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jeudi 20 octobre 2022

La Corogne-Milan AC 2004, corrida au Riazor

Le 7 avril 2004, le Deportivo La Corogne reçoit le Milan AC sur sa pelouse du Riazor en quart de finale retour de la Champions League. A l'aller, les partenaires de Valeron se sont lourdement inclinés à Milan sur le score de 4-1, avec des réalisations de Kaka (doublé), Chevchenko et Pirlo malgré l'ouverture du score de l'inévitable Walter Pandiani (vous savez, le type qui avait assassiné le PSG à lui tout seul en phase de poules en mars 2001 en claquant un triplé en deuxième période). On voit mal ce qui pourrait arriver aux hommes d'Ancelotti lors de ce match retour, forts d'une avance confortable, d'un effectif somptueux et pléthorique et d'une confiance en eux inébranlable (ils sont tout de même les tenants du titre, ayant battu la Juve privée de Nedved en 2003 au bout d'une des finales européennes les plus ennuyeuses de l'histoire). Le grand Milan se présente donc en Galice avec la sensation d'avoir fait la majeure partie du travail et de n'avoir qu'à assurer tranquillement le coup pour atteindre le dernier carré, et pourquoi pas, s'offrir un deuxième sacre continental consécutif. Ancelotti se présente serein sur son banc de touche, tout à fait convaincu que ses joueurs vont franchir l'obstacle.

Il faut dire que le onze milanais est particulièrement impressionnant, et on pourrait même dire effrayant. Certes, Dida n'est pas le meilleur gardien de la planète, mais quand vous alignez une défense Cafu-Nesta-Maldini-Pancaro, un trio de tueurs à gages au milieu avec l'aboyeur Gattuso, le magnifique Pirlo et le toujours exceptionnel et inoxydable Seedorf et une attaque composée de Kaka, Chevchenko et Tomasson (le Danois, remplaçant d'Inzaghi, a claqué sa dizaine de pions en Serie A), vous avez a priori de quoi voir venir, d'autant qu'Ancelotti dispose sur le banc d'Inzaghi, de Rui Costa (rien que ça), de Serginho et de Costacurta. Côté Depor on a droit a du classique: Molina occupe les cages, la défense centrale se compose de Naybet et Andrade, entourés de Manuel Pablo et Romero. Au sein du 4-2-3-1 concocté par Irureta, Gonzalez et Mauro Silva doivent assurer l'abattage devant la défense, Victor et Luque animer les côtés, le superbe Valeron (quel beau joueur nom de Dieu, sous-coté au possible) tenir la baguette et Pandiani se charger de la finition. Et le plan préparé par le technicien espagnol va fonctionner à merveille et faire totalement exploser la belle mécanique italienne.


Au bout d'à peine cinq minutes de jeu, Pandiani hérite d'un ballon aux seize mètres, parvient à se retourner à tromper Dida d'une frappe à ras-de-terre bien placée. A la 35ème minute, Valeron se retrouve à la réception d'un centre de Luque et place sa tête devant un Dida pas tout à fait clair sur l'affaire pour doubler la mise. Le Depor n'est plus qu'à un but d'une égalisation sur l'ensemble des deux matches et donc d'une qualification grâce au but marqué à San Siro. Dix minutes plus tard, Luque échappe à un Cafu pour une fois inattentif et s'en va battre Dida d'une frappe puissante et imparable sous la barre à bout portant. On se dit alors que les Milanais vont se reprendre lors du deuxième acte, mais les coéquipiers de Pirlo se heurtent à une équipe littéralement survoltée et incroyablement combative, à l'image d'un Andrade qui signe la plus belle prestation de sa carrière au sein de l'arrière-garde galicienne. Le Depor ne lâche rien, et porté par un public en fusion, ajoute un quatrième but par le vétéran Fran, véritable symbole du club, auteur d'un tir puissant dévié par Cafu à un vingt minutes du terme de la partie. Battus 4-0, les Milanais quittent le terrain la tête basse et laissent s'envoler leurs grandes ambitions européennes, battus par une équipe qui a sorti le match de sa vie le jour où il le fallait.
 

En demi-finale, les joueurs de La Corogne se feront sortir par le futur vainqueur de l’épreuve (deux défaites sur le score de 1-0), le FC Porto de Carvalho, Deco, Sergio Conceiçao et Carlos Alberto, entraîné par un certain José Mourinho, qui connaîtra des lendemains glorieux avec d’autres clubs. Le Depor a aujourd’hui plus ou moins disparu des radars, mais il s’agissait d’un des clubs majeurs du football espagnol des années 1990-2000, qui a été sacré champion en 2000 et a terminé sur le podium à neuf reprises entre 1992 et 2004. La saison qui suit celle de l’exploit face au Milan, qui marque la meilleure performance du club sur la scène européenne, sera celle de la dégringolade, avec une très décevante huitième place en Liga et une élimination dès la phase de poules de la Champions League. Quant au Milan, très régulier en Coupe d’Europe au milieu des années 2000, il connaîtra un nouveau cauchemar en 2005, face à Liverpool et en finale cette fois. A Istanbul, les Milanais mènent 3-0 à la mi-temps et pensent avoir mis la main sur le trophée. C’est sans compter sur le fighting spirit et la détermination de Gerrard et compagnie, qui parviennent à revenir au score et à finalement s’imposer aux tirs aux buts. Le Milan compte tout de même sept coupes aux grandes oreilles dans sa vitrine (1963, 1969, 1989, 1990, 1994, 2003 et 2007) et a connu dans son histoire plus de moments légendaires que de trous d’air notoires. Simplement, en ce 7 avril 2004 au Riazor, le Deportivo La Corogne était injouable.

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