Le sort a voulu que
quatre des cinq équipes sud-américaines encore en lice se
retrouvent dans la même partie de tableau et que les deux premiers
huitièmes de finale opposent le Brésil au Chili et la Colombie à
l'Uruguay. Dans l'autre moitié de l'arbre, l'Argentine doit se
sentir bien seule, elle qui ne pourra affronter l'un des membres du
club des quatre qu'à l'occasion d'une très éventuelle finale,
après avoir au préalable franchi l'obstacle suisse, maté de très
ambitieux Belges et s'être offert un remake de la triste finale de
1978 contre les Pays-Bas: une formalité, en somme.
Mais n'anticipons
pas, comme aime à le répéter François Hollande, et évitons de
faire des plans sur la comète, comme disait Haley (Haley les Bleus
bien évidemment), puisque cette Coupe du Monde réserve encore sans
doute son lot de surprises (pour les pronos, allez voir Marcel, vous
n'êtes pas sur le bon site).
Pour les ceusses qui
regardent ce Mondial non avec l’œil du supporter et un poulet sur
la tête mais avec celui de l'esthète et de l'hédoniste, les deux
affiches du jour ressemblent furieusement à deux confrontations avec
ce que l'on appelle dans le jargon très spécialisé, que seuls
Jean-Michel Larqué et une poignée de sommités maîtrisent, les
gentils et les méchants. Nous l'allons montrer tout à l'heure, et
pas plus tard que dans pas longtemps. Aujourd'hui, il s'agira pour
une fois non de se cantonner à la froide analyse, mais de choisir
son camp, camarade (et c'est un joli mot, camarade), au nom d'une
certaine idée du fouteballe et d'un certain nombre de valeurs,
certes forcément moins nobles que celles de l'ovalie, mais quand
même pas mal dans l'ensemble.
Pour affronter le Chili,
Scolari va semble-t-il faire le choix de l'offensive en remplaçant
Paulinho par Fernandinho (Paulo, Fernand, Jo, Bernard, Oscar, Fred,
la bande quoi), un choix d'une audace que nous n'hésiterons pas à
qualifier de cyranienne pour un match à élimination directe. Pour
le reste, le plan tactique devrait ressembler à celui testé à
l'occasion du premier tour: filer la chique à Neymar et implorer le
ciel puisque, comme chacun sait, Dieu parle portugais (on dit même
qu'il écouterait de la bossa nova à ses heures perdues, et vu la
gueule de la planète, il doit en avoir le bougre).
Reste à savoir comment le Colonel Moustache avec un chandelier dans la bibliothèque réagira à cas où son équipe se trouve en difficulté et peine à mettre en danger Vidal et compagnie. En même temps, quand on a Jô et Bernard sur le banc, on peut dormir tranquille. Et d'après le rumeurs, il paraît même que Scolari, c'est vous dire l'ambiance.
Reste à savoir comment le Colonel Moustache avec un chandelier dans la bibliothèque réagira à cas où son équipe se trouve en difficulté et peine à mettre en danger Vidal et compagnie. En même temps, quand on a Jô et Bernard sur le banc, on peut dormir tranquille. Et d'après le rumeurs, il paraît même que Scolari, c'est vous dire l'ambiance.
Bourreaux de l'Espagne et
auteurs d'un début de tournoi remarquable, les Chiliens ont montré
à peu près quatre fois plus de football que leurs adversaires du
jour et surtout une attitude collective nettement plus cohérente. A
l'image de capitaine Vidal, un des joueurs les plus polyvalents au
monde, son milieu se montre aussi efficace à la récupération qu'à
l'aise balle au pied. L'équipe est capable de mouvements d'une
remarquable fluidité (le premier but contre l'Espagne, magnifique)
et défend comme une bande de chats maigres. Sur tous les plans, les
joueurs de Sampaoli possèdent le profil parfait pour donner des maux
de tête à tout un pays, même si le Chili n'a jamais battu le
Brésil sur son sol. En l'occurrence, un match nul pourrait suffire,
pourvu que Claudio Bravo dame le pion à Julio Cesar lors d'une série
de tirs aux buts qui aurait tout d'un irrespirable thriller.

Sans vouloir jouer les
Thierry Mariani de service, il convient tout de même de rappeler que
Suarez est un récidiviste et que son dossier commence à être un
tantinet chargé: morsure sur Ivanovic, accusations de propos
racistes envers Evra, plongeons à répétition dans toutes les
surfaces de Premier League. Il ne s'agit pas ici de tomber dans
l'angélisme, puisque c'est de football et de sport de haut niveau
dont on parle, simplement de poser certaines limites. De la même
manière qu'on ne sent pas le cul Didier, on ne mord pas les gens.
Point à la ligne.
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Si encore la Celeste se
montrait vaguement séduisante sur le pré, on pourrait lui trouver
des circonstances atténuantes (à l'équipe, pas à Suarez, vous
suivez ou vous pensez déjà à l'apéro de ce soir?), mais ses trois
prestations furent particulièrement laides: désintégration en
règle contre le Costa Rica, service minimum contre l'Angleterre et
prudence à la limite du compréhensible lors du rendez-vous décisif
avec l'Italie.
Autant l'Uruguay faisait vibrer en Afrique du Sud avec
un effectif pourtant similaire, autant elle n'inspire qu'antipathie
durant cette Coupe du Monde. L'Uruguay sera-t-il la Grèce 2004 de ce
Mondial, c'est-à-dire une équipe persuadée d'affronter la terre
entière et qui passe les tours en verrouillant derrière et misant
sur les coups de pied arrêtés? Espérons que non, mais comme Dieu
ne comprend pas l'espagnol on peut se montrer optimiste.
La Celeste va se coltiner
une équipe colombienne qui ressemble furieusement à son antithèse:
joueuse, naturellement portée vers l'avant, vive, inspirée,
imaginative. Malgré l'absence de Falcao, les Cafeteros ont développé
un jeu chatoyant et emballant, portés par un James Rodriguez
(peut-être le plus beau pied gauche du tournoi) extraordinaire
d'aisance, de justesse technique et de vista à la baguette. Tous les
joueurs majeurs font le boulot et tirent l'ensemble vers le haut:
James donc, mais aussi le virevoltant Cuadrado, les excellents Armero
et Zuniga ou encore l'homme à tout faire Freddy Guarin. Même Yepes
semble s'offrir une cure de jouvence au Brésil, et le très puissant
Jackson Martinez a claqué un doublé face au Japon qui l'aura mis
dans les meilleurs dispositions au meilleur moment. Son duel contre Godin, qui peut prétendre au titre de meilleur défenseur du monde à l'heure actuelle, pourrait sérieusement endommager la pelouse du Maracana.
Excellent !
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