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mercredi 5 octobre 2022

PSG, un recrutement en question

D'un strict point de vue comptable aussi bien qu'au niveau du jeu proposé (la plupart du temps), le début de saison du PSG paraît idyllique: 25 points pris sur 27 possibles en Ligue 1, 28 buts marqués, seulement 5 encaissés, des branlées en veux tu en voilà, deux victoires en deux matches de Champions League contre la Juve et à Haïfa. La MNM, censée effrayer le continent, tourne à plein régime, impliquée dans 86% des buts de l'équipe: huit buts et sept caviars pour Neymar, qui a épuré son jeu et retrouvé toute sa géniale inspiration, cinq buts et sept passes décisives pour un Messi ressuscité, dont les performances souvent brillantes contrastent avec celles du fantôme aperçu la saison dernière, et huit pions pour Mbappé, plus que jamais décisif et indispensable au rendement offensif de l'ensemble, comme l'a démontré son entrée face à Nice. Galtier, très critiqué lors de sa signature, est peu à peu en train de fermer toutes les bouches, sauf lorsqu'il disserte sur les mérites comparés de l'avion et du char à voile. A moins que Marseille ne parvienne à s'accrocher aux basques de la machine QSI et ne décroche un résultat positif lors du prochain clasico, le PSG semble une nouvelle fois parti pour survoler la Ligue 1 et s'adjuger un neuvième titre depuis l'arrivée des Qataris. A priori, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Pourtant, un constat simple et évident s'impose: le PSG n'est guère mieux armé que la saison dernière, ce qui pourrait porter un coup fatal aux ambitions européennes démesurées du club. City a fait signer Haaland, le Barça a réussi à attirer Lewandowski et le Bayern a débauché Mané de Liverpool, tandis que le PSG n'est pas parvenu à faire venir le moindre joueur de calibre international.

Le départ de Leonardo, le retour aux affaires d'Henrique et l'arrivée de Luis Campos devaient marquer le début d'une nouvelle ère, dite "de la sobriété": fini le bling-bling, plus de transferts fracassants ou de signatures ronflantes. Pourtant, les dirigeants parisiens voulaient bel et bien réaliser un gros coup lors du mercato estival, et trois noms ont circulé pendant l'été: Lewandowski, Bernardo Silva et Skriniar. Les Qataris rêvaient d'associer Lewandowski à Mbappé (en même temps, il aurait joué où dans le système parisien, arrière droit?) mais le buteur polonais a finalement décidé de rejoindre la Catalogne, où son adaptation et sa réussite forcent le respect. Le Portugais, que Campos connaît parfaitement, a finalement décidé de rester à City, et on peut le comprendre tant il a l'opportunité de se régaler aux côtés des De Bruyne, Foden et Haaland au sein d'un collectif qui tourne comme une véritable mécanique de précision. Quant au défenseur slovaque, dont le vrai-faux transfert a fait l'objet d'un véritable feuilleton à rebondissements jusqu'aux dernières heures du mercato, il s'est en fin de compte refusé à sauter le pas. Le Milan de l'Inter, pour lequel les dirigeants intéristes exigeaient une somme exorbitante, ralliera peut-être la capitale lors du prochain mercato hivernal, d'autant que son club signe un début de saison très moyen, mais aucune des trois cibles principales des décideurs parisiens ne porte aujourd'hui le maillot du PSG.


Certaines décisions laissent carrément perplexe. Pourquoi, par exemple, se séparer d'un Arnaud Kalimuendo, auteur de douze buts avec le RC Lens lors du dernier exercice et auteur d'une bonne préparation au Japon, pour aller chercher un Hugo Ekitike à 35 millions? Pour sa première titularisation avec le Stade Rennais à Strasbourg, l'ancien Lensois a signé une prestation remarquable, inscrivant un superbe but et offrant deux caviars à Terrier et Gouiri. Ekitike, aligné à la place de Mbappe face à Nice, a livré une performance plus que quelconque, n'offrant aucune solution en profondeur, ne signant aucune frappe cadrée, ne parvenant pas à combiner avec ses partenaires d'attaque et ne faisant globalement peser aucun danger sur la défense azuréenne. Certes, il n'est pas évident pour un gamin de vingt ans tout juste  débarqué de Reims de faire son trou entre deux monstres comme Neymar et Messi, mais il va falloir que le jeune prospect s'affirme et prenne rapidement ses marques. On veut bien comprendre qu'il s'agisse d'un joueur à fort potentiel et d'un pari sur l'avenir, mais Kalimuendo n'est pas plus âgé que lui et s'est déjà affirmé comme l'un des meilleurs attaquants de notre championnat. Le PSG avait certes besoin de dégraisser son effectif, mais le choix de laisser partir un tel talent, qui aurait pu rendre bien des services à l'équipe, ne manque pas d'interroger.

Un doute plane également sur le recrutement de Fabian Ruiz, milieu international espagnol débarqué du Napoli. On nous avait vendu un joueur complet à la technique soyeuse, capable de marquer et de faire marquer (18 pions en quatre saisons en Serie A), d'apporter des qualités d'organisation et de mettre de l'ordre dans l'entre-jeu. Face à Nice, on a surtout vu un milieu de terrain lourd et emprunté, insignifiant à la récupération, incapable de faire la moindre passe vers l'avant et de casser les lignes. S'il n'est pas aisé de remplacer l'indispensable Verratti, on peut se demander si l'Espagnol apporte une réelle plus-value par rapport à Leandro Paredes, cédé à la Juventus. Quant à Renato Sanches, capable à son meilleur niveau de figurer parmi les meilleurs milieux relayeurs d'Europe, on savait que sa fragilité notoire poserait problème. S'il se blesse à chaque fois qu'il joue au bout d'un quart d"heure, on peine à imaginer comment il pourrait faire son trou et apporter son impact. Finalement, la seule recrue satisfaisante (au passage, quid de Carlos Soler?) se nomme Vitinha, véritable trouvaille dont on a l'impression qu'il joue depuis dix ans au club et dont l'activité aux quatre coins du terrain et la complicité technique avec Verratti font merveille. Comme disaient les chanteurs pour l'Ethiope, c'est beaucoup et c'est bien peu.


On a du mal à concevoir comment le PSG pourrait bien remporter la Champions League avec une triplette défensive Marquinhos-Ramos-Kimpembe. Le Brésilien ne semble guère à son aise au sein d'une défense à trois (il n'a jamais été meilleur qu'aux côtés de Thiago Silva), l'ancien Madrilène promène sa lenteur rédhibitoire et ses trente-six balais (l'expérience et l'immunité carton jaune ne font pas tout), et le titi parisien fait souvent montre d'une fébrilité inquiétante (quand on pense que DD n'a pas hésité à lui refiler le brassard de capitaine des Bleus, il y a de quoi franchement halluciner). Même si Mukiele, auteur d'une prestation plutôt convaincante et d'une passe décisive contre Nice, ressemble plutôt à une bonne pioche, il aurait clairement fallu recruter un défenseur central supplémentaire, malgré l'échec de la piste Skriniar. Le nom de Disasi a été évoqué dans les derniers jours du mercato, et même si Monaco s'est montré particulièrement gourmand (on a parlé d'une somme de cinquante millions), il n'aurait certainement pas s'agi d'un mauvais choix. Le Monégasque est un défenseur solide sur l'homme et dans les duels, costaud dans le jeu aérien, propre dans la relance et fort d'une belle marge de progression. Faute d'un autre spécialiste au poste, Galtier se voit régulièrement contraint d'aligner Danilo Pereira en défense, alors que la puissance et les qualités athlétiques du Portugais feraient du bien au milieu, où le duo Verratti-Vitinha ne brille pas franchement par sa densité physique. L'entraîneur parisien doit faire avec les moyens du bord, et si ceux-ci feraient saliver 90% des techniciens de la planète, il ne s'agit toujours que des moyens du bord. Il ne peut que s'en prendre qu'à ses dirigeants, qui malgré le nombre conséquent de chèques à leur disposition, n'ont clairement pas fait le boulot.


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