Ces me
cs-là étaient
d'honnêtes joueurs de ce qui s'appelait encore la Division 1,
des footeux ni franchement surdoués ni dotés d'une classe naturelle
évidente. Plutôt des mouilleurs de maillot ou, selon l'expression
consacrée, des joueurs de devoir, que des internationaux en puissance.
Suite à un inhabituel alignement cosmique, une pénurie particulièrement
profonde à leur poste ou une grosse biture du sélectionneur,ou les
trois, ils eurent pourtant l'honneur, parfois à à plusieurs reprises, de
porter le maillot bleu que c'est le symbole de la patrie éternelle que
c'est aussi pas bien de pas le respecter ou de pas suer dedans que de
pas connaître les paroles de la Marseillaise. Cette sélection de
sélectionnés, comme toujours discutable, est sponsorisée par Panini avec
le soutien de l'amical du taquet franc et de la chaussure à bout carré
réunis.

Pascal Baills (latéral droit, 1 sélection)
L'ami
Pascal n'a connu qu'une sélection en équipe de France, remplaçant
Pascal Vahirua à la 56ème minute d'une victoire 5-0 face à l'Albanie en
mars 1991 (doublés de Sauzée et Papin), pour la simple et bonne raison
qu'il préférait consacrer les trêves internationales à la rédaction de
sa thèse de doctorat. C'est tout à son honneur. Ce soir-là, il est quand
même gracieusement venu donner un petit coup de main à Platoche avant
de laisser la place de latéral droit à un autre artiste du centre,
Jocelyn Angloma. Baills est l'icône ultime de Montpellier avec lequel il
a disputé près de 400 matches de championnat et l'un des grands
représentants engagés d'un certain footballeu du sudeu. Recruté par l'OM
après sa pige avec le Bleus, il gagne son seul titre de champion avec
le club phocéen en 1992. 1991-1992, les années de gloire de Pascal
Baills.

Patrick Blondeau (latéral droit, 2 sélections)
Du tr
ès,
très lourd. Blondeau restera à jamais célèbre pour avoir mis un coup de
boule à un policier casqué qui s'en prenait à son coéquipier Peter
Luccin lors d'une fin de match plus qu'houleuse à Bologne en 1999. De
tous les bons coups, il est aussi en première ligne dans la fameuse
baston du couloir de Vélodrome avec Gallardo et compagnie en 2000.
Barton, Keane, Rool, Di Meco et tous les petits joueurs du même acabit
peuvent aller se rhabiller: le vrai caïd, c'est Blondeau. Né à
Marseille, passé à Septèmes comme Zizou, puis à Martigues, il rejoint
l'AS Monaco en 1989, où il passera huit saisons. En 1997, il profite de
la superbe saison monégasque (titre de champion avec Benarbia, Anderson,
Petit, Barthez) et dispute deux matches amicaux remportés par la
France contre la Suède et au Portugal. 40 minutes en bleu et pas le
moindre carton: un poil décevant.

Jean-Pierre Cyprien (défenseur central, 1 sélection)
Com
me
Jérôme Gnako, l'homme aux trois prénoms est de la première liste
estampillée Aimé Jacquet, sept ans après ses débuts en D1 avec Le Havre.
Face à l'Italie à Naples en 1994, il remplace Christian Karembeu sur le
côté droit d'une défense également composée de Roche, Desailly et Di
Meco. Comme Gnako, il ne sera plus jamais convoqué par Jacquet. Cette
année-là, Cyprien évolue à Saint Etienne, qui termine à la onzième place
du championnat et dont il est censé être le nouveau taulier défensif
après le départ de Kastendeuch. A l'époque, le défenseur français a la
cote en Italie, et il rejoint le Torino a l'été en 1994, pour une saison
et au revoir. Ensuite ce sera Rennes, Neuchatel Xamax, Lecce,
Marseille, la Salernitana, Crotone. Malgré ses périgrinations, le
Guadeloupéen a mis un terme à sa carrière sans avoir gagné le moindre
titre.
Pascal Despeyroux (milieu de terrain, 3 sélections)
Toulo
usain
pur jus, ce mileu de terrain déménageur a passé sept saisons sous le
maillot du TFC avant de rejoindre l'ASSE en 1992. Despeyroux est le
prototype du joueur de D1 passe-partout, limité à souhait mais capable à
force de cavaler, d'ahaner et de promener sa tignasse aux quatre coins
du terrain de se mettre tous les kops du monde dans la poche. Le Patrice
Carteron de l'entrejeu, en somme. Sélectionné à trois reprises dans la
foulée de son titre ce champion d'Europe espoirs glané en 1988 aux côtés
de Blanc, Canto ou Sauzée, il profite de la période de disette
post-Platini pour disputer trois rencontres amicales face à Israël, la
Suisse et la Tchécoslovaquie. Face aux Tchèques en août 1988, Henri
Michel expérimente un nouveau carré magique
Despeyroux-Pardo-Sauzée-Passi qui en dit long sur la santé du football
français à l'époque. Au moins Despeyroux peut-il se vanter de ne pas
avoir connu la défaite en bleu.

Jean-Luc Dogon (défenseur, 1 sélection)
Un a
utre
champion d'Europe espoirs 1988, qui commence sa carrière comme milieu
de terrain au Stade Lavallois avant un passage au Matra Racing puis un
long bail en défense centrale avec les Girondins où il forme un fameux
duo de ballerines avec Didier Sénac, lui-même appelé à trois reprises.
Contrairement à beaucoup de ses camarades sacrés en 1988, très (trop?)
rapidement convoqués chez les Bleus, Dogon doit attendre cinq ans et un
match amical face à la Russie en jullet 1993 pour connaître sa première
et seule sélection en remplaçant Basile Boli à l'heure de jeu. Une
blessure l'empêchera de répondre à une nouvelle convocation. Quand on
voit qu'un type comme Casoni compte 30 sélections au compteur, on se dit
que la vie fut sans doute injuste pour Jean-Luc Dogon. Qui sait si lui
il n'aurait pas su l'arrêter, lui, Kostadinov?

Bruno Germain (milieu de terrain, 1 sélection)
Le c
harismatique
Bruno Germain, au même titre que Di Meco ou Boli, est irrémédiablement
associé aux délicieux matches OM-PSG du début des années 90, qu'il a
disputés avec les deux clubs, participant activement à la baston
générale. C'est le "joueur de devoir" par excellence, au menton carré, à
la tête dure et aux coudes aiguisés, qui n'hésite pas à sécher
l'attaquant adverse dans l'intérêt de la communauté. Après ses débuts
professionnels avec Nancy, où il évolue pendant quatre saisons, le
bûcheron des pelouses signe au Matra Racing en 1986, et est appelé
l'année suivante en équipe de France par Henri Michel. Germain est
titulaire au milieu de terrain aux côtés de Poullain et Bijotat lors
d'une douloureuse défaite 0-1 au Parc face à la RDA en novembre 1987
dans le cadre des qualifications pour l'Euro 88. On ne le reverra plus
en bleu. Faut pas déconner non plus. Trois fois champion de France et
finaliste de la C1 avec l'OM, tout de même, le type. La vie a vraiment
été injuste pour Jean-Luc Dogon.

Nicolas Gillet (défenseur, 1 sélection)
Cette f
ichue
Coupe des Confédérations, outre qu'elle n'a strictement aucun intérêt
sportif et ne sert qu'à remplir les poches de la FIFA si besoin en
était, aura quand même permis à un certain nombre de joueurs qu'on
imaginait à des années-lumière de la sélection de tâter du maillot bleu.
Nicolas Gillet doit sans doute sa seule sélection à la superbe saison
du FCNA 2000-2001, car individuellement, le bonhomme, qui promenait un
faciès un brin hagard d'adolescent attardé sur les terrains de France et
de Navarre, ne ressortait pas exactement du lot et présentait le
parfait profil du défenseur hexagonal moyen, capable de rendre des
services à Lens ou au Havre. Plutôt lent et pas toujours royal dans la
relance, Gillet n'avait a priori rien de plus qu'un Decroix ou un Guyot,
et on se doutait vaguement qu'on ne tenait pas avec lui le successeur
de Laurent Blanc.

Jérôme Gnako (milieu de terrain, 2 sélections)
Dison
s-le
tout net, le mystère Gnako ne sera jamais entièrement résolu. Finaliste
de la Coupe des Coupes 1992 avec le Monaco de Petit, Dib et Weah, ce
milieu offensif dégingandé et ahuri piqué à Angers par l'ASM est appelé
par Gérard Houllier pour un match de qualifications face à l'Autriche en
novembre 1992 (2-0, Papin et Cantona, pour changer) au cours duquel il
remplace Laurent Fournier. Qui se souvient que l'énergumène du Rocher
était titulaire de la première équipe Jacquet lors de la victoire de la
France en Italie le 16 février 1994 à Naples, rencontre souvent
qualifiée de fondatrice a posteriori et qui marque aussi sa dernière
apparition en bleu? Pas grand-monde, sans doute. Cette année-là, Gnako
atteint le dernier carré de la C1 avec l'ASM, mais c'est le début de la
fin. L'existence pourrie par des blessures à répétition, il met un terme
à sa carrière à 28 ans après une dernière saison avec Nice.

Frédéric Née (attaquant, 1 sélection)
En 20
00-2001,
Frédéric Née signe la saison de sa vie avec Bastia, qui compte tout de
même dans ses rangs des joueurs comme Essien ou Lachuer, et plante seize
pions en championnat. Victime du syndrôme Pouget, Roger Lemerre le
retient pour la Coupe des Confédérations, sorte de Coupe de la Ligue des
sélections. Née est titulaire lors d'un match de sinistre mémoire perdu
face à l'Australie dans une équipe de France où Roger, en mode roue
libre après le triomphe de l'Euro, se permet d'aligner une défense
Camara-Gillet-Leboeuf-Bréchet totalement surréaliste. Dans la foulée,
Née signe chez le nouveau champion de France lyonnais et devient le
premier d'une longue lignée d'attaquants de classe qui feront rêver
Gerland (Marlet, Govou, Piquionne, Elber, Carew). Trois buts en deux
saisons sur les bords du Rhône et retour dare-dare en Corse pour un
joueur respectable fait pour les clubs de ventre mou.

Amara Simba (attaquant, 3 sélections)
Sans
une
fracture du péroné survenue en avril 1992, Amara Simba, dit le Roi
Lion, aurait fait partie de la liste de Michel Platini pour l'Euro 92 en
Suède, ce qui laisse assez rêveur avec le recul. Il fut remplacé par le
buteur montpelliérain Fabrice Divert, dont la sélection en dit long sur
la profondeur des ressources offensives de l'équipe de France derière
le duo Papin-Cantona. Plusieurs saisons durant et notamment sous le
maillot du PSG, Simba se fit une spécialité de marquer sur quelques
acrobatiques bicyclettes et de rater à peu près tout le reste, imité
dans cette voie par Laurent Leroy quelques années plus tard. Il a connu
ses meilleures années avec l'AS Cannes et Caen et n'a même pas passé la
barre des 50 pions en Division 1 en plus de 200 apparitions. Un des
attaquants les plus éloignés du niveau international à avoir joué en
équipe de France.

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