M
ario
Jardel, serial buteur brésilien à son sommet il y a une petite dizaine
d'années, paiera sans doute toujours le fait de n'avoir évolué que dans
des championnats européens dits mineurs (Portugal et Turquie) et de
n'avoir jamais signé pour un des grands clubs italiens, français ou
espagnols qui lui faisaient les yeux doux à l'époque. Du coup, les
statistiques incroyables de ce joueur qui fut pendant une paire d'années
un des goleadors les plus prolifiques et réguliers du Vieux Continent
seront toujours dévaluées et considérées avec un certain mépris par les
spécialistes du ballon rond.
Nul
doute pourtant que Jardel n'aurait pas subitement arrêté de planter
s'il avait rejoint l'OM ou le Milan AC. Le Brésilien était, de par son
gabarit et son exceptionnelle détente, un des meilleurs joueurs de tête
de l'histoire du jeu ainsi qu' un monstre d'efficacité et de présence
physique dans la zone de vérité. En un mot, le protoype de l'attaquant
de surface, quelque part entre Koller et Trézéguet.

En quatre campagnes européennes, Jardel claque 19 buts en 32 apparitions, ce
qui met une sérieuse claque à l'argument selon lequel son
rendement exceptionnel serait essentiellement dû à la faiblesse des
défenses portugaises. Lorsqu'il quitte Porto pour Galatasaray à l'été
2000, il a gagné ses galons de légende locale aux côtés des Madjer et
Futre.
Le
club turc, qui vient de remporter la Coupe UEFA aux dépens d'Arsenal,
cherche à se faire une place au soleil parmi les cadors européens et
pense avec raison faire un gros coup en recrutant Jardel. Mais le
Brésilien, malgré une saison plus que correcte (22 pions en championnat,
6 en C1) peine à s'adapter et à cacher son blues. Il quitte la Turquie
au bout d'un an et revient au Portugal sous les couleurs du Sporting,
avec qui il fait littéralement exploser les compteurs en 2001-2002: 42
buts en 30 matches de championnat, 7 buts en coupe nationale et 6 en
UEFA pour une saison à 55 buts.
Sans
surprise, il est élu meilleur joueur du Portugal par le journal Record,
qui n'a jamais aussi bien porté son nom, mais cette année hyperbolique
est aussi la dernière avant le début du déclin. Régulièrement blessé et
souffrant de sévère dépression, Jardel ira traîner sa saudade et ses
kilos en trop à Bolton, Ancône (où les fans le surnomment "lardel" à
cause de son bide), Famagouste, ou encore Newcastle (l'autre, en
Australie). A 37 ans, il serait actuellement sous contrat avec le club
bulgare de Cherno More Varna.
Même
si sa fin de carrière en roue libre gâche un brin le tableau, Jardel,
sélectionné à dix reprises avec la Seleçao, restera tout de même dans
les mémoires comme un redoutable empileur de pions, à l'image de sa
saison 2001-2002, chef d'oeuvre d'efficacité. A titre de comparaison, le
meilleur score de Lisandro sur une saison avec Porto est de 24 buts, et
seuls trois joueurs ont comme Super Mario passé la barre des quarante
réalisations en championnat
du Portugal: Fernando Peyroteo (43 en 1946-47), attaquant du Sporting
et meilleur buteur de l'histoire de l'épreuve, le grand Eusebio à deux
reprises avec Benfica (42 en 1967-68 et 40 en 1972-73) et l'Argentin
Hector Yazalde (46 en 1973-74), qui fera les beaux jours de l'OM au
milieu des années 70 (19 buts en D1 en 1975-76).
En
2001, Jardel ne fut pas très loin paraît-il de rejoindre le club
phocéen et au vu de la forme époustouflante qu'il afficha la saison
suivante, les supporters marseillais peuvent nourrir quelques regrets.
D'autant que leurs attaquants de l'époque s'appelaient Ibrahima
Bakayoko, Lamine Sakho et Cyril Chapuis.


Ce grand Jardel... Je me demande pourquoi je ne l'achetais jamais à l'Entraineur. Probablement à cause de ces foutus permis de travail en PL.
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