Il s'agit d'une véritable résurrection pour un club qui tendait à désespérer ces fans ces dernières années. D'ailleurs, il faut dire au passage que le public des Gunners a bien changé. Club working-class par excellence à l'époque des grandes années d'Highbury, du boring Arsenal des poètes Keown, Dixon, Winterburn ou de l'alcoolo Tony Adams, Arsenal s'est embourgeoisé ces dernières années, faute à la hausse démentielle de l'immobilier dans les quartiers plus au sud de Londres, et le prix des places à l'Emirates Stadium est parmi les plus élevés du royaume. Mais peu importe. La révolution amorcée par Arsène Wenger, qui a laissé un héritage immense et contribué à continentaliser le club en faisant signer pléthore de joueurs étrangers (à commencer par Bergkamp, peut-être le plus grand d'entre eux avec Henry), même si Arteta se dit plutôt disciple de Guardiola, a laissé des traces, et le nom d'Arsenal évoque toujours un football léché, technique, inspiré, fait de combinaisons rapides et de relances propres, basé sur la vitesse et le décalage plutôt que sur la puissance et le pressing (oui je ponds des phrases interminables et je vous emmerde, si vous voulez de la concision et de l'incompétence, achetez donc L'Equipe).
Entre 2017 et 2022, le club a toujours fini entre la cinquième et la huitième place, systématiquement exclu du top four et privé pendant de longues saisons de Champions League, une compétition dont elle avait atteint la finale en 2006 avec les Henry, Pirès, Campbell et autres Fabregas. Pire, lors des deux dernières saisons, les Gunners ont encaissé treize défaites, soit perdu un tiers de leurs matches en Premier League. Ancien adjoint de Pep Guardiola à Manchster City, Mikel Arteta, l'ancien brillant milieu de terrain du PSG, a pris les commandes du club en décembre 2019 et commencé un travail de longue haleine qui porte désormais ses fruits. S'il a parfois été sur la sellette, on lui a laissé les clés du camion et il a su peu à peu assembler les pièces du puzzle pour bâtir une équipe sans complexes et compétitive, qui regarde maintenant droit dans les yeux les meilleures équipes d'Angleterre. Nous n'irons pas jusqu'à a affirmer qu'Arsenal sera sacré champion en fin de saison, City semblant bien trop armé et bien trop fort, mais une place dans le top four, voir dans le top three (Liverpool, largué à 14 points des Gunners, paraît totalement à la ramasse cette saison), est tout à fait envisageable. Et ce serait déjà un bel accomplissement et une énorme satisfaction. Sans compter qu'une victoire en Europa League n'est pas à exclure.Le socle des joueurs qui font la réussite actuelle d'Arsenal s'est bâti petit à petit et plutôt récemment: Martinelli et Tierney sont arrivés en 2019, Odegaard, Gabriel et Saliba (prêté à Nice puis à Marseille) en 2020, Ramsdale et Partey en 2021. Seul le Suisse Xhaka, 30 ans et 106 sélections, fait figure d'ancien, lui qui porte les couleurs du club depuis 2016, le remarquable Bukayo Saka ayant été formé au club. Les dirigeants ont également eu la fameuse idée de débaucher deux excellents joueurs de City, Zinchenko et Gabriel Jesus, qui apportent énormément à l'ensemble (le Brésilien a déjà planté cinq fois en onze rencontres et tient un vrai rôle d'avant-centre titulaire, contrairement à City où il était souvent cantonné au banc). Face à Liverpool, neuf des joueurs du onze concocté par Arteta étaient âges de 25 ans ou moins (Ramsdale, White, Saliba, Gabriel, Tomiyasu, Odegaard, Saka, Martinelli et Gabriel Jesus). Seul le duo Partey-Xhaka, véritable pierre angulaire de l'équipe, dépasse la trentaine. Cela laisse envisager de l'énorme marge de progression dont dispose cette équipe qui fait déjà des petits miracles dans le présent et n'a certainement pas fini de nous surprendre agréablement dans le futur. En cet automne 2022, l'avenir appartient à Arsenal.
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