La Mannschaft a connu des jours difficiles sous la direction d'Hansi Flick, qui n'a pu empêcher une élimination au premier tour lors du Mondial 2022, avec notamment une défaite très embarrassante face au Japon. Ce sont à nouveau les nippons qui auront finalement sa peau, puisqu'il sera limogé après une défaite 4-1 face au pays du soleil levant en septembre 2023. Son très jeune successeur, Julian Nagelsmann, 36 ans, ancien entraîneur du Bayern, obtient de meilleurs résultats après des débuts difficiles avec au passage des revers face à la Turquie et l'Autriche. Les succès en France (sans doute la meilleure prestation de la formation allemande depuis un bail) et contre les Pays-Bas en mars contribuent à le renforcer dans ses convictions et aux yeux de l'opinion publique. Pour l'Euro à domicile, le sélectionneur a fait des choix forts en laissant à la maison des joueurs qui ont signé une superbe campagne de Champions League avec Dortmund, comme Mats Hummels, toujours au sommet à 35 piges, Emre Can ou Julian Brandt. Il n'a pas retenu non plus Leon Goretzka, une des rares satisfactions bavaroises de la saison, ni plus logiquement Timo Werner, très décevant dans l'ensemble avec Tottenham. En revanche, Nagelsmann a accordé sa confiance à l'inusable Thomas Müller, 34 ans, auteur de seulement 6 buts en 40 matches avec le Bayern et qui sera le capitaine de route de cette Mannschaft. L'échassier bavarois est avec Toni Kroos et Manuel Neuer l'un des rares rescapés de la liste des champions du monde 2014 et, contrairement à ses deux coéquipiers, il ne sera sans doute pas titulaire mais pourrait rendre des services en entrant en jeu à la place de Wirtz, Musiala ou Havertz.
Cette équipe allemande apparaît comme très complète et compétitive sur le papier et sera extrêmement difficile à battre à domicile. Elle s'appuie sur un 4-2-3-1 bien rôdé et parfaitement adapté aux qualités intrinsèques des joueurs qui le composent, avec un milieu doté de grosses facultés techniques. Nagelsmann confie le poste de meneur de jeu à l'excellent Ilkay Gündogan, placé directement au soutien de Kai Havertz, qui après des débuts empruntés sous les couleurs d'Arsenal a fini la saison en boulet de canon (sans mauvais jeu de mots) avec les Gunners, terminant l'exercice avec 13 buts et 7 passes décisives au compteur. Deux autres créateurs-dribbleurs entourent Gündogan au sein du secteur offensif, à savoir Jamal Musiala à gauche et à droite l'étincelant Florian Wirtz, auteur d'une saison époustouflante avec le Bayer Leverkusen et sans doute le meilleur joueur de la saison en Bundesliga (ses statistiques personnelles ne cassent pas franchement la baraque mais son sens du dribble, ses capacités d'élimination et de déstabilisation et sa technique soyeuse en font l'un des joueurs les plus convoités du marché européen, à tel point que Guardiola verrait en lui le successeur naturel de De Bruyne à City). Ce quatuor offensif redoutable ne manque pas de gueule, sans perdre de vue le fait que des joueurs comme Pascal Gross, buteur face à la Grèce, Leroy Sané, Niclas Füllkrug ou Deniz Undav (18 pions avec Stuttgart) peuvent rendre de précieux services en sortie de banc.
Le retour en sélection de l'inestimable Toni Kroos, qui vient de rafler sa sixième Champions League (excusez du peu), constitue la meilleure nouvelle de ces derniers mois pour Nagelsmann. Au sommet de son art à 34 piges, le natif de Greifswald dirige la manœuvre derrière Gündogan et opère en tant que playmaker reculé, à la manière d'un Pirlo. Sa justesse technique, son calme à toute épreuve, son expérience du très haut niveau et sa science de la passe (voir et revoir sa merveille de caviar pour Vinicius à l'aller face au Bayern), ainsi que sa qualité de frappe sur coup de pied arrêté (c'est lui qui frappe le corner pour la tête de Carvajal en finale de Champions League à Wembley) seront des atouts non négligeables pour la Mannschaft, sachant que l'Euro reste le seul titre majeur manquant au palmarès XXL de celui qui fut élu meilleur joueur de l'Euro des moins de 17 ans en 2007. Au sein du 4-2-3-1 allemand, Kroos se verra secondé par la révélation Robert Andrich, pilier du quasi-invincible Bayer Leverkusen et qui a explosé aux yeux de l'Europe à 29 ans. Joueur de devoir grand et athlétique moins connu que ses illustres coéquipiers pour être passé par des clubs plus obscurs comme Heidenheim ou l'Union Berlin, jamais avare d'efforts et plutôt adroit balle au pied, Andrich jouera le rôle de récupérateur en chef et devra approvisionner Kroos et Gündogan en bons ballons. Nul doute qu'il s'avèrera impeccable dans ce rôle crucial et saura faire oublier l'absence de Leon Goretzka, sélectionné à 57 reprises depuis 2014.
Si le secteur offensif teuton a de quoi donner l'eau à la bouche, l'arrière-garde présente également de nombreuses garanties autour de la charnière centrale Rüdiger-Tah. Le premier nommé a signé une saison de premier plan avec le Real et disputé pas moins de 45 rencontres, palliant superbement les absences longue durée d'Alaba et Militao et muselant totalement Haaland en quart de finale de Champions League. Quant à Jonathan Tah, véritable monstre physique, il fait partie des trois joueurs du Bayer Leverkusen qui ont gagné leur place de titulaire en sélection et possède une véritable science du poste avec ses 300 matches au compteur en Bundesliga. Avec Rüdiger et Tah, qui culminent tous les deux à plus d'1m90, l'Allemagne possède deux tours de contrôle intimidantes qui brillent dans le domaine aérien et le marquage individuel. Le très fiable Joshua Kimmich, qui retrouve son poste de prédilection suite au retour en sélection de Kroos, occupe le flanc droit de la défense, tandis que la découverte Maximilian Mittelstädt, défenseur du VFB Stuttgart et auteur d'un but magnifique face aux Pays-Bas, s'occupe du côté gauche. La seule incertitude concerne Manuel Neuer, auteur de quelques erreurs grossières récemment avec le Bayern et qui jouera à 38 ans son huitième grand tournoi international. D'aucuns lui préféreraient le portier du Barça Marc-André Ter Stegen, mais il s'agit d'un choix de riches dont beaucoup s'accommoderaient. L'Allemagne compte assurément parmi les grands favoris de cet Euro, sachant qu'elle a atteint à neuf reprises le dernier carré de la compétition en onze participations.
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