banc, 7 millions pour Kondogbia, qui n'a pas apporté le leadership espéré, et 3 millions sur Garcia, sans oublier les 32 millions dépensés pour le grantatakan Vitinha, prêté au Genoa. Le seul bon coup signé par Longoria se nomme Aubameyang, grande satisfaction olympienne de la saison, arrivé libre mais qui coûté un bras en termes de salaire avec près de 8 millions par an. Mais on ne construit pas un effectif autour d'un avant-centre de 34 ans, et le pauvre Gasset ne peut être tenu pour responsable de la nullité de ses dirigeants, qui ont laissé partir des Guendouzi, Under, Sanchez ou Kolasinac pour recruter des brêles.
Que peut bien espérer l'OM désormais? Une septième place potentiellement qualificative pour la Ligue Europa Conférence, qui serait un bien triste lot de consolation? Un sacre en Ligue Europa alors que restent en course dans la compétition des cadors comme Liverpool, le Bayer Leverkusen, le Milan AC ou la Roma? Il ne fait aucun doute que Marseille peut éliminer Benfica, qui n'a guère impressionné contre Toulouse et vient de perdre le derby de Lisbonne contre le Sporting. Il faudra simplement surveiller comme le lait sur le feu le meneur de jeu Rafa Silva, redoutable buteur et roi de la passe décisive, et bien entendu Angel Di Maria, toujours capable de faire basculer une rencontre grâce à son pied gauche à 36 ans et dont tous les supporters parisiens espèrent secrètement qu'il fera parler sa magie face à l'OM. Pour le reste, il ne s'agit que d'une équipe moyenne qui n'a sorti difficilement que Toulouse et les Glasgow Rangers et ne sera même pas championne du Portugal. Mais peut-être entendra-t-on à nouveau parler d'"effet Gasset" si l'OM sort Benfica, une formation composée de vieilles gloires argentines comme Di Maria et Otamendi qui confie sa pointe à des terreurs comme Arthur Cabral ou l'obscur Danois Casper Tengstedt...
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