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dimanche 16 juin 2024

Les Balkans dans le dur

Face à une Espagne qui a laissé les principes de possession et de contrôle chers à Luis Enrique aux vestiaires pour revenir à un jeu plus direct et vertical, la Croatie n'a tout simplement pas fait le poids. Pour attaquer la rencontre, De La Fuente a choisi de faire confiance à Nacho en remplacement d'Aymeric Laporte, légèrement blessé et trop juste pour jouer, aux côtés de Le Normand en défense centrale, et à Cucurella et Carvajal, le joueur le plus détestable du monde, sur les flancs de la défense. Au cœur de son 4-3-3, il a aligné l'inamovible Rodri, véritable pierre angulaire du milieu, le Parisien Fabian Ruiz et le jeune Barcelonais Pedri. En attaque, la pépite Yamine Lamal et Nico Williams entouraient Alvaro Morata, l'avant-centre de l'Atletico Madrid. Choisissant sciemment de laisser la chique aux Croates (54% de possession pour les partenaires de Modric) et de frapper là où ça fait mal, c'est-à-dire dans l'axe de la défense adverse (on peut sincèrement se demander si Gvardiol ne serait pas mieux employé en charnière centrale, même s'il était chargé de surveiller Lamal), totalement à la rue sur l'ouverture du score de Morata, les Espagnols se sont montrés d'une efficacité clinique et ont plié le match en un quart d'heure. Le sélectionneur espagnol a ouvert son banc en seconde période, faisant entrer Oyarzabal à la place d'un Morata visiblement touché, un Dani Olmo globalement brouillon, Ferran Torres, Zubimendi et Merino.

 

Alors que les supporters du PSG n'ont cessé cette saison de se plaindre de ses ternes performances, Fabian Ruiz a sorti un match de baron, délivrant une superbe passe décisive pour Morata avant de doubler la mise lui-même suite à un impeccable enchaînement dribble derrière la jambe d'appui-crochet-frappe limpide du gauche. Très attendu, Lamine Yamal a dû se coltiner le très solide Gvardiol mais a impressionné sur certaines actions par son étonnante faculté d'accélération et offert un ballon en or à l'inévitable Carvajal sur le troisième but. Il s'est montré globalement plus convaincant que Williams, auteur de 8 buts et 17 passes décisives avec Athletic Bilbao, qui n'a pas montré grand-chose. Morata, souvent contesté en Espagne parce qu'il n'appartient sans doute pas à la grande lignée des attaquants légendaires de la Roja que sont Raul, Morientes, Torres ou Villa, a remarquablement fait le boulot en convertissant avec sang-froid sa seule occasion nette, lui qui vient de signer la meilleure saison de sa carrière sur le plan statistique et de planter son 36ème pion en 74 sélections, ce qui fait de lui le quatrième meilleur buteur de l'histoire de la sélection. Avant d'affronter l'Italie, la Roja se positionne clairement en favorite du groupe après ce succès face à une Croatie vieillissante et sans idées, bien loin de ses standards de la dernière Coupe du Monde et très décevante après les espoirs qu'avaient fait naître la victoire au Portugal en amical.

 

Surprise d'entrée de jeu sur une énorme erreur de DiMarco, l'Italie n'a pas cédé à la panique contre l'Albanie et est parvenue à renverser le score en un quart d'heure grâce à une tête de Bastoni et une frappe imparable de Barella. Le milieu à tout faire de l'Inter, qui officiait déjà aux côtés de Jorginho et Verratti lors du dernier Euro, est le véritable maestro de cette équipe et a magnifiquement dirigé la manœuvre, méritant sans nul doute le titre d'homme du match. Alors que Pellegrini, auteur d'une excellente saison avec la Roma mais plutôt discret hier soir, est censé être le meneur de jeu de la Nazionale, c'est bien Barella, d'une position plus reculée à la manière d'un Kroos, qui possède les clés du camion et la direction des opérations. Soucieuse de ne laisser aucun espoir à une Albanie galvanisée par une ouverture du score précoce (la plus rapide de l'histoire de l'Euro), les Italiens ont contrôlé la chique 70% du temps, frappé 17 fois au but et échangé plus de 800 passes. Plutôt que de se replier sur leur but une fois le score acquis, ils ont faix le choix de maîtriser la possession et le tempo du match, laissant leurs adversaires courir sempiternellement après le ballon et ne se faisant qu'une légère frayeur en toute fin de match sur un tir de Manaj, trouvé dans la profondeur, dévié du flanc par Donnarumma, qui n'avait jusque-là strictement rien eu à faire si ce n'est aller chercher la balle au fond de ses filets.

 

Mis à part l'excellent Barella, Spalletti a pu compter sur un excellent Calafiori en défense centrale, une des grandes révélations de la saison avec Bologne que Thiago Motta aimerait bien apporter dans ses bagages à Turin. Le jeune défenseur de 22 ans se distingue par son calme et son assurance, sa volonté de toujours relancer proprement et sa propension à participer à la construction des mouvements offensifs. Nul doute que Calafiori, grand espoir du football italien, s'inscrit dans la grande tradition des Scirea, Baresi et autres Nesta. Le sélectionneur transalpin peut aussi se réjouir que Chiesa, trop souvent handicapé par des blessures, semble avoir retrouvé des jambes, que Jorginho, certes moins brillant qu'il y a trois ans, possède toujours une science exquise du jeu, tandis que Scamacca, sur qui pèse une énorme pression et dont le compteur en sélection reste bloqué à une seule unité, a fait le boulot en point d'appui et de fixation et est parvenu à faire jouer les autres autour de lui. On  attend désormais avec impatience le duel entre cette formation italienne volontiers joueuse et maîtresse des opérations avec une sélection espagnole qui a décidé d'en finir avec les clichés tenaces qui lui collent à la peau et de mettre une bonne dose de réalisme dans son jeu.

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