Belgique, prime à l'attaque

Éliminée en quart de finale de l'Euro 2020 par l'Italie à l'Allianz Arena de Munich puis sortie en poules du Mondial qatari, la Belgique a perdu de sa superbe depuis sa demi-finale perdue face à la France en 2018. Si certains joueurs majeurs font comme De Bruyne et Lukaku toujours partie intégrante de la sélection, quelques éléments qui en avaient fait les beaux jours ont tiré leur révérence (Hazard, Kompany, Alderweireld, Vermaelen, Mertens) et certains cadres (Witsel, Vertonghen) ne rajeunissent guère. Les Belges ont signé un remarquable parcours en qualifications, terminant invaincus et premiers devant l'Autriche et la Suède avec 20 points en 8 rencontres (22 buts pour, 4 contre). Ils se sont notamment offerts deux succès remarquables en Suède (3-0) et en Autriche (3-2), démontrant leur force de frappe offensive et laissant en partie derrière eux les dissensions internes qui avaient miné leur parcours au Qatar. Ils seront les favoris logiques d'un groupe dans lequel ils affronteront l'Ukraine, la Roumanie et la Slovaquie. En effet, si nous sommes capables de citer quelques joueurs ukrainiens (Zinchenko, Mudryk, Lunin, Dovbyk), nous ne connaissons guère que Milian Skriniar dans la sélection slovaque et déclarons notre incompétence notoire en ce qui concerne la formation roumaine. La Belgique possède suffisamment de talent, notamment en attaque, pour s'extraire de ce groupe, et tout autre résultat qu'une qualification pour les huitièmes de finale serait vécu comme un échec majeur. Les journalistes d'outre-Quiévrain s'accordent à dire qu'un quart de finale semble représenter un objectif raisonnable et qu'une élimination avant l'accession au grand huit constituerait une réelle déception.

 

Reste à savoir quel système adoptera Tedesco, lui qui a opté pour un 4-2-3-1 face au Monténégro puis un 3-4-2-1 face au Luxembourg. Il est à noter que le sélectionneur n'a pas retenu Thibaut Courtois, blessé toute la saison mais décisif lors de la finale de Champions League avec le Real  (il lui préfère Koen Casteels, qui évolue en Arabie Saoudite à Al-Qadsiah). Contre le Luxembourg, Tedesco a choisi d'aligner une défense à trois composée de Wout Faes (Leicester City), Axel Witsel (Atletico Madrid) et Thomas Meunier (Trabzonspor). Contre le Monténégro, il a fait confiance à une défense à quatre avec ce même Meunier à droite en non plus en position axiale gauche, Faes et Debast (Anderlecht) en charnière centrale et De Cuyper (Club Bruges) à gauche. On peut s'étonner qu'il n'ait pas donné une seule minute de jeu à Jan Vertonghen lors des deux matches de préparation mais il est vrai que l'ancien défenseur de Tottenham et de Benfica est désormais âgé de 37 ans et doit sans doute être économisé en vue de la compétition. Deux autres joueurs n'ont pas été utilisés à l'occasion des rencontres amicales précédant l'Euro: le Rennais Arthur Theate, qui peut aussi bien évoluer dans l'axe que sur un flanc de la défense, et Timothy Castagne, l'arrière droit de Fulham. Dans le secteur défensif, Tedesco devra choisir entre l'expérience de Witsel (35 ans), Vertonghen (37 ans) ou Meunier (32 ans) et la jeunesse de Debast, De Cuyper ou Theate.

 

Dans l'entre-jeu, Tedesco aligne régulièrement Amadou Onana, le puissant milieu de terrain d'Everton, qu'il associe au Lyonnais Orel Mangala ou Arthur Vermeeren, arrivé avec l'étiquette de pépite à l'Atletico Madrid en janvier mais à qui Simeone n'accorde que très peu de temps de jeu. Le duo de récupérateurs doit avant tout approvisionner en ballons le toujours flamboyant Kevin De Bruyne, qui a terminé la saison en boulet de canon après sa blessure (10 passes décisives en Premier League en 18 matches seulement) et a glané au passage son sixième titre de champion d'Angleterre avec City, sous le maillot duquel il a compilé plus d'une centaine de caviars, devenant le deuxième meilleur passeur de l'histoire de la Premier League derrière Ryan Giggs. Il ne manque au palmarès immense de KDB, peut-être le meilleur milieu offensif de la planète, dépositaire du jeu, passeur décisif en chef, playmaker ultime, numéro dix à l'ancienne dans un monde du football qui en manque cruellement (n'est-ce pas Didier?), qu'un titre majeur avec sa sélection. Au sommet de son art à bientôt 33 ans, le meneur de jeu belge devrait aborder le tournoi avec une certaine fraîcheur physique, lui qui a été écarté quatre mois des terrains à l'automne, touché aux ischio-jambiers en août 2023 face à Burnley. Honoré pour sa centième sélection, l'homme aux 27 réalisations sous le maillot des Diables Rouges devrait une fois de plus régaler son monde et gaver ses attaquants de véritables offrandes, lui dont le sens de la passe et la capacité à casser les lignes restent absolument uniques.

 

Tedesco poosède une belle panoplie d'options en attaque et De Bruyne ne devrait logiquement pas manquer de coéquipiers à placer sur orbite, à commencer par Romelu Lukaku, meilleur buteur de l'histoire des Diables Rouges avec 85 pions en 115 sélections et auteur de 21 buts en 47 matches avec la Roma. Il ne faudrait pas négliger la solution potentielle représentée par Lois Openda, époustouflant la saison dernière avec le RC Lens et toujours aussi décisif sous le maillot de Leipzig (troisième meilleur buteur de Bundesliga avec 24 réalisations). Autour de ces deux pointes, le sélectionneur pourra compter sur l'apport potentiellement décisif de joueurs comme Leandro Trossard, excellent cette saison sous le maillot d'Arsenal (16 buts dont 4 en Champions League), Jérémy Doku, ailier explosif aux dribbles dévastateurs qui peut semer un joyeux bazar sur son côté et délivrer de bons centres, ou encore la grande révélation du PSV Eindhoven Johan Bakayoko, auteur de 13 buts et 14 passes décisives toutes compétitions confondues et qui a laissé un mauvais souvenir aux supporters lensois. Peuvent également jouer un rôle le très fiable Charles de Ketelaere, vainqueur de la Ligue Europa avec l'Atalanta Bergame, ou l'ancien de Monaco et de l'Atletico Madrid Yannick Carrasco. Magnifiquement armée en attaque avec aux manettes un De Bruyne au service d'attaquants qui ont brillé dans les meilleurs championnats européens, la Belgique possède le potentiel pour faire exploser n'importe quelle défense et faire tourner en bourrique n'importe quel adversaire. Si elle donne libre cours à son talent offensif, elle pourrait être l'une des grandes attractions de cet Euro.