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mardi 4 octobre 2022

Liverpool pique sa crise

 

Dix petits points pris en sept journées de Premier League : voilà le maigre bilan des Reds après deux mois de compétition domestique. Les troupes de l’homme à la casquette vissée sur le crâne, qui traverse son début de saison le plus difficile depuis des années, comptent onze unités de retard sur Arsenal, l’excellente et rafraîchissante surprise de ce début de saison, vainqueur du North London Derby face à un Tottenham d’un affligeant manque d’ambition dans le jeu. Liverpool compte dix unités de retard sur City, vainqueur sans appel de United dans l’autre grand derby du week-end, un gouffre qui semble insurmontable tant les certitudes des hommes de Guardiola contrastent avec les difficultés énormes affichées par Liverpool depuis le début du mois d’août. Les favoris des frangins Gallagher (et de mon étudiant mancunien Samuel Riley, que je salue au passage) ont certes perdu Zinchenko, Sterling et Gabriel Jesus mais ont su conserver une ossature stable et compétitive (Ederson, Dias, Rodri, Foden, Cancelo, De Bruyne, Silva) et se sont offert les services d’un monstre en attaque en la personne d’Erling Haaland, qui bluffe déjà tout son monde par son aisance et son efficacité. Certes, l’année dernière, Liverpool avait réussi à combler un écart considérable sur City pour venir échouer à un souffle du titre au terme d'un suspense dingue, mais on a nettement l’impression que l’histoire ne se répétera pas et que les joueurs du Merseyside vont devoir se bagarrer avec Arsenal, Tottenham, Chelsea et United pour conserver leur place dans le top four.

 


Un homme concentre toutes les critiques dans ce qui commence à ressembler à un début de crise du côté d’Anfield Road : Trent Alexander-Arnold. Outre qu’il partage avec Marcelo une certaine singularité capillaire, le surprenant nominé au prochain Ballon d’Or possède la même fâcheuse propension que le Brésilien à laisser des espaces béants dans son dos. C’est bien simple : il s’agit, à l’instar d’un Hakimi au PSG, d’un latéral qui ne sait pas défendre. Contre Brighton, les Reds se sont retrouvés menés 0-2 au bout de vingt minutes de jeu, et les deux pions inscrits par Trossard sont venus du côté normalement gardé par TAA. Ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, comme disaient les parents du petit Grégory (il était bien fait ton petit colis Rémi, référence poelvoordienne qui ne vous aura pas échappé): l’international anglais est un formidable contre-attaquant, un centreur et un passeur hors pair qui sait trouver ses attaquants dans la profondeur, un véritable meneur de jeu excentré. Mais ses lacunes défensives et son placement erratique mettent trop souvent son équipe en difficulté. En finale de Champions League, le but madrilène avait d'ailleurs été inscrit par son adversaire direct Vincius, la nouvelle coqueluche des danseuses-plongeuses brésiliennes tendance Robinho. Alexander-Arnold n’est guère aidé par sa défense centrale, au sein de laquelle le naguère impérial Virgil Van Dijk a perdu de sa superbe et fait preuve d’une friabilité étonnante dans les duels. Pour entamer un début de redressement, les Reds vont devoir retrouver un semblant d’assise défensive, ce à quoi le retour du roc français et révélation du dernier exercice Ibrahima Konaté pourrait contribuer.



Dans le secteur offensif, il est assez révélateur qu’un joueur somme toute assez moyen comme Roberto Firmino soit le meilleur buteur de l’équipe Le transfert de l’excellent Sadio Mané (l'homme à tout faire du front de l’attaque) au Bayern n’a pas été compensé, et si les dirigeants n’ont pas hésité à poser 75 plaques sur la table pour faire signer Darwin Nunez en provenance du Benfica, l’Uruguayen n’a pour l’instant trouvé le chemin des filets qu'à une seule reprise et est resté muet depuis deux mois (franchement en comparaison 60 millions pour un Haaland qui vous totalise déjà 14 pions en huit matches, c’est cadeau). Diogo Jota a perdu son football, Luis Diaz se débat souvent seul dans le néant, à l’image de son égalisation superbe et solitaire contre Crystal Palace, et Mo Salah, indiscutablement l’un des meilleurs attaquants du monde de ces cinq dernières années, traîne son spleen depuis le départ de son compère sénégalais. La saison dernière, Liverpool avait terminé deuxième attaque de Premier League avec 94 pions. Salah avait planté 23 buts, Mané 16, Jota 15 et Luis Diaz 4. Depuis le début de l’exercice 2022-2023, les Reds ont inscrit le respectable total de 18 buts (quatrième attaque) mais cette statistique plutôt positive se trouve totalement plombée par le fait que la moitié de ce total ait été inscrit lors du seul match face à Bournemouth (victoire 9-0). Sur leurs six autres matches disputés, ils n’ont donc planté que neuf fois, signe que l’attaque ne se porte guère au mieux.

 

Dans l’ensemble, l’effectif reste de grande qualité, et s’il semble improbable que Liverpool puisse se mêler à une course au titre qui semble promis une nouvelle fois à City, plus que jamais favori à sa propre succession et candidat au sacre en CL au même titre que le Real ou le Bayern (nous n’évoquerons pas le cas du PSG, tout à fait capable de se prendre magnifiquement les pieds dans le tapis en huitièmes), il peut encore envisager une place parmi les quatre premiers. Arsenal surperforme sans doute un brin en ce moment et connaîtra forcément un coup de mou, Tottenham ne possède pas un fond de jeu bien convaincant malgré un trio offensif de feu sur le papier (Dieu que les concepts de Conte sont restrictifs et manquent incroyablement d’ambition) et United reste une équipe irrégulière et en quête de certitudes. L’équipe a souffert pendant quelques semaines de l’absence de Thiago Alcantara, élément ultra-précieux dans la gestion du tempo et la distribution, et Tsimikas n’a pas le même rendement que Robertson sur le côté gauche. Le niveau de certains cadres pose cependant question, à l’image d’Henderson, joueur de devoir indiscutablement surcoté (comme la moitié des joueurs anglais de Premier League, isn'it it mister Jack Grealish, l'homme qui valait cent millions?), de Fabinho, en nette baisse de régime depuis quelques mois et surtout de James Milner, dont on se demande quels services il peut encore rendre à 36 balais. Confronté à une situation compliquée, Klopp va devoir se creuser les méninges et trouver des solutions dans les prochaines semaines. Surtout que rien n’est acquis en Champions League, dans laquelle la défaite 4-1 sur le terrain de Naples a mis en évidence les problèmes de l’équipe et ne laisse plus guère de marge d’erreur en vue de la qualification pour les huitièmes.You'll never walk alone as they say...

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