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lundi 17 juin 2024

Les favoris au rendez-vous

Après l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, et en attendant la France ce soir contre l'Autriche, ce fut hier au tour de deux autres favoris, les Pays-Bas et l'Angleterre, de s'imposer, même si les deux équipes ont connu les pires difficultés, respectivement face à la Pologne et la Serbie. Menés au score suite à une tête sur corner de Buksa, le Lensois prêté par Lens à Antalyaspor, les Néerlandais ont égalisé par l'intermédiaire du très remuant Cody Gakpo avant de prendre l'avantage en fin de match grâce à un pion de l'inévitable Wout Weghorst, véritable supersub de cette équipe que Koeman peut se féliciter d'avoir fait entrer en jeu à la place de Depay et son look de basketteur NBA. Globalement dominateurs mais régulièrement secoués, les Oranje doivent aussi leur salut à un illustre inconnu, leur jeune portier Bart Verbruggen, qui garde les cages de Brighton en Premier League et dispute sa première grande compétition internationale, lui qui succède à Andries Noppert au poste de gardien en sélection. Privés du ballon une grande partie du temps, les partenaires d'un Lewandowski blessé et forfait ont néanmoins cadré sept frappes, dont six ont donc été repoussées ou captées par le gardien néerlandais. On peut s'étonner qu'avec leurs deux tours de contrôle van Dijk et De Vrij, les hommes de Koeman aient concédé un but sur corner, mais il est vrai qu'Adam Buksa culmine tout de même à 1,91m.

 

Organisés en 4-2-3-1 face au très défensif et solide 3-5-2 polonais, les Oranje ont maîtrisé la chique et dicté le tempo du match (66% de possession, 579 passes échangées contre seulement 295 pour les Polonais) mais ont peiné à transpercer le coffre-fort adverse au cœur du jeu, secteur où officient pourtant les Schouten, Veerman, Reijnders et Xavi Simons, tous très discrets hier après-midi. Faute de véritable meneur de jeu, rôle normalement dévolu à Veerman, meilleur passeur d'Eredivisie, ou à Reijnders, situé un cran plus haut que les deux milieux du PSV, les coéquipiers de captain Van Dijk s'en sont remis aux éclairs de Gakpo, qui a donné bien du fil à retordre à Frankowski et Bednarek, à gauche, ou aux montées du toujours très actif et volontaire Dumfries à droite, suppléé en fin de match par Maalen. L'entrée de l'attraction Jeremie Frimpong, irrésistible avec le Bayer Leverkusen cette saison, a envoyé Maalen sur le flanc gauche, et c'est donc un secteur offensif tout neuf qui a offert la victoire aux Pays-Bas, Weghorst bénéficiant sans doute du travail de sape de Depay. Le sélectionneur polonais regrettera sans doute longtemps d'avoir remplacé Zielinski par Piotrowski, au profil plus défensif, tandis que Koeman assurait le coup en faisant entrer Van de Ven à la place d'Aké, décisif sur l'égalisation.

 

Très attendus au tournant, les Anglais ont souffert mille morts pour venir à bout des Serbes, et c'est peu dire qu'il existe un gouffre béant entre les possibilités offertes par cette équipe sur le papier et le football qu'elle a produit hier soir à Gelsenkirchen. Après vingt minutes de bonne facture ponctuées par l'ouverture du score d'un Bellingham au four et au moulin, les Three Lions ont nettement baissé de pied, laissant volontairement le ballon aux Serbes et ne sortant de leur camp qu'avec parcimonie. Obligé de redescendre très bas chercher les ballons et se sacrifiant à la récupération, Bellingham n'a pas pu approvisionner un Harry Kane très isolé, qui n'a une qu'une tête déviée sur sa barre par Rajkovic à se mettre sous la dent. L'activité sur les côtés fut quasiment inexistante, Saka étant bien muselé par Pavlovic et Foden bien loin de ses standards habituels en club, tandis que les deux latéraux Trippier et Walker ne prirent jamais l'initiative dans leurs couloirs respectifs. S'agit-il de consignes données par Southgate, sensible aux critiques sur sa défense, dont on on dit qu'il s'inspirerait désormais beaucoup de l'équipe de France version 2018 et serait tenté par une approche plus pragmatique? Ce serait bien dommage lorsque l'on considère les joueurs à sa disposition, qui n'ont cadré que trois tirs face à une formation classée au 33ème rang mondial.

 

Le choix de titulariser Alexander-Arnold aux côtés d'un Declan Rice plutôt satisfaisant pose également question. puisque le joueur de Liverpool ne brille ni à la récupération, ni dans la construction du jeu, et que la seule justification de ce choix réside dans l'habileté de TAA sur coup de pied arrêté, ce qui en dit long sur l'état d'esprit de Southgate. Pourquoi ne pas faire jouer Mainoo, véritable révélation de la saison, pour lui préférer un joueur hybride dont on ne sait toujours pas si il est un latéral ou un milieu de  terrain de métier? Et pourquoi ne pas faire reculer Bellingham, ancien récupérateur et de toute façon très bas dans les faits, d'un cran, pour placer Foden, qui s'est épanoui dans l'axe avec City, au soutien direct de Kane, pour laisser le côté gauche à Cole Palmer, véritable milieu offensif excentré-ailier? Hier soir, la star de Chelsea n'a même pas eu le droit de fouler la pelouse de la Veltins-Arena alors que des joueurs plus obscurs comme Gallagher ou Bowen ont obtenu du temps de jeu. Avec dans ses rangs un potentiel futur Ballon d'Or (nous prions pour qu'il ne soit pas attribué à Vinicius), le meilleur joueur de Premier League et le meilleur buteur de Bundesliga, l'Angleterre peut-elle réellement espérer gagner cet Euro en proposant un jeu aussi pauvre et aussi peu ambitieux? Peut-elle puiser dans la méthode Deschamps quand elle s'appuie sur Stones et Guehi en défense centrale? Le salut ne passerait-il pas par un peu plus de champagne et de pétillance? Réponse en partie contre le Danemark le 20 juin à Francfort.


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