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samedi 15 juin 2024

Heureuse Allemagne

Ce premier match n'a été qu'une douce formalité pour la Mannschaft, qui a littéralement écrasé une Ecosse ultra-limitée, qui voulait tenir le 0-0 le plus longtemps possible et évoluer en contre mais qui n'a pas résisté longtemps à la virtuosité des attaquants allemands. Les Ecossais, réduits à dix après l'expulsion logique de Ryan Porteous suite à un véritable attentat sur Gündogan, n'ont pas réussi à cadrer la moindre frappe, et on imagine que Neuer, jamais mis en danger et contesté par la vox populi allemande, sera frustré d'avoir encaissé un but sur une tête involontaire de Rüdiger. Nagelsmann peut se montrer satisfait de son secteur offensif, puisque quatre attaquants différents ont planté (Musiala, Wirtz, Havertz et Füllkrug) et se réjouir du rendement de son milieu de terrain, avec un Kroos omniprésent et d'une justesse de tous les instants et un Gündogan dans tous les bons coups. Sa charnière centrale n'a pas véritablement été testée, même si l'on peut s'inquiéter de la relative fébrilité de Jonathan Tah sur certaines actions, lui qui a réussi à récolter un carton jaune face à une attaque adverse totalement inoffensive. Excellent sur son flanc droit, Joshua Kimmich a offert un ballon en or à Wirtz sur le premier pion, tandis que son pendant à gauche Mittelstädt a beaucoup tenté, envoyant une paire de frappes dans les tribunes. En exécuteur des basses œuvres, Andrich a assuré l'essentiel avant son remplacement par Pascal Gross, naturellement moins besogneux et plus joueur.

 

Avec Wirtz à gauche et Musiala à droite, l'Allemagne possède deux armes fatales capables par leur technique soyeuse, leur conduite de balle chaloupée et leur sens du dribble de donner le tournis à n'importe quelle défense. Le premier nommé, auteur de 20 buts et 20 passes décisives toutes compétitions confondues cette saison avec le Bayer Leverkusen, a ouvert le score suite à un remarquable mouvement collectif amorcé par une superbe transversale maison de Toni Kroos sur Kimmich. Le second, élu homme du match (nous aurions, nous autres à LPC, une petite préférence pour Kroos), a signé le deuxième but après une lumineuse ouverture de Gündogan pour Haverrtz dans la profondeur. On comprend que Nagelsmann préfère ce dernier à Füllkrug, sans doute meilleur finisseur que le joueur des Gunners, comme le prouve son magnifique pion, mais sans doute moins à l'aise pour combiner dans les petits espaces et le jeu de remise. Entré en cours de jeu, Leroy Sané a voulu trop en faire et s'est perdu dans ses dribbles, sans doute frustré d'avoir perdu sa place de titulaire au profit des deux jeunes pépites, tandis que Müller, qui de manière surprenante n'a toujours pas marqué dans un Euro, a offert une superbe remise à Emre Can sur le but du milieu du Borussia Dortmund.

 

Comme on pouvait le penser, Toni Kroos est le grand chef d'orchestre et la plaque tournante de cette équipe, lui qui choisit d'opérer de loin en position basse et n'hésite pas à reculer jusqu'au niveau de sa charnière centrale pour assurer la première relance. Le maestro allemand a signé une prestation parfaite à la baguette, alternant parfaitement jeu court et jeu long, régalant son monde de quelques jolis changements de jeu, impulsant le premier mouvement vers l'avant en trouvant Gündogan ou Kimmich dans les pieds. Selon Opta, Kroos a réussi 101 passes sur 102 tentées (du jamais vu depuis 1980) en véritable métronome, et on se demande encore pourquoi les Ecossais lui ont laissé autant de liberté et n'ont pas sacrifié un joueur comme McGinn ou McTominay au marquage individuel sur lui, car bloquer Toni Kroos, si cela est possible, revient à enrayer l'ensemble de la belle mécanique allemande. L'ancien milieu de Bayern, qui a fait une belle connerie en le laissant partir au Real en 2014, est parfaitement complémentaire de Gündogan, qui évolue un cran plus haut et plus prés de la surface adverse, au soutien direct des attaquants, une position où sa technique en mouvement, sa vision toujours lucide du jeu et sa qualité de passe dans les échanges courts font véritablement merveille.

 

Cette équipe allemande possède toutes les armes pour aller très loin dans sa compétition, et le mélange des générations entre vieux briscards (Neuer 38 ans, Kroos 34 ans, Gündogan 33 ans, Rudiger 31 ans, Müller 34 ans) et jeunes loups aux dents longues (Wirtz 21 ans, Musiala 21 ans) opère parfaitement. Parfaitement équilibrée avec Andrich ou Gross au soutien d'un Kroos jouant les meneurs de jeu reculés façon Pirlo, Gündogan situé au centre du 4-2-3-1, deux milieux offensifs placés en position d'ailiers qui peuvent permuter et rentrer au cœur du jeu, une pointe qui balaie tout le front de l'attaque et offre des solutions en profondeur, sans oublier le rôle prépondérant de deux latéraux très offensifs doté d'une belle qualité de centre, elle est capable d'assumer la possession, de prendre le contrôle et de dicter le tempo du match. Hier soir, la Mannschaft a frappé vingt fois au but pour dix tirs cadrés, maîtrisé la possession du ballon 73% du temps et réussi 683 passes avec un taux de réussite de 94%. Nagelsmann possède une idée très claire du jeu qu'il souhaite mettre en place et ses hommes l'exécutent impeccablement. L'Allemagne possède en outre un banc de qualité avec Gross, Sané, Can, Füllkrug, Müller ou Schlotterbeck, dont on aurait pu penser qu'il allait entrer en jeu suite au carton infligé à Jonathan Tah. Il faudra voir cette Mannschaft à l’œuvre face à une opposition plus relevée et moins frustre techniquement que cette très faiblarde Ecosse (mention spéciale au passage à la Tartan Army qui a continué à s'époumoner jusqu'au bout) mais tout laisse à passer qu'elle s'avèrera très difficile à battre devant son public.

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