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mardi 19 octobre 2010

Steaua Bucarest-Barcelone 86: un Duckadam de fer

Quelques semaines avant le début du Mondial mexicain, le Steaua Bucarest et le FC Barcelone s'affrontent en finale de ce qui s'appelle encore la Coupe d'Europe des Clubs Champions sur la pelouse du stade Sanchez Pizjuan de Séville, à jamais maudit dans la mémoire collective nationale pour des raisons trop célèbres qui ont failli remettre en cause l'ensemble du processus de réconciliation franco-allemand.


Quelle que soit l'issue du match, la compétition accouchera d'un vainqueur inédit, puisqu'aucune des deux équipes ne figure au palmarès de la plus prestigieuse des trois coupes européennes, le Barça disputant seulement sa deuxième finale depuis la désillusion de Berne face au Benfica en 1961. Les Blaugrana ont connu un parcours beaucoup plus compliqué que leurs adversaires du jour, qui ont bénéficié d'un tirage au sort plutôt favorable (les Finlandais du FC Lahti en quart de finale), éliminant successivement le Sparta Prague, Porto, la Juventus et l'IFK Göteborg. Le prestige naturel de leurs couleurs et leur tableau de chasse font des Catalans le favori logique de la rencontre.

Côté Steaua, l'équipe est 100% roumaine jusqu'au bout du banc. Le club issu de l'armée et très proche du pouvoir est devenu sous la direction de Valentin et Ilie Ceaucescu (respectivement fils et frère du sinistre dictateur) un véritable outil de propagande politique. Les meilleurs joueurs de l'équipe s'appellent Miodrag Belodedici, défenseur central qui sera dans le onze de l'Etoile Rouge lors de la finale de Bari contre l'OM en 1991, Laszlo Böloni, sélectionné à 108 reprises avec la Roumanie, Marius Lacatus, figure emblématique du club, et Victor Piturca, attaquant prolifique qui fera un bref passage sous le maillot lensois en 1989-90. Côté barcelonais, seuls deux étrangers sont alignés, le nombre étant à l'époque limité à trois: l'extraordinaire Bernd Schuster et sa tignasse blonde, arrivé six ans auparavant, et l'Ecossais Steve Archibald, auteur d'un pion décisif au Stadio Communale en quarts. Francisco Carrasco semble sur le papier la principale menace offensive.

bar steCette finale est la première vierge de tout but de l'histoire de la C1, phénomène qui ne s'est produit qu'à trois reprises (Etoile Rouge-OM 91 et Milan AC-Juventus 2003), et la seconde à se jouer aux tirs aux buts après la victoire de Liverpool sur la Roma au Stade Olympique deux ans plus tôt. Ce soir-là, le scénario de la série s'avère complètement dingue et gagne sa place dans les annales du ballon rond. Pour commencer, aucun des quatre premiers joueurs (Majearu et Bölöni pour le Steaua, Alexanko et Pedraza pour le Barça) à s'essayer des onze mètres ne met la chique au fond. Seuls Lacatus et Balint parviennent à marquer, tous les tireurs barcelonais voyant leur tentative repoussée par un Helmuth Dukadam tout bonnement en état de grâce qui gagne son surnom de "héros de Séville" et se permet de réussir un exploit inédit en Coupe d'Europe un soir de finale. A noter que le bonhomme n'est même pas le gardien de l'équipe nationale, la place étant occupée par Silviu Lung, portier de Universitatea Croiava. 

A cause de la performance hors normes du gardien roumain, le Barça devra patienter six longues années de plus et la finale de la 37ème édition de l'épreuve, jusqu'au fameux coup franc de Koeman à Wembley contre la Sampdoria, pour enfin inscire son nom au palmarès d'une compétition que le club a remporté deux fois depuis. Le Steaua sera demi-finaliste en 1987-88, puis à nouveau finaliste, malheureux cette fois, contre le Milan AC en 1989, lors d'un match où l'apathie de la bande à Hagi, balayée 4-0, n' a pas manqué de créer la suspicion. Suite à un différend avec Nicu Ceaucescu au retour de la finale, Dukadam aurait reçu la visite de la Securitate qui lui aurait retourné un à un les doigts et brisé les poignets. Il fut en tout cas dès 1986 atteint d'une maladie rare du sang qui le tint éloigné des terrains pendant trois ans. Il eut l'honneur d'être décoré du mérite sportif en 2008 par le président roumain pour sa contribution décisive au seul titre européen du Steaua dont il est à l'heure actuelle le président.

7 mai 1986, Estadio Sanchez Pizjuan, Séville: Steaua Bucarest 0 - FC Barcelone 0 (4 tirs au but à 2)
 Steaua Bucarest: Duckadam - Iovan - Belodedici - Bumbescu - Barbulescu - Balint - Balan (Iordanescu 75) - Bölöni - Majearu - Lacatus - Piturca (Radu 107)
 FC Barcelone: Urruti - Gerardo - Migueli - Alexanko - Alberto - Munoz - Pedraza - Schuster (Moratalla 85) - Carrasco - Archibald (Pichi Alonso 106) - Marcos Alonso





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