En r
ejoignant
le Milan AC l'été dernier après un passage mi figue-mi jemenfoutiste au
Barça, Zlatan Ibrahimovic est devenu le sixième joueur (d'après nos
minutieuses et geekissimes recherches, n'hésitez pas à nous écrire si
vous avez assez de temps pour en dénicher d'autres) à porter les
couleurs des trois clubs italiens majeurs en termes de palmarès et
historiques rivaux: le Milan AC, l'Inter et la Juventus. Les trois
meilleurs ennemis, qui exercent une domination presque sans partage
sur le football italien, totalisent 47 titres nationaux et 12 victoires
dans la grande Coupe d'Europe depuis la guerre. Passage en revue de six
types qui ne se sont pas fait que des amis en Italie.

Aldo Serena (Italie, attaquant, retraité)
Ald
o Serena connut son moment de gloire avec l'Inter en 1989 lorsqu'il termina meilleur buteur
d'un championnat dominé de la tête et des épaules par son club. Il a la
particularité d'avoir remporté le Scudetto avec les trois équipes: en
1986 avec la Juve de Platini, en 1989 avec l'Inter et par deux fois avec
le Milan en 1992 et 1993, même s'il ne joua qu'une poignée de matches avec les Rossoneri à
la fin de sa carrière. Ses aller-retours entre les deux maisons
milanaises furent très mal perçus par les tifosi de l'Inter, qui se
firent un plaisir de le huer lors d'un rassemblement de légendes passées
du club à l'occasion de la présentation du trophée de champion en 2007.
Régulièrement appelé en équipe nationale entre 1984 et 1990, Serena
participa aux Coupes du Monde 1986 et 1990. Lors du Mondiale italien, il
marqua le jour de son trentième anniversaire contre l'Uruguay mais
manqua le cinquième et dernier tir au but de la Squadra lors de la
demie-finale perdue face à l'Argentine à San Paolo, quittant la pelouse
napolitaine en larmes.

Roberto Baggio (Italie, magicien inclassable, retraité)
A
près cinq saisons passées sous le maillot de la Fiorentina et une Coupe du Monde 1990 du
feu de Dieu, Baggio rejoint les rangs de la Vieille Dame et fait rêver
la moitié bianconera de Turin jusqu'en 1995, année de titre pour la
Juve. Mais Berlusconi le veut et l'arrache au rival piémontais. L'année
suivante, il gagne son deuxième et dernier Scudetto avec le Milan, avec
qui ses performances sont pourtant loin d'être à la hauteur d'un immense
talent (7 buts en 28 matches de championnat) qui faillit offrir presque
à lui seul le Graal mondial à la Squadra en 1994. Après une superbe
saison avec Bologne qui lui vaut à l'âge de 31 ans de participer en
France à son troisième tournoi mondial consécutif (56 sélections et 27
buts au total pour Roby avec l'Italie), Baggio signe à l'Inter où il
vivra deux années très difficiles, l'entraîneur Marcello Lippi étant un
des seuls spécimens sur la planète à ne pas goûter plus que ça le jeu du
Codino. Résultat: neuf petits matches avec les Nerazzuri, et direction
Brescia pour une fin de carrière plus qu'honorable.

Edgar Davids (Pays-Bas, milieu de terrain, Crystal Palace)
Issu
de la diaspora de l'extraordinaire équipe de l'Ajax championne d'Europe 1995, Davids rejoint
ses compatriotes Bogarde, Reiziger et Kluivert à Milanello l'année
suivante, mais ne parvient jamais à s'imposer véritablement au Milan AC.
Vendu à la Juve en 1998, il devient rapidement un élément essentiel au
milieu de terrain aux côtés de Deschamps et rafle trois Scudetti en
1998, 2002 et 2003, disputant plus de 150 rencontres de championnat avec
les Bianconeri. Prêté par la Juventus à Barcelone en janvier 2004, le
pitbull hollandais revient dare-dare en Italie et signe pour trois ans à
l'Inter, avec qui il ne jouera au final qu'une quinzaine de matches.
Davids n'aura brilllé que sous un seul des trois maillots qu'il a portés
en Serie A, s'imposant au cours de ses six saisons turinoises comme
l'un des tout meilleurs milieux défensifs du monde. Il fut néanmoins
battu par le Milan AC en finale de la C1 en 2003 avec la Juve.

Christian Vieri (Italie, attaquant, retraité)
En
1997-98,
Christian Vieri plante 24 pions en autant de matches de Liga avec
l'Atletico Madrid et termine meilleur buteur italien de la Coupe du
Monde en France avec cinq buts. Sous le charme, Moratti met une fois de
plus la main à la fouille et offre un véritable pont d'or au bison
italien, appelé à former pour l'Inter un inarrêtable et complémentaire
duo avec Ronaldo. Sept ans, une grosse centaine de buts et aucun titre
plus tard (mis à part la Coupe d'Italie 2005), Vieri signe pour l'ennemi
rouge et noir. Mais, à 32 berges, le phénomène est à bout de souffle et
va même s'échouer sur le rocher monégasque, où il rend malgré tout
quelques services. Vieri, qui a fait ses débuts en Serie A avec le
Torino en 1991, commence véritablement à faire causer de lui lors de sa
seule saison sous les couleurs de la Juve, avec qui il participe
activement en compagnie de Zidane, Del Piero ou Boksic à la conquête de
ce qui reste son seul titre de champion en 1997. A ce jour, il est le
joueur italien le plus prolifique en Coupe du Monde (9 buts).

Patrick Vieira (France, milieu de terrain, Manchester City)
Patric
k
Vieira n'a que 19 ans et un potentiel clairement monstrueux lorsqu'il
quitte l'AS Cannes pour le Milan AC en 1995. Le club lombard, qui s'en
mord sans doute les doigts, n'est pas suffisamment patient avec le
gamin, que Capello cloue systématiquement sur le banc. Wenger sent le
bon coup, et on connaît la suite. Souffrant notamment de l'émergence de
Fabregas, Big Pat signe à la Juve en 2005 après neuf magnifiques années
londoniennes, et gagne un des deux titres qui seront retirés à la Juve
suite au Calciopoli. Déclarant vouloir continuer à jouer au plus haut
niveau, Vieira refuse de suivre son club en Serie B et rejoint l'Inter, à
la plus grande joie des tifosi bianconeri évidemment. Il ajoute trois
nouveaux Scudetti consécutifs à un palmarès déjà énorme, mais quitte
l'Inter l'année-même où le club remporte la Champions League, le seul
titre majeur qui lui manque, voulant retrouver du temps de jeu avec City
en vue de la Coupe du Monde. Membre du club fermé des joueurs qui ont
transpiré pour les trois géants de la botte, Vieira restera pourtant à
jamais associé à Arsenal.

Zlatan Ibrahimovic (Suède, intermittent du spectacle, Milan AC)
Ibra
himovic est cordialement détesté par les supporters de la Juve, depuis son départ du club
pour l'Inter en 2006 après la relégation en Serie B. Le Suédois fait
partie des rats qui quittent le navire et, comble d'insolence, fait feu
de tout bois avec l'Inter après deux saisons somme toute moyennes à
Turin. Entre 2006 et 2009, les Nerazzuri dominent la Serie A et Zlatan
marque en moyenne vingt pions par an en championnat, régalant les tifosi
de prouesses techniques et de gestes aussi invraisemblables
qu'efficaces. Lorsqu'il quitte l'Italie pour Barcelone, il fait à coup
sûr partie des cinq meilleurs attaquants du monde. Pas sûr, pourtant, au
vu de sa saison 2009-2010 et de celle d'Eto'o (qui marche sur l'eau
actuellement) que le club catalan ait gagné au change dans l'histoire.
Le derby milanais aura lieu le 13 novembre prochain, et Ibrahimovic peut
s'attendre à être sévèrement chambré par les fans de l'Inter. Deux
options possibles: soit il claque un doublé et fait signe au public
qu'il n'entend plus les sifflets, soit il traverse le match comme un
fantôme en se contentant d'une paire d'ailes de pigeon.

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