
Tous
les dix ans, la Squadra bénéficie de l'éclosion d'une paire de talents
dans l'axe central qui la met à l'abri du besoin pour longtemps: a
chaque génération ses tauliers derrière. D'ailleurs, pas moins de onze
défenseurs pour un seul véritable attaquant (Del Piero, 91 sélections)
figurent dans la liste des vingt joueurs les plus capés de l'histoire de
la Nazionale. Parmi lesquels Giuseppe Bergomi, figure discrète mais
indéboulonnable de l'équipe d'Italie pendant pas moins de seize ans, de
1982 à 1998.

Non
seulement l'Inter de Trappatoni parvient-il cette saison-là à rompre
l'hégémonie du rival milaniste, mais il signe le "Scudetto dei record":
58 points sur 68 possibles dont 32 sur 34 à San Siro, meilleure attaque
et meilleure défense du championnat (19 buts encaissés seulement),
dauphin (le Napoli de Maradona) relégué à douze longueurs. Bergomi n'a
jamais gagné le trophée européen suprême mais a tout de même orné sa
vitrine de trois coupes UEFA glanées en 1991, 1994 et 1998, même s'il
n'a pas posé le pied sur la pelouse du Parc des Princes le soir où
Ronaldo et consorts ont marché sur le ventre de la Lazio.
En
sélection, Bergomi totalise 81 sélections et appartient au club très
fermé des joueurs ayant participé à quatre Coupes du Monde, se
permettant même d'en rater une au passage. Il est titulaire lors de la
finale face à l'Allemagne en 1982 à l'âge de 18 ans et avec trente
matches de championnat derrière lui, arborant une fameuse moustache qui
lui vaudra d'être affectueusement surnommé "lo zio" (l'oncle) par les
tifosi. Huit ans plus tard, il porte le brassard de capitaine lors du
Mundiale italien.
Bergomi
appartient à une espèce en voie d'extinction, celle des joueurs dit de
devoir, réguliers, à l'hygiène de vie impeccable et rarement blessés: le
genre de type pas franchement glamour mais qui répond toujours présent
et sur lequel n'importe quel entraîneur (à part Sacchi, donc) peut
compter. Solide, polyvalent, appliqué, intelligent tactiquement, rugueux
sans être dur ni truqueur, propre sans être brillant, il incarne une
forme de sobriété défensive absolue qui ne s'encombre pas de crochets
dans la surface ou de relances brilllantes et ne cherche pas à charmer
les foules. Le genre sans fioritures mais efficace qui n'a jamais les
faveurs du papier glacé mais fait le boulot discrètement à longueur de
saisons jusqu'à ses trente-cinq printemps. Quelque part, il y a du
Bossis chez Bergomi, qui commente aujourd'hui les matches pour Sky
Italia et a dû franchement halluciner de voir la Slovaquie en passer
trois à l'Italie en Afrique du Sud.

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