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jeudi 6 octobre 2022

Nantes, monument en péril

Le FC Nantes est un véritable monument du football français, une institution du ballon rond hexagonal, un club à l'histoire et à la tradition marquantes. Le FC Nantes, c'est plusieurs décennies dans l'élite depuis l'accession en Division 1 en 1963, huit titres de champion de France, une série d'invincibilité de 32 rencontres en 1994-95 avec le trio Loko-Pedros-Ouedec, quatre Coupes de France, des entraîneurs charismatiques qui ont su façonner l'école du fameux "jeu à la nantaise" (Arribas, Suaudeau, Denoueix). C'est un club dont le centre de formation, tout juste égalé par celui de l'AJA, a fourni l'équipe de France en nombre d'internationaux (Maxime Bossis, Marcel Desailly, Didier Deschamps, Philippe Gondet, Christian Karembeu, Paul Le Guen, Claude Makélélé entre autres) et qui a vu passer beaucoup de joueurs étrangers de grand talent, de Japhet N'Doram, le sorcier tchadien, à Jorge Burruchaga, en passant par Viorel Moldovan, Vahid Halilhodzic, Ivan Klasnic, Samson Siasia, Mario Yepes, Noureddine Naybet ou Nestor Fabbri. Or le FC Nantes se trouve dans une situation très difficile en ce début de saison, et quelques chose nous dit que le fidèle public de la Beaujoire n'a pas fini de se ronger les ongles et de se faire des cheveux, ou l'inverse selon les préférences de chacun.

Après neuf journées, les Canaris pointent à la seizième place du classement avec sept petites unités et une seule victoire au compteur. D'une pauvreté offensive affligeante, ils n'ont marqué qu'à neuf reprises (seuls Nice, Strasbourg et Ajaccio font pire), et leur meilleur réalisateur se nomme Mostafa Mohamed, deux buts seulement, à égalité avec des gâchettes de calibre international comme Ismaily, Cozza, Badiashile ou Dallinga. L'escouade offensive, composée de Mohamed, Ganago, Guessand, Affamah, Bamba, Simon et Yepié Yepié (carrés, sans doute) ne ferait pas peur à une équipe de cadets de deuxième division de district. Il est vrai que le calendrier de ce début de saison n'a pas été tendre avec les hommes de Kombouaré, qui ont reçu le PSG (défaite 3-0 après un début de match encourageant jusqu'à l'expulsion de Fabio), Lille (1-1) et Lens (0-0) et se sont déplacés à Marseille (1-2), Lorient (2-3) et Monaco (1-4). Nantes a donc déjà croisé la route des cinq premiers du championnat et peu estimer avoir mangé son pain noir, mais il faudra encore se coltiner un déplacement périlleux à Rennes (pas franchement du far breton) avant d'enchaîner contre Brest, Nice, Clermont et Reims, des formations par rapport auxquelles les jaunards ne possèdent aucune marge.


Antoine Kombouaré, que nous (à l'instar du dude dans "The Big Lebowski", meilleur film de tous les temps, nous n'employons que le "royal we" à LPC) ne remercierons jamais assez d'avoir sauté plus haut que tout le monde pour qualifier le PSG face au Real un soir de mars 1993, avait demandé des renforts à l'aube d'une saison européenne. Non seulement il a failli perdre Blas, mais voici ce que le président Kita lui a royalement offert sur un plateau: Mohamed donc, arrivé en prêt de Galatasaray, Ganago, second couteau à Lens, Guessand, deux buts avec Nice lors du dernier exercice, Centonze du FC Metz, sans oublier Moussa Sissoko, le cheval de trait favori de Deschamps, débarqué de Watford (petit aparté: nous hallucinerons toujours devant le fait que ce bourrin notoire compte la bagatelle de 71 sélections, ce qui en fait le 29ème joueur le plus capé de l'histoire des Bleus devant des barons comme Trésor, Petit, Tigana ou Giresse). On peut souhaiter bonne chance à Tonio pour mener Ligue 1 et Ligue Europa de front avec un tel effectif, même si au vu des dernières prestations du club et de la défaite 3-0 à Karabagh, l'aventure européenne ne devrait guère s'éterniser. D'autant que Nantes a laissé filer le meilleur atout offensif de la saison dernière en la personne de Kolo Muani (sélectionné récemment en équipe de France, continue comme ça DD, va nous chercher Laborde, Wahi ou Nordin pendant que tu y es), parti du côté de l'Eintracht Francfort.

On ne voit que trois joueurs à sauver dans l'effectif nantais: Alban Lafont, Nicolas Pallois et Ludovic Blas. Le gardien international sort souvent des prestations exceptionnelles (comme lors du Nantes-PSG de la saison dernière, où il avait écœuré toute l'attaque parisienne à lui tout seul et hérité de la note de 10 dans L'Equipe), mais lorsqu'il est totalement laissé à l'abandon par sa défense comme ce fut le cas en Principauté (3-0 à la demi-heure de jeu), il ne peut pas tout le temps faire des miracles. Il mérite clairement son nouveau statut d'international et nous ne sommes pas loin de penser qu'il est supérieur à Donnarumma à un âge similaire. Pallois tient souvent la baraque derrière et se montre costaud dans les duels et le jeu aérien, mais quand on lui adjoint les deux calamités Castelletto et Girotto, l'arrière-garde jaune a vite fait de prendre le bouillon. Ludovic Blas est un joueur d'une qualité technique largement supérieure à la moyenne, auteur de vingt buts sur les deux dernières saisons, mais son transfert avorté au LOSC semble l'avoir totalement plombé et il ne met plus un pied devant l'autre. Quant au reste, les deux Brésilos à deux balles Fabio et Girotto, le contingent africain de seconde zone (Castelletto, Traoré, Ganago, Simon), la palette de marathoniens des pelouses (Appiah, Moutoussamy, Coco, Merlin) et la fausse touche technique espagnole (Chirivella), ça ne vaut pas un coup de cidre. Nous souhaitons beaucoup de courage aux supporters nantais, car lors d'une saison au terme de laquelle quatre équipes rejoindront l'étage inférieur, leurs petits protégés ne sont franchement pas à l'abri du pire. 


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