post-labels {display: none}

samedi 23 novembre 2024

Deschamps, le scandale permanent


"La renaissance". C'est le titre qu'a choisi le torchon préféré des amateurs de sport de ce pauvre pays, qui étant donné ses faibles compétences en langues étrangères ne peut accéder au contenu souvent bien supérieur de la rubrique football du Guardian, au lendemain de la victoire 3-1 en Italie. La renaissance donc. Ben voyons. Alors qu'on a eu droit comme d'habitude à la formule maison (un Khroutchev pas piqué des hannetons, révisez vos classiques), à savoir sept bourrins (exception faite de Lucas Digne, qui s'impose comme une vraie alternative à Hernandez) et trois dragsters, aucun créateur au milieu (mais que diable fait Guendouzi dans cette équipe?) et un trio offensif d'une indigence technique cataclysmique, sans doute le plus faiblard jamais aligné en sélection. Résultat: pas une action construite digne de ce nom et trois buts marqués sur coups de pied arrêtés. Un sommet de réalisme cynique et froid. Rappelons que Kolo Muani est remplaçant au PSG (sans doute parce que Luis Enrique est un illuminé qui n'entend rien au football), que Nkunku ne joue pas en Premier League avec Chelsea et que l'indispensable Marcus Thuram compte désormais le total mirifique de deux buts en 29 sélections, marqués contre des équipes aussi redoutables que l'Irlande et Gibraltar. Rappelons également au passage, et pas seulement d'un train, qu'un joueur magnifique comme David Ginola, trop doué, trop grande gueule, trop artiste, s'est arrêté à 17 sélections. Mais, contrairement à Thuram, il n'assurait pas le repli défensif sur son côté gauche.

lundi 15 juillet 2024

La revanche des sans-grade

Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'Angleterre n'était pas favorite de cette finale. Parce que Carvajal, joueur à la fois détestable et admirable, ne sait pas perdre une finale, lui qui vient en quelques semaines de remporter la Liga, la Champions League et l'Euro, et parce qu'Harry Kane, décidément maudit, semble incapable de gagner le moindre titre. Parce que les Three Lions, malgré les générations dorées qui se succèdent, n'étaient jamais allés au bout à l'occasion d'un championnat d'Europe. Parce que la Roja avait affiché depuis le début de la compétition un niveau de jeu remarquable et réussi à créer une véritable identité collective, qui faisait cruellement défaut à son adversaire du jour, terriblement indépendant de ses individualités. Parce que l'Espagne était facilement venue à bout de la Croatie et de l'Italie avant de terrasser l'Allemagne et la France, deux des favoris du tournoi, pendant que l'Angleterre galérait et affichait ses limites face à la Slovaquie, la Suisse et les Pays-Bas. Parce que De La Fuente était parvenu à réinventer le football espagnol et à le sortir de l'impasse d'un jeu de possession stérile et sclérosé tandis que Southgate restait terriblement prisonnier de ses schémas et de ses idées. Finalement, au terme d'une seconde mi-temps souvent emballante après un premier acte plutôt fermé, la meilleure équipe de la compétition, mais aussi la plus séduisante, celle qui correspond le plus à l'idée qu'on se fait du jeu, s'est adjugée le trophée, et il s'agit d'une excellente nouvelle pour le football.

mercredi 10 juillet 2024

Le football a gagné

Que se serait-il passé si les Belges, au lieu d'attendre on ne sait quoi et de faire preuve d'un attentisme affligeant, avaient décidé de jouer et de rentrer dans le lard de cette défense bleue qu'on disait infranchissable et qui a cédé par deux fois hier soir ? Que se serait-il passé si les Portugais, qui ont semblé craindre les Français tout au long du match, avaient su profiter de la supériorité criante balle au pied que pouvaient leur donner les Fernandes, les Vitinha, les Bernardo Silva, au lieu de jouer à la baballe pendant cent-vingt minutes? Quel serait le bilan de Didier Deschamps au terme de cet Euro? D'aucuns, qui doivent posséder des actions dans le béton armé, osent encore défendre le sélectionneur, sous prétexte qu'il aurait une fois de plus réussi à porter son groupe jusqu'au dernier carré. Certes, mais de quelle manière? En ne parvenant à battre l'Autriche que sur un but contre son camp, en signant un match horrible face aux Pays-Bas, en concédant un nul affligeant face à une faible Pologne, en ne venant à bout d'une Belgique craintive et friable en défense que grâce à un petit miracle à cinq minutes du terme et en éliminant un décevant Portugal sans marquer de but. Telle est la réalité du tournoi des Bleus: terne, pour ne pas dire minable, pauvre, sans idées, sans imagination, ennuyeux et peu enthousiasmant. Un parcours à l'image d'un sélectionneur fidèle jusqu'au bout à ses conceptions sécuritaires et son idée ultra-défensive du jeu, qui a fait preuve d'un mépris hallucinant pour les esthètes du football, priés de changer de chaîne s'ils n'étaient pas satisfaits, et qui se sont réjouis de la qualification espagnole. Le grand Michel Hidalgo doit se retourner dans sa tombe, lui qui n'hésitait pas à aligner trois milieux offensifs et ne considérait pas que seul le résultat comptait. Dans le football, la manière existe aussi, monsieur Deschamps, et il y a quarante ans, Platini a marqué à lui seul neuf fois plus de buts que votre équipe dans cet Euro.

jeudi 4 juillet 2024

Deschamps ou le football moche

Nous avions déjà eu l’occasion d’écrire, il y a de cela plus de trois mois, suite au match amical perdu face à l’Allemagne, à quel point les conceptions ultra-sécuritaires et conservatrices de Deschamps nous déplaisaient au plus haut point. Privés de Griezmann, les Bleus avaient évolué sans aucun milieu créateur et subi la loi des Kroos, Gündogan, Wirtz et Musiala, largement supérieurs techniquement. Face à la Belgique, le joueur de l’Atletico Madrid était bien présent, mais aligné dans une position de faux ailier droit au sein du 4-3-3 maison, sans doute pour aider Koundé à contrôler Doku, car une fois de plus le sélectionneur attache semble-t-il plus d’importance aux missions défensives de ses attaquants qu’à leur impact offensif. Griezmann n’a donc jamais pu peser sur le jeu ni faire le lien entre milieu et attaque et a traversé le match comme une ombre, bon soldat qui joue où on lui dit de jouer, toujours prêt à se sacrifier pour le collectif, même si cela veut dire jouer les arrières latéraux bis et passer son match à défendre. Incroyable mais vrai, c’est la plupart du temps à Aurélien Tchouameni qu’est revenue la tâche d’orienter le jeu et de diriger la manœuvre, et le Madrilène s’est plutôt bien acquitté de sa mission, adressant quelques jolies transversales et changeant souvent le jeu à bon escient. Deschamps comptait peut-être sur Rabiot pour assumer ce rôle, mais l’ancien Parisien s’est montré trop timide et discret, et on ne peut que se lamenter de voir un pur récupérateur, qui ferait passer Luis Fernandez pour Socrates et qu’Ancelotti aligne parfois en défense centrale, prendre la direction des opérations en équipe de France. Contre la Pologne, on a même vu Kanté en position de meneur de jeu, et les limites techniques du petit protégé de Deschamps, par ailleurs irréprochable, ont sauté aux yeux.

mardi 25 juin 2024

L'Italie entre espoirs et limites

L’Italie est passée à quelques secondes de l’élimination face à la Croatie hier soir à Leipzig, sauvée in extremis par un but du sans-grade Mattia Zaccagni suite à un magnifique dépassement de fonction de Calafiori, décidément l’une des rares satisfactions italiennes de cet Euro, qui choisit de porter seul le ballon au coeur de la défense adverse avant de décaler impeccablement le héros de la Lazio. Longtemps devant au score grâce à un but de l’éternel Modric, qui venait une minute plus tôt de voir son penalty repoussé par un Donnarumma une nouvelle fois éblouissant, comme si le fait de porter le maillot de la sélection avait le don de le transcender et de l’animer d’une confiance inébranlable, les joueurs croates, allongés sur la pelouse, semblaient inconsolables au coup de siflet final. Il leur faudra désormais poursuivre leur route sans leur maître à jouer et capitaine Modric, qui est devenu à près de 39 ans le joueur le plus âgé à marquer lors d’un Euro et dont le but italien a sans doute sonné le glas d’une longue et brillante carrière internationale de la plus cruelle des façons. On savait que ce groupe de la mort ferait au moins une victime de poids, mais on pouvait difficilement imaginer une telle domination de la Roja, qui s’est imposée face à l’Albanie avec les coiffeurs, ni que le sort de cette poule se jouerait à la dernière seconde du dernier match entre le tenant du titre et le demi-finaliste du dernier Mondial. Miraculée, la Nazionale affrontera la Suisse en huitièmes, et au vu de la performance des Helvètes face à l’Allemagne et des joueurs de Spalletti hier soir, ce sera tout sauf une partie de plaisir.

lundi 24 juin 2024

Le miracle de Francfort

Face à une équipe suisse remarquablement organisée et agressive dans le bon sens du terme, l'Allemagne est passée à deux doigts de s'incliner et de laisser filer la première place du groupe. Ce résultat nul arraché dans le temps additionnel aura peut-être une influence sur la suite du parcours de la Mannschaft, puisqu'au lieu d'affronter en huitièmes le deuxième du groupe B, qui pourrait être l'Italie ou la Croatie, elle croisera la route du deuxième du groupe C, à choisir probablement entre le Danemark, la Slovénie et la Serbie. Nous souhaitons bonne chance aux futurs adversaires de la Nati, qui trois ans après avoir éliminé la France en huitièmes de finale à Bucarest, a failli signer l'une des performances majeures de cet Euro en s'offrant le scalp de l'Allemagne à Francfort. Alors que Nagelsmann avait choisi d'aligner le même onze pour la troisième fois consécutive, ce qui a peut-être pour effet de rendre son équipe plus prévisible, la Mannschaft n'a dû son salut qu'à son banc, puisque c'est Raum, entré en jeu à la place de Mittelstädt sur le flanc gauche de la défense, qui a trouvé la tête du remplaçant Niclas Füllkrug, auteur de son deuxième but dans cet Euro et dont on se demande s'il ne devrait pas prendre la place d'un Havertz une fois de plus transparent, à la 92ème minute. Pour leur prochain match, Nagelsmann se verra privé de Jonathan Tah, suspendu et qui a affiché quelques signes de fébrilité et de nervosité, tout comme Rüdiger, bien loin de son niveau madrilène et qui devrait faire la paire dans l'axe avec Schlotterbeck.

dimanche 23 juin 2024

Les vieux vous saluent bien

Pepe ne fait décidément pas son âge. A 41 ans, l'ancien boucher du Real Madrid, exécuteur des basses œuvres sous Mourinho, semble enfin s'être acheté une conduite et a sorti un match de patron face à la Turquie. Sorti sous les ovations des supporters portugais, le doyen de la compétition a multiplié les interventions tranchantes et régné dans le domaine aérien face à une opposition il est vrai limitée notamment par l'absence de la petite merveille Arda Güler en début de rencontre. Jamais pris en défaut et toujours bien placé, le défenseur du FC Porto a parfaitement géré les affaires courantes aux côtés de l'impeccable Ruben Dias à l'occasion de sa 138ème sélection. Quant à Cristiano Ronaldo, qui dispute son sixième championnat d'Europe consécutif, il a offert sur un plateau le troisième but à Bruno Fernandes suite à un alignement catastrophique de la défense turque qui lui laissa tout le loisir de négocier tranquillement un deux contre un face à Bayindir. En d'autres temps, le quintuple Ballon d'Or aurait peut-être cherché à conclure lui-même pour gonfler ses statistiques personnelles, mais lui qui a promis de se mettre entièrement au service de l'équipe et du collectif semble tenir parole. Pour l'instant, son remplaçant naturel Gonçalo Ramos doit se contenter de ronger son frein et n'a pas joué la moindre minute dans cet Euro, Roberto Martinez ayant semble-t-il décidé que sa star devait jouer tous les matches jusqu'au bout. A 39 piges, l'icône nationale tient encore remarquablement sa place, même si on peut l'accuser de phagocyter le jeu de son équipe et d'inhiber ses coéquipiers, qui cherchent systématiquement à le trouver dans les meilleures conditions.

mardi 18 juin 2024

Une victoire et des questions

Gagner sans marquer de but, c'est sans doute cela le style Deschamps. Au terme d'un match rugueux, tendu et engagé qui n'aura pas épargné les organismes et n'avait rien d'une mise en jambes, les Bleus se sont imposés sur la plus petite des marges et dans la douleur grâce à un but contre son camp de Wöber consécutif à un débordement de Mbappé. Physiquement au point et préparés au combat, ils ont parfaitement répondu au défi physique imposé par des Autrichiens souvent à la limite de l'acceptable, à l'image de cette poussette de Wöber, déjà averti, sur Griezmann, qui est allé percuter les panneaux publicitaires et s'est ouvert le cuir chevelu. On savait pertinemment qu'en dehors d'un pressing féroce, que les hommes de Deschamps ont su déjouer par des sorties de balle propres, des duels aériens sur coups de pied arrêtés et une intensité de tous les instants, les Autrichiens n'auraient pas grand-chose à proposer, et Maignan, irréprochable, n'a jamais été mis véritablement en danger, si ce n'est sur cette occasion de Baumgartner suite à une remise subtile de Sabitzer à la 36ème minute qui aurait pu changer le cours de la rencontre. Comme toujours sous l'ère Deschamps, la France a remporté son premier match lors d'un tournoi international (6 victoires en autant de rencontres, la centième du sélectionneur en 154 matches) mais comme souvent, elle a vaincu sans véritablement convaincre dans le jeu et son expression collective, s'appuyant avant tout sur des valeurs de solidarité, de rigueur tactique et de respect strict des consignes. Si l'équipe de France à la sauce DD ne sera jamais du goût des esthètes (dont nous sommes), il faut reconnaître qu'elle s'avère toujours très difficile à battre.

lundi 17 juin 2024

Les favoris au rendez-vous

Après l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, et en attendant la France ce soir contre l'Autriche, ce fut hier au tour de deux autres favoris, les Pays-Bas et l'Angleterre, de s'imposer, même si les deux équipes ont connu les pires difficultés, respectivement face à la Pologne et la Serbie. Menés au score suite à une tête sur corner de Buksa, le Lensois prêté par Lens à Antalyaspor, les Néerlandais ont égalisé par l'intermédiaire du très remuant Cody Gakpo avant de prendre l'avantage en fin de match grâce à un pion de l'inévitable Wout Weghorst, véritable supersub de cette équipe que Koeman peut se féliciter d'avoir fait entrer en jeu à la place de Depay et son look de basketteur NBA. Globalement dominateurs mais régulièrement secoués, les Oranje doivent aussi leur salut à un illustre inconnu, leur jeune portier Bart Verbruggen, qui garde les cages de Brighton en Premier League et dispute sa première grande compétition internationale, lui qui succède à Andries Noppert au poste de gardien en sélection. Privés du ballon une grande partie du temps, les partenaires d'un Lewandowski blessé et forfait ont néanmoins cadré sept frappes, dont six ont donc été repoussées ou captées par le gardien néerlandais. On peut s'étonner qu'avec leurs deux tours de contrôle van Dijk et De Vrij, les hommes de Koeman aient concédé un but sur corner, mais il est vrai qu'Adam Buksa culmine tout de même à 1,91m.

dimanche 16 juin 2024

Les Balkans dans le dur

Face à une Espagne qui a laissé les principes de possession et de contrôle chers à Luis Enrique aux vestiaires pour revenir à un jeu plus direct et vertical, la Croatie n'a tout simplement pas fait le poids. Pour attaquer la rencontre, De La Fuente a choisi de faire confiance à Nacho en remplacement d'Aymeric Laporte, légèrement blessé et trop juste pour jouer, aux côtés de Le Normand en défense centrale, et à Cucurella et Carvajal, le joueur le plus détestable du monde, sur les flancs de la défense. Au cœur de son 4-3-3, il a aligné l'inamovible Rodri, véritable pierre angulaire du milieu, le Parisien Fabian Ruiz et le jeune Barcelonais Pedri. En attaque, la pépite Yamine Lamal et Nico Williams entouraient Alvaro Morata, l'avant-centre de l'Atletico Madrid. Choisissant sciemment de laisser la chique aux Croates (54% de possession pour les partenaires de Modric) et de frapper là où ça fait mal, c'est-à-dire dans l'axe de la défense adverse (on peut sincèrement se demander si Gvardiol ne serait pas mieux employé en charnière centrale, même s'il était chargé de surveiller Lamal), totalement à la rue sur l'ouverture du score de Morata, les Espagnols se sont montrés d'une efficacité clinique et ont plié le match en un quart d'heure. Le sélectionneur espagnol a ouvert son banc en seconde période, faisant entrer Oyarzabal à la place d'un Morata visiblement touché, un Dani Olmo globalement brouillon, Ferran Torres, Zubimendi et Merino.

samedi 15 juin 2024

Heureuse Allemagne

Ce premier match n'a été qu'une douce formalité pour la Mannschaft, qui a littéralement écrasé une Ecosse ultra-limitée, qui voulait tenir le 0-0 le plus longtemps possible et évoluer en contre mais qui n'a pas résisté longtemps à la virtuosité des attaquants allemands. Les Ecossais, réduits à dix après l'expulsion logique de Ryan Porteous suite à un véritable attentat sur Gündogan, n'ont pas réussi à cadrer la moindre frappe, et on imagine que Neuer, jamais mis en danger et contesté par la vox populi allemande, sera frustré d'avoir encaissé un but sur une tête involontaire de Rüdiger. Nagelsmann peut se montrer satisfait de son secteur offensif, puisque quatre attaquants différents ont planté (Musiala, Wirtz, Havertz et Füllkrug) et se réjouir du rendement de son milieu de terrain, avec un Kroos omniprésent et d'une justesse de tous les instants et un Gündogan dans tous les bons coups. Sa charnière centrale n'a pas véritablement été testée, même si l'on peut s'inquiéter de la relative fébrilité de Jonathan Tah sur certaines actions, lui qui a réussi à récolter un carton jaune face à une attaque adverse totalement inoffensive. Excellent sur son flanc droit, Joshua Kimmich a offert un ballon en or à Wirtz sur le premier pion, tandis que son pendant à gauche Mittelstädt a beaucoup tenté, envoyant une paire de frappes dans les tribunes. En exécuteur des basses œuvres, Andrich a assuré l'essentiel avant son remplacement par Pascal Gross, naturellement moins besogneux et plus joueur.

jeudi 13 juin 2024

Belgique, prime à l'attaque

Éliminée en quart de finale de l'Euro 2020 par l'Italie à l'Allianz Arena de Munich puis sortie en poules du Mondial qatari, la Belgique a perdu de sa superbe depuis sa demi-finale perdue face à la France en 2018. Si certains joueurs majeurs font comme De Bruyne et Lukaku toujours partie intégrante de la sélection, quelques éléments qui en avaient fait les beaux jours ont tiré leur révérence (Hazard, Kompany, Alderweireld, Vermaelen, Mertens) et certains cadres (Witsel, Vertonghen) ne rajeunissent guère. Les Belges ont signé un remarquable parcours en qualifications, terminant invaincus et premiers devant l'Autriche et la Suède avec 20 points en 8 rencontres (22 buts pour, 4 contre). Ils se sont notamment offerts deux succès remarquables en Suède (3-0) et en Autriche (3-2), démontrant leur force de frappe offensive et laissant en partie derrière eux les dissensions internes qui avaient miné leur parcours au Qatar. Ils seront les favoris logiques d'un groupe dans lequel ils affronteront l'Ukraine, la Roumanie et la Slovaquie. En effet, si nous sommes capables de citer quelques joueurs ukrainiens (Zinchenko, Mudryk, Lunin, Dovbyk), nous ne connaissons guère que Milian Skriniar dans la sélection slovaque et déclarons notre incompétence notoire en ce qui concerne la formation roumaine. La Belgique possède suffisamment de talent, notamment en attaque, pour s'extraire de ce groupe, et tout autre résultat qu'une qualification pour les huitièmes de finale serait vécu comme un échec majeur. Les journalistes d'outre-Quiévrain s'accordent à dire qu'un quart de finale semble représenter un objectif raisonnable et qu'une élimination avant l'accession au grand huit constituerait une réelle déception.

mercredi 12 juin 2024

Pays-Bas, outsider numéro un

Battus en 2021 en huitièmes de finale par la Tchéquie et éliminés du Mondial qatari en quart aux tirs aux buts par le futur champion du monde argentin, les Pays-Bas font figure d'outsiders dans le prochain Euro, eux qui ne peuvent pas compter sur une génération exceptionnelle. On est bien loin en effet de l'époque du trio Rijkaard-Gullit-Van Basten, de l'équipe de 1998 qui s'appuyait sur les pépites de l'Ajax ou de la sélection de 2010 finaliste du Mondial sud-africain qui comptait dans ses rangs des Wesley Sneijder, Arjen Robben, Robin Van Persie, Giovanni Van Bronckhorst, Klaas-Jan Huntelaar ou Rafael van der Vaart. Aujourd'hui, le sélectionneur Ronald Koeman doit composer avec beaucoup moins de talent en attaque et les forfaits de Frenkie de Jong, rouage essentiel de son milieu de terrain, pas rétabli à temps de multiples blessures à la cheville, et de Teun Koopmeiners, l'autre taulier de son entre-jeu, excellent cette saison avec l'Atalanta Bergame. Pour remplacer numériquement De Jong, Koeman a fait appel à Ian Maatsen, l'arrière latéral du Borussia Dortmund, qui a disputé la finale de Champions League avec son club. Les Néerlandais évolueront dans un groupe relevé et attaqueront leur tournoi face à la Pologne, vraisemblablement privée de Lewandowski, qui s'est blessé en amical contre la Turquie, avant d'affronter les Bleus le 21 juin à Leipzig et la très sous-estimée Autriche pour finir le 25 juin. Le dernier match de préparation des Oranje, remporté 4-0 face à l'Islande grâce à des buts de Xavi Simons, Van Dijk, Maalen et Weghorst, a contribué à gonfler les troupes à bloc avant le début du tournoi.

mardi 11 juin 2024

Portugal, l'embarras du choix

Vainqueur de l'Euro 2016 en France malgré la blessure de Cristiano Ronaldo en finale, éliminé par la Belgique en 2021 en huitièmes, sorti en quart de finale du Mondial 2022 par le Maroc, le Portugal, équipe très complète et armée dans toutes les lignes, se présente parmi les favoris du prochain Euro après un parcours immaculé en éliminatoires (10 victoires en 10 matches, 36 buts marqués pour 2 encaissés). Remarquables produits d'exportation, les joueurs portugais font le bonheur des plus grands clubs européens (City, United, PSG, Barcelone, Liverpool, Milan AC) et forment une sélection très compétitive où prédomine une grande qualité technique d'ensemble. De la charnière centrale au poste d'avant-centre, la formation portugaise ne présente pas de point faible notable sur le papier et possède à la fois une impressionnante force de frappe offensive et une solide assise défensive. Malgré la défaite concédée en match amical à domicile contre la Croatie, qui a pu semer le doute dans les esprits (en groupe de qualifications, les partenaires de CR7 ne s'étaient frottés qu'à la Slovaquie, l'Islande, la Bosnie-Herzégovine, le Liechtenstein et le Luxembourg), tout laisse à penser que le Portugal devrait aisément s'extraire d'un groupe relativement tranquille composé de la Slovaquie, de la Géorgie et de la République Tchèque. Il devrait ensuite croiser la route de la Serbie ou du Danemark avant d'affronter les Pays-Bas en quarts et éventuellement l'Allemagne en demi-finale. Lors de la dernière compétition disputée en Allemagne, la Coupe du Monde 2006, les Portugais s'étaient hissés jusqu'en demi-finale, seulement battus sur un penalty de Zidane.

lundi 10 juin 2024

Croatie, l'éternelle oubliée

A chaque fois qu'un grand tournoi international se profile, on tend à oublier presque systématiquement de placer la Croatie parmi les favoris. Pourtant, depuis la glorieuse génération des Suker, Boban et Asanovic, demi-finaliste de la Coupe du Monde 98, l'équipe au maillot à damiers est parvenue à percer parmi les meilleurs nations mondiales, traçant sa route jusqu'à la finale du Mondial russe et éliminant le Brésil (merci à eux au passage) en 2022 au Qatar. Le sélectionneur Zlatko Dalic, en poste depuis 2017, possède le remarquable bilan de 46 victoires et 15 nuls en 82 matches et s'appuie sur un groupe de joueurs exceptionnels qui évoluent dans les meilleurs clubs du continent (Manchester City, Real Madrid, Bayer Leverkusen, Ajax Amsterdam, Atalanta Bergame) ou au sein du championnat national (Labrovic, Baturina, Pasalic, Petkovic, Perisic, Pjaka), qui selon les dires du meneur de jeu espagnol Dani Olmo, qui a fait le choix inhabituel de rejoindre le Dinamo Zagreb à seize ans, est d'un meilleur niveau général que l'on pourrait penser. La liste de Dalic pour le prochain Euro présente un subtil mélange d'expérience (Modric 38 ans, Perisic 35 ans, Vida 35 ans, Kramaric 32 ans) et de jeunesse (il ne faut pas perdre de vue que Gvardiol, auteur d'une saison de baron avec City, n'a que 22 ans) et possède un solide vécu international. Certes, la Croatie évoluera dans un groupe extrêmement relevé en compagnie de l'Italie et de l'Espagne, mais il y a fort à parier qu'elle fera plus qu'embêter son monde et saura tirer son épingle du jeu d'une manière ou d'une autre. Il s'agit de la sixième participation consécutive du pays de quatre millions d'habitants à un Euro, qui a réussi à sortir des poules en 2016 et 2021 et vient de taper le Portugal en amical à Lisbonne. 

dimanche 9 juin 2024

Allemagne, la fête à la maison?

La Mannschaft a connu des jours difficiles sous la direction d'Hansi Flick, qui n'a pu empêcher une élimination au premier tour lors du Mondial 2022, avec notamment une défaite très embarrassante face au Japon. Ce sont à nouveau les nippons qui auront finalement sa peau, puisqu'il sera limogé après une défaite 4-1 face au pays du soleil levant en septembre 2023. Son très jeune successeur, Julian Nagelsmann, 36 ans, ancien entraîneur du Bayern, obtient de meilleurs résultats après des débuts difficiles avec au passage des revers face à la Turquie et l'Autriche. Les succès en France (sans doute la meilleure prestation de la formation allemande depuis un bail) et contre les Pays-Bas en mars contribuent à le renforcer dans ses convictions et aux yeux de l'opinion publique. Pour l'Euro à domicile, le sélectionneur a fait des choix forts en laissant à la maison des joueurs qui ont signé une superbe campagne de Champions League avec Dortmund, comme Mats Hummels, toujours au sommet à 35 piges, Emre Can ou Julian Brandt. Il n'a pas retenu non plus Leon Goretzka, une des rares satisfactions bavaroises de la saison, ni plus logiquement Timo Werner, très décevant dans l'ensemble avec Tottenham. En revanche, Nagelsmann a accordé sa confiance à l'inusable Thomas Müller, 34 ans, auteur de seulement 6 buts en 40 matches avec le Bayern et qui sera le capitaine de route de cette Mannschaft. L'échassier bavarois est avec Toni Kroos et Manuel Neuer l'un des rares rescapés de la liste des champions du monde 2014 et, contrairement à ses deux coéquipiers, il ne sera sans doute pas titulaire mais pourrait rendre des services en entrant en jeu à la place de Wirtz, Musiala ou Havertz.

samedi 8 juin 2024

L'Angleterre, fausse favorite?

A chaque fois qu'une compétition internationale pointe le bout de son nez, c'est la même rengaine: les "football's coming home" fleurissent, Albion revit le songe éveillé de 1966 et toute l'Angleterre se met à rêver d'un titre qui la fuit depuis la glorieuse époque du Swinging London. Cette année, les bookmakers placent l'Angleterre tout en haut de la liste des favoris du prochain Euro qui s'ouvre dans quelques jours en Allemagne en compagnie de la Mannschaft, toujours redoutable à domicile, de la France, meilleure nation européenne de la dernière Coupe du Monde, et du Portugal, qui possède peut-être sur le papier le meilleur milieu de terrain de la compétition. Il faut dire que l'équipe aux trois lions a atteint la finale du dernier tournoi européen à domicile, qu'elle a vaincu le signe indien des séries de tirs aux buts (même si elle s'est inclinée dans cet exercice face à l'Italie en 2021) et qu'elle possède un effectif qui mélange expérience et jeunesse d'une qualité jamais vue depuis l'ère des Gerrard, Lampard, Scholes, Beckham et Rooney, une génération dont on attendait monts et merveilles et qui n'a jamais rien gagné. Battue par la France en quart de finale au Qatar au terme d'un match qu'elle aurait largement pu remporter, l'Angleterre a soif de revanche et veut à nouveau imposer sa loi au vieux continent, elle qui se targue d'abriter le meilleur championnat au monde. Est-il vraiment raisonnable de penser que les Southgate boys peuvent aller au bout et mettre tout le monde d'accord, ou bien les espoirs d'un pays entier se fracasseront-ils à nouveau face à des nations qui ont déjà remporté l'Euro et connaissent la saveur suave de la victoire comme la France, l'Allemagne, le Portugal, l'Italie ou l'Espagne?

mercredi 15 mai 2024

Aston Villa, la patience récompensée

On entend beaucoup parler des techniciens espagnols en ce moment, et il faut en convenir à juste titre. Arteta réalise un travail formidable avec Arsenal, une équipe jeune à qui l'avenir appartient, Guardiola est en passe d'offrir un quatrième titre consécutif à City, Xabi Alonso va peut-être terminer la saison invaincu avec le Bayer Leverkusen et signer un triplé historique et Luis Enrique pourrait s'adjuger un joli doublé coupe-championnat en cas de succès face à l'OL (ne jamais cependant négliger la capacité du PSG à finir ses saisons en eau de boudin). Moins mis en avant parce qu'entraîneur d'un club moins médiatisé, Unai Emery mérite néanmoins tous les honneurs, lui qui a réussi à qualifier Aston Villa pour sa première Champions League depuis la saison 1983-84, une époque où le club de Birmingham figurait parmi les meilleurs d'Europe. Arrivé au club en octobre 2022 suite au limogeage de Steven Gerrard, Emery prend en mains les destinées d'une équipe qui n'occupe que la seizième place du classement et flirte dangereusement avec la zone de relégation. Sous la houlette d'Emery, Villa va remporter 15 des 25 matches restants et prendre 49 points sur 75 possibles, remontant jusqu'à la septième place, meilleur classement du club depuis 2011, et se qualifiant pour la Ligue Europa Conférence, compétition dans laquelle les Villains atteindront les demi-finales après avoir éliminé le LOSC. Il s'agissait ni plus ni moins de la seizième campagne européenne consécutive d'Emery, qui par le passé a également entraîné Séville, le PSG (le 4-0 au Parc avant la remontada, c'était avec lui sur le banc), Villareal et Arsenal. Emery est un grand spécialiste de la Ligue Europa, qu'il a remportée à quatre reprises (trois fois avec Séville et une fois avec Villareal).

mardi 30 avril 2024

Pour Lacazette et Barcola à l'Euro

Alors que tous les postes (ou presque, puisqu’apparemment personne n’est capable de remplacer Griezmann au milieu) sont doublés en équipe de France, celui d’avant-centre est sans doute celui qui suscite le plus d’interrogations en vue du prochain Euro. Olivier Giroud, meilleur buteur de l’histoire des Bleus et encore performant avec le Milan cette saison, a signé en MLS et s’approche tranquillement de la fin. Marcus Thuram, recentré dans l’axe par Inzaghi à l’Inter, sort d’une année plutôt satisfaisante en club mais n’a marqué que deux fois en 18 sélections. Enfin, Randal Kolo Muani, qui a certes marqué des points en amical face au Chili, a aligné comme des perles les prestations cataclysmiques avec le PSG, même contre des adversaires modestes comme Le Havre (en outre, il n’a marqué qu’un but en neuf matches de Champions League). Dans ce contexte, pourquoi se priver d’un élément aussi brillant qu’Alexandre Lacazette, qui reste sur 43 pions en deux exercices avec l’OL et est récemment sorti sous les ovations du Groupama Stadium après avoir martyrisé la défense monégasque ? Deschamps évoque la « concurrence » pour expliquer l’absence du buteur lyonnais et assure qu’il ne s’agit pas d’une question d’âge puisque Giroud est toujours sélectionné, mais de quelle « concurrence » parle-t-on au juste ? Giroud demeure indiscutable de par son passé en bleu et sa réussite lors des grands tournois (quatre pions au Qatar en 2022), mais Lacazette mérite-t-il vraiment de passer derrière Thuram et Kolo Muani, qui n’ont strictement rien prouvé au plus haut niveau ? Certainement pas.

jeudi 25 avril 2024

Maradona, le plus grand des grands

C’est l’éternelle question qui anime tout taré de football digne de ce nom : qui est le plus grand joueur de tous les temps ? Les plus jeunes, coupables d’un déficit d’histoire footballistique, hésiteront entre Messi et Ronaldo, stars surmédiatisés collectionneurs de buts, de vidéos Youtube et de Ballons d’Or, véritables icônes modernes. Les quadragénaires qui ont eu la chance de voir passer pas mal de cadors du ballon rond évoqueront plus naturellement Zidane et sa technique soyeuse, la finesse et la puissance dévastatrice de Ronaldo, le sens du but inné de Van Basten, l’extraordinaire prestance de Maldini, la maestria de Baggio, l’insolente facilité de Romario, le toucher de balle unique de Bergkamp. Les plus anciens songeront évidemment à Pelé et ses trois Coupes du Monde, à Di Stefano la légende du Real Madrid, aux arabesques de Cruyff, à la classe insensée de Beckenbauer, aux neuf buts de Platini lors de l’Euro 84. Mais selon nous un joueur met tout le monde d’accord de par son exceptionnel talent naturel, son palmarès plus que respectable (comme disaient Chirac et Casanova, rien ne vaut un palmarès) et la légende qu’il véhicule : ils s’agit évidemment de Diego Maradona, idole des peuples argentin et napolitain, gamin aux pieds d’or (pibe de oro pour les plus bilingues d’entre vous), symbole éternel de la revanche des petits sur les puissants de ce monde, nabot de génie, dribbleur insaisissable et court sur pattes, buteur et passeur de légende, archétype du gaucher unijambiste, personnage controversé et cocaïnomane notoire, chantre péronisto-castristo-chaviste de l’anti-américanisme, petit protégé de la Camorra napolitaine, grand ennemi de la FIFA et de Joao Havelange, ange des pelouses matraqué par les pires bouchers de son époque.

mercredi 24 avril 2024

Pourquoi le Real va gagner la Champions League

Il y a quelque chose de terriblement agaçant (certains diront de magique, nous ne sommes pas de ceux-là) avec le Real Madrid en Champions League. De manière irrémédiable, à mesure que les tours passent et que les adversaires montent en gamme, le Real connaît toujours plus de réussite, toujours plus de chance, toujours plus de circonstances favorables, quand l'arbitrage ne vient pas lui donner un petit coup de pouce au passage. Certains voient dans cette capacité à survivre la marque d'une équipe légendaire qui sait rester fidèle à sa glorieuse histoire et refuse de mordre la poussière, une haine absolue de la défaite chez un club qui ne jure que par la victoire et les trophées, une façon de se placer à la hauteur du rendez-vous quand la route s'élève. Nous y voyons plutôt comme une malédiction, une histoire inlassablement répétée jusqu'à l’écœurement, une vieille rengaine qu'on en peut plus d'entendre. Que ce soit bien clair, cher lecteur qui êtes venu se perdre sur cette modeste et néanmoins indispensable gazette: nous n'en pouvons plus de voir le Real gagner, de le voir aller loin quand ce n'est pas au bout en Champions League année après année, du sourire satisfait de Florentino Perez, des abdominaux saillants de Cristiano, de la nonchalance hirsute de Marcelo, de la barbe conquérante de Benzema, des poings rageurs de Sergio Ramos, du vice insupportable de Carvajal, des pleurnicheries infantiles de Vinicius, des buts de raccroc de Rodrygo, des pions improbables de Bellingham dans le temps additionnel. Nous n'en pouvons plus d'assister au même scénario immuable du Real qui triomphe à la fin du film, de voir la pièce tomber toujours du même côté, de connaître d'avance la conclusion de l'histoire. Alors que d'aucuns (dont nous sommes, ne le cachons pas) rêvent d'un premier sacre européen pour le PSG (certes, il y eut bien la Coupe des Coupes en 1996, mais remporter une Champions League aurait une autre saveur), il ne fait aucun doute que la coupe aux grandes oreilles va pour la quinzième fois prendre la direction de la capitale espagnole.

mardi 23 avril 2024

La Premier League est-elle toujours le meilleur championnat au monde?

On entend souvent dire que la Premier League serait le meilleur championnat de la planète. De par son histoire (après tout, le football a bien été inventé et codifié en Angleterre), son prestige et les vedettes qui l’animent, le championnat anglais est devenu une sorte de cirque géant mondialisé, un immense show médiatique, un Barnum du football que toutes les télévisions du monde s’arrachent à prix d’or (il est révélateur qu’une chaîne comme Canal Plus diffuse désormais davantage de rencontres de Premier League que de matches de Ligue 1). Longtemps confinée à une affaire d’Anglais entre eux (les Zola, Vialli, Cantona et Ginola étaient des pionniers outre-Manche dans les années 90), la Premier League s’est au fil du temps muée en une sorte d’Eldorado pour tout joueur de classe mondiale, et ses joutes entre cadors du ballon rond passionnent la planète. Les droits TV colossaux dont bénéficient ses pensionnaires ainsi que l’apparition de capitaux étrangers confèrent aux clubs anglais une puissance financière unique que seuls sont en mesure de concurrencer les très gros budgets du football européen. Ainsi, n’a-t-on pas vu Chelsea, actuellement neuvième du classement et qui ne remportera aucun titre cette saison, claquer des centaines de millions en transferts sur des joueurs comme Mudryk ou Caicedo ? United, en grande difficulté depuis plusieurs années, s’est montré très actif sur le marché des transferts en recrutant Bruno Fernandes, Maguire, Eriksen, Antony ou Höjlund. City a pu s’offir les prometteurs Doku et Gvardiol pour la modique somme de 150 millions d’euros, tandis que Liverpool s’est adjoint les services de Darwin Nunez pour 100 millions en 2022. Toutes les conditions sont réunies pour offrir un spectacle haut de gamme, d’autant que l’Angleterre a su attirer quelques-uns des plus grands techniciens de la planète comme Guardiola, Klopp, Emery ou De Zerbi. Pour autant, la Premier League reste-t-elle le meilleur championnat actuel ?

mercredi 17 avril 2024

Barcelone-Paris: les notes du PSG

Jamais un club français ne s'était qualifié après avoir perdu le match aller à domicile, et le PSG a signé un exploit majuscule à Barcelone. Rapidement menés au score par un Barça ultra-réaliste alors qu'ils avaient réussi un début de match convaincant, les Parisiens ont trouvé les ressources mentales, techniques et collectives pour inverser la tendance et franchir l'obstacle. Ils le doivent à une charnière centrale impeccable d'abnégation, de rigueur et d'efficacité, à un Vitinha qui s'affirme match après match comme un des meilleurs milieux de terrain européens et n'en finit plus de se montrer décisif dans les grands rendez-vous (but au Vélodrome, but à l'aller et au retour contre Barcelone), à un Barcola rafraîchissant et sans complexes et à un Dembélé qui s'est fait un plaisir de martyriser son ancien club et a quitté la pelouse avec le sourire. Ils le doivent également et peut-être surtout à un Luis Enrique d'une grande justesse dans ses choix et qui a su insuffler dans l'esprit de ses joueurs la conviction que la qualification  était possible. La route vers la grande finale reste ouverte, mais nous nous garderons bien de sous-estimer le Borussia Dortmund, même si le PSG est favori, car une équipe capable d'en passer quatre à l'Atletico ne saurait être prise à la légère.

lundi 15 avril 2024

Rennes, le flop de la saison

Parmi les équipes qui ont raté leur saison, on pourrait penser à l'OL, mais les Lyonnais ont opéré un spectaculaire redressement depuis leur mercato hivernal réussi et l'arrivée sur le banc de Pierre Sage, et peuvent toujours espérer une place européenne via le championnat ou un éventuel sacre en Coupe contre le PSG. On pourrait citer l'OM, certes très décevant en championnat mais qui a une réelle chance de rallier la finale de la Ligue Europa (le résultat du match aller à Lisbonne laisse de solides espoirs aux Marseillais qui devraient en cas de qualification sortir l'Atalanta Bergame en demie, un obstacle loin d'être insurmontable a priori). On pourrait également songer à Lens, qui ne devrait pas finir parmi les quatre premiers mais possède des circonstances atténuantes avec les départs à l'intersaison de Fofana et Openda et la difficile adaptation de Wahi (ajoutons qu'en termes de qualité globale d'effectif, l'équipe de Frank Haise nous semble bien en-dessous des formations qui occuperont le podium en fin de saison, à l'exception de Brest bien entendu). La vraie déception de la saison se nomme le Stade Rennais, une équipe qu'on attendait beaucoup plus haut au classement et que beaucoup voyaient se qualifier pour la prochaine Champions League. Rennes n'occupe que la dixième place du classement à cinq journées de la fin, à égalité de points avec un OM faiblard, et fait à peine mieux que des clubs qui se contenteront du maintien comme Toulouse ou Strasbourg. Après un début d'exercice pas faramineux mais prometteur (ils étaient encore invaincus après sept journées), les joueurs de Génésio puis Stéphan se sont totalement effondrés. Alors qu'on les attendait costauds dans le sprint final, ils viennent de concéder trois revers consécutifs en Ligue 1, sans oublier l'élimination en Coupe au Parc des Princes à l'occasion d'un match où les Rennais ont fait preuve d'un affligeant manque d'ambition dans le jeu. Triste bilan.

lundi 8 avril 2024

Rions un peu avec l'effet Gasset

Les médias français, à de rares exceptions près, sont vraiment affligeants de nullité et de démagogie. Ils n'ont jamais le moindre mot de reproche envers Deschamps, passent leur temps à critiquer Luis Enrique qui est le meilleur entraîneur du PSG depuis longtemps et sont prêts à caresser le prolo dans le sens du poil dès que l'OM gagne trois matches de suite. Ainsi, que n'a-t-on pas entendu à propos du fameux "effet Gasset"? Après une série de quelques victoires, on a pu lire que le nouvel entraîneur marseillais, qui n'est jamais que le troisième de la saison, avait su  "trouver les mots" pour redonner confiance au groupe, qu'il s'agissait d'un entraîneur qui avait "un gros vécu et une grosse expérience internationale", qui "savait parler aux jeunes joueurs" et s'avérait "un bon tacticien". L'ancien sélectionneur de la Côte d'Ivoire, qui sous ses ordres a été littéralement humiliée à domicile lors de la dernière CAN par la terrifiante Guinée équatoriale, a été décrit à son arrivée à l'OM fin février 2024 comme un homme reconnu pour son relationnel envers les joueurs, sa capacité à mobiliser les groupes placés sous sa responsabilité et sa culture du travail. Bref, n'ayons pas peur des mots, il s'agissait ni plus ni moins que l'un des meilleurs techniciens du monde. Les Ancelotti, Klopp et autres Guardiola n'avaient qu'à bien se tenir. On allait voir ce qu'on allait voir et ça allait méchamment faire du bruit dans Landerneau. Sous la houlette de l'homme à la casquette, l'OM allait enchaîner les succès, remonter spectaculairement au classement et accéder au podium. Marcelino était une pipe, Gattuso un incompétent notoire, et Longoria avait enfin mis la main sur le coach qui allait redonner de l'élan au club marseillais au cours d'une fameuse mission de cent jours qui allait secouer le microcosme de la Ligue 1.

dimanche 7 avril 2024

Champions League: les pronostics de LPC

PSG-BARCELONE (PSG 55%-BARCELONE 45%)


Il y a beaucoup d'histoire et d'histoires entre les deux clubs, évidemment, et ces retrouvailles entre les deux meilleurs ennemis d'Europe ne peut que faire saliver. On ne pourra pas s'empêcher de penser au but libérateur de Guérin en 1995, à l'humiliation absolue de la fameuse remontada en 2017 (au moins cette fois le PSG ne jouera pas le match retour au Camp Nou, lieu maudit à jamais) ou au triplé de Mbappé en 2021 dans un stade vide. Cela sera aussi un moment spécial pour Luis Enrique, ancien joueur et entraîneur du FC Barcelone (il était sur le banc du Barça lors de la remontada) qui connaît comme sa poche les arcanes et le fonctionnement du club catalan. Tous les éléments sont a priori réunis pour une double confrontation excitante.

dimanche 24 mars 2024

Deschamps, c'est quoi le concept?

Nous vivons dans un pays où des joueurs exceptionnels comme Cantona et Ginola ont été traités comme de véritables parias parce qu'ils avaient trop de talent et de caractère et où de bons petits soldats anonymes comme Diomède et Guivarc'h ont été sacrés champions du monde. Nous vivons dans un pays dont la fédération de football a reconduit Domenech après le désastre industriel de l'Euro 2008 pour connaître la honte internationale de Knysna deux ans plus tard. Nous vivons dans un pays qui ne cesse de critiquer les choix d'un entraîneur comme Luis Enrique pour la seule raison qu'il méprise superbement la caste journalistique française (et comment lui donner tort lorsqu'on considère la médiocrité affligeante des médias nationaux?) et où Jean-Louis Gasset est encensé après trois victoires contre des équipes aussi terrifiantes que Nantes, Clermont et Montpellier. Et surtout, nous vivons dans un pays où il est strictement interdit de critiquer Didier Deschamps, qui semble protégé par un totem d'immunité totale et faire l'objet d'un consensus tacite. Deschamps, dans l'inconscient collectif, c'est le capitaine de l'OM sacrée à Munich ("à jamais les premiers", comme disent les Marseillais pour se consoler de leur déclassement et de l'hégémonie parisienne), l'homme qui a soulevé la Coupe du Monde en 1998, le sélectionneur vainqueur en Russie et finaliste au Qatar. On loue ses capacités de meneur d'hommes, son leadership naturel, sa capacité à tirer le meilleur d'un effectif pas toujours exceptionnel, son aura auprès des joueurs. Mais jamais on ne critique son choix ou son absence de choix, ses options tactiques douteuses, sa frilosité, son conservatisme, son sécuritarisme maladif, son refus total de se remettre en cause comme après l'échec de l'Euro 2021 et l'élimination face à la Suisse. Jamais l'on entend le moindre reproche à son égard, la moindre remise en question, le moindre son de cloche dissonant. Diallo a déjà annoncé qu'il serait reconduit dans ses fonctions après l'Euro quelque soit l'issue de la compétition. Et disons-le tout net, quatorze ans de Deschamps, c'est trop.

mardi 19 mars 2024

Vitinha, la perle du milieu

Au sein du turnover opéré par Luis Enrique (au fait, bande d'handicapés du bulbe qui osez titrer que le PSG "patine" en Ligue 1, vous n'aviez pas compris que le patron faisait gentiment tourner en vue des échéances importantes et que dans son esprit le championnat était une affaire déjà réglée?), quelques joueurs ont émergé au milieu malgré la concurrence féroce. Difficile de ne pas évoquer le cas Zaïre-Emery, véritable révélation de la saison qui non seulement s'est installé comme titulaire indiscutable au sein d'un des meilleurs clubs européens mais semble devoir faire partie du groupe France pour le prochain Euro en Allemagne (et dire que Galtier ne lui a fait jouer que de vagues bouts de matches alors qu'il avait sous le coude un futur international). Il le doit à ses prestations remarquables au plus haut niveau, en Champions League notamment, où il n'a cessé d'épater la galerie par son aplomb et son aisance et a grandement contribué à la qualification des siens pour les quarts. Au début de saison, Manuel Ugarte avait impressionné les observateurs par son abattage, sa capacité à déclencher le pressing et à harceler le porteur adverse, son goût pour le duel ainsi que son côté "chat maigre" et mort de faim si typiquement uruguayen. Ravis, les supporters parisiens pensaient alors que leur club avait enfin déniché un digne successeur à Thiago Motta dans le rôle de sentinelle devant la défense, mais il faut bien avouer que le transfuge du Sporting est quelque peu rentré dans le rang et a perdu sa place de titulaire dans les matches qui comptent.

vendredi 15 mars 2024

Jonathan David, la valeur sûre

Hormis l’exception Mbappe, qui surdomine le classement des buteurs tel l’extraterrestre qu’il est, il faut bien dresser le constat que la Ligue 1 se cherche de grands buteurs : Openda s’est tiré en Allemagne, Terrier sort d’une saison blanche, Aubameyang donne plutôt satisfaction mais n’affole pas les compteurs, Ben Yedder ne signe pas sa meilleure saison, Lacazette a pâti du début de saison désastreux de son équipe, Moffi sous-performe clairement, Gonçalo Ramos et Kolo Muani évoluent dans l’ombre de Sa Majesté et Laslandes a pris sa retraite depuis un bail. La saison dernière, qui restera comme un millésime exceptionnel sur ce plan, pas moins de six joueurs avaient atteint la barre des vingt buts (Mbappe, Lacazette, David, Balogun, Openda et Diallo) et un total de douze joueurs celle des quinze buts (les six susnommés plus Wahi, Ben Yedder, Moffi, Messi, Laborde et Gouiri). Après 25 journées, seuls cinq éléments ont franchi la barre des dix réalisations (Mbappe, David, Lacazette, Ben Yedder et Aubameyang), et si Kyky maintient un tempo élevé, il n’en est pas de même pour la meute de poursuivants qui ont déjà fait une croix sur le titre de meilleur buteur (ils y ont même sûrement déjà renoncé avant même le coup d’envoi de la saison). A titre de comparaison, treize éléments ont franchi le seuil des dix buts en Angleterre, pour douze en Espagne, douze en Italie et dix en Allemagne. L’argument selon lequel les meilleurs attaquants français évoluent à l’étranger n’est guère recevable puisque trois des sept joueurs offensifs retenus dans la dernière liste de Deschamps évoluent au PSG, que Griezmann joue maintenant davantage comme un all-around player (homme à tout faire, pour les plus handicapés du bilinguisme qui ne suivraient pas la NBA) et que Barcola avait quasiment autant de chances d’être sélectionné que Diaby. Parmi les douze meilleurs buteurs du dernier exercice, neuf sont toujours présents en Ligue 1. Il faut plutôt voir dans ce recul les signes d’un changement de club difficile (Balogun, Wahi), d’une relative méforme personnelle (Ben Yedder, Laborde) ou la conséquence de mauvais résultats collectifs (Lacazette, Gouiri). 

lundi 11 mars 2024

Tottenham, direction l'Europe?

On aurait raisonnablement pu penser que le départ d'Harry Kane, meilleur buteur de l'histoire du club, allait gravement porter préjudice aux Spurs, probablement condamnés à rentrer gentiment dans le rang et à oublier leurs ambitions européennes. Manchester United et Chelsea, deux budgets monumentaux, voire Newcastle, quatrième la saison dernière, faisaient figure de favoris pour intégrer le top four derrière le monstre à trois têtes qui occupe actuellement le podium de la Premier League. Mais United a déjà concédé onze défaites en 28 matches et souffre d'une attaque en berne (39 buts marqués, 14ème attaque du championnat seulement), Chelsea, à l'effectif boursouflé, a totalement perdu ses repères et Newcastle, malgré le pognon saoudien, est redevenu une équipe somme toute banale et de milieu de tableau. Dans ce marasme relatif, c'est bien Tottenham qui sort son épingle du jeu, puisque les Spurs, après leur remarquable victoire 4-0 à Villa Park face à leurs principaux concurrents pour la quatrième place, occupent la cinquième place du classement avec un match en retard à jouer contre Chelsea et peuvent en cas de succès contre les Blues atteindre l'épatante moyenne de deux points par match. Ils ont signé 16 victoires en 27 matches, n'ont marqué que quatre buts de moins que City et sa redoutable attaque et ont récolté treize points lors des six dernières journées, avec comme seul accident de parcours une défaite à domicile contre Wolverhampton, une des équipes surprises de la saison anglaise.

mardi 5 mars 2024

Guirassy, dans l'ombre de Kane

Le PSG s’intéresse-il-à Serhou Guirassy ? Voilà une question qu’il est presque étonnant de ne pas voir fleurir dans les médias français qui, depuis l’annonce du départ de Mbappé, n’en finissent plus d’établir des listes de possibles successeurs à la star parisienne (les noms d’Osimhen, également ciblé par Chelsea, comme tout joueur normalement constitué qui évolue au-dessus du niveau district, et de Leao, qui n’a pourtant rien d’un serial buteur, reviennent avec insistance). Autre question à cent mille balles (envoyez vos réponses à LPC Media Group International) : si les dirigeants parisiens furent prêts à claquer 90 plaques sur un joueur infoutu de réussir un contrôle, un dribble ou une passe correcte mais qui avait claqué 15 pions en Bundesliga avec l’Eintracht Francfort, how muche seraient-ils prêts à mettre sur un avant-centre au physique de déménageur des surfaces qui affiche déjà vingt réalisations en dix-huit matches au compteur avec le VFB Stuttgart ? Il y a fort à parier que la cote de l’attaquant guinéen, déjà auteur d’une saison 2022-2023 fort satisfaisante avec 11 buts en 22 matches disputés (faites le calcul, bande de petites médailles Fields que vous êtes, on ne doit pas être bien loin du but tous les deux matches en moyenne), ne cesse de grimper chez les recruteurs européens (on évoque d’ailleurs ça et là un intérêt de Chelsea). Un cador du continent viendra-t-il draguer Guirassy lors du prochain mercato estival ? Nul ne le sait, sauf les patrons de Chelsea. Ce qu’on sait, en revanche, c’est que si le VFB parvient à se qualifier pour la prochaine Champions League, il le devra en grande partie à un buteur qui n’en finit pas d’épater son monde.

lundi 4 mars 2024

Roma, opération remontée

On aime ou n'aime pas José Mourinho (nous autres à LPC le détestions avec le Chelsea version Drogba "fucking disgrace" et le Real époque Pepe en boucher officiel), mais il faut reconnaître que le Special One faisait plutôt du bon boulot depuis son arrivée sur le banc de la Roma en 2021, avec deux sixièmes places et deux finales européennes consécutives dont une victorieuse en 2022. Malheureusement pour lui, deux défaites face au rival lazialiste en coupe et le Milan en championnat ont coûté sa place au Mou, officiellement lourdé le 16 janvier (on entend parler depuis évidemment d'un énième retour à Chelsea, où Pocchetino et son charisme d'huître sous Prozac pédalent méchamment dans la semoule malgré un effectif pléthorique et un pognon littéralement balancé par les fenêtres). Plutôt que d'aller chercher un entraîneur étranger ou un technicien reconnu, le club romain a choisi de faire confiance à une véritable légende locale: Daniele De Rossi, plus de 600 matches au compteur avec la Roma, icône de la ville éternelle à l'instar d'un Francesco Totti et équivalent d'un Steven Gerrard à Liverpool ou d'un Maldini au Milan. On dit souvent que les anciens milieux défensifs ou relayeurs font d'excellents entraîneurs (Arteta, Guardiola, Xabi Alonso, Ancelotti) et il semble que De Rossi ne déroge pas à la règle, puisque son bilan après quelques semaines sur le banc de la Roma s'avère tout simplement remarquable, à tel point que l'on peut imaginer que ses dirigeants, qui lui ont fait signer un contrat de six mois, n'hésiteront pas à le confirmer dans ses fonctions en fin de saison.

jeudi 29 février 2024

Brest, ou l'anomalie

Loin de nous l'idée de remettre en cause le mérite du Stade Brestois, auteur d'une saison historique et d'un formidable parcours sous les ordres d'Eric Roy, venu en premier lieu pour éviter la relégation au club et qui se retrouve aujourd'hui sous le feu des projecteurs. Mais qu'une équipe dotée d'un budget aussi limité et si peu équipée en joueurs confirmés (mis à part peut-être Pierre Lees-Melou, qui a fait l'objet d'une approche rennaise pendant le mercato hivernal) occupe la deuxième place du classement après 23 journées ne manque pas d'interpeller sur le niveau global de notre chère vieille Ligue 1, surtout lorsqu'on considère les piètres résultats des clubs français sur la scène européenne. D'aucuns, dont nous ne citerons pas les noms par respect de l'anonymat, se réjouissent d'avance d'assister à un fameux Brest-Manchester City la saison prochaine à Francis Le Blé. L'affiche ne manquerait guère d'exotisme mais ferait une fois de plus passer notre championnat hexagonal pour le cancre continental et ferait de la France la risée de ses voisins.

mardi 27 février 2024

Lautaro Martinez, la barre des cent

On en entend tout compte fait assez peu parler, parce que la domination du club sur le football italien s'est en quelque sorte banalisée (comme celle de la Juve lors des années 2010), mais l'Inter, déjà champion et finaliste de la Champions League en 2023, est en train de signer une saison remarquable. Après leur succès facile à Lecce, les hommes d'Inzaghi comptent neuf points d'avance sur la Juventus (avec un match de moins) et sont en passe de se qualifier pour les quarts de Champions League après leur victoire à l'aller face à l'Atletico. Outre le départ d'Edin Dzeko, le retour de prêt d'Alexis Sanchez (souvent réduit à jouer les utilités, quel dommage pour un tel talent) et les arrivées des internationaux français Benjamin Pavard et Marcus Thuram, l'effectif est demeuré relativement stable autour d'un solide noyau italien (le vétéran Acerbi, Darmian, Bastoni, Dimarco, Frattesi, sans oublier Barella, qu'on dit sur les tablettes du PSG mais qui ne l'est pas au juste?). Le club peut toujours compter sur De Vrij, Dumfries (souvent relégué sur le banc de touche), l'excellent Calhanoglu et les vétérans Cuadrado et Mkhitaryan, mais un homme casse littéralement la baraque depuis quelques mois et contribue à mener l'Inter vers les sommets domestiques et continentaux: l'avant-centre argentin Lautaro Martinez, d'une efficacité redoutable en Serie A avec 22 unités au compteur en 23 matches disputés et qui vient tout juste de franchir la barre symbolique des cent buts en championnat d'Italie.

samedi 24 février 2024

Le Bayer va-t-il le faire?

Harry Kane est-il maudit? Auteur d'une saison exemplaire avec le Bayern, l'avant-centre anglais pensait sans doute pouvoir ajouter quelques lignes à son palmarès en signant avec le club bavarois après des années de disette avec Tottenham. Mais alors que le Bayern restait sur onze sacres consécutifs en Bundesliga et pensait bien enchaîner un douzième titre, voilà que les joueurs de Tuchel se voient plus que concurrencés par le Bayer Leverkusen, sur le point de signer une saison historique et de rafler la mise en championnat. Après un bon nul en Bavière à l'aller et une véritable démonstration au retour (un 3-0 net et sans bavure), les hommes de Xabi Alonso comptent provisoirement onze points d'avance en tête du classement suite à leur victoire à domicile face à Mayence et font plus que jamais figure de favoris pour le Meisterschale. Comptant assurément parmi les toutes meilleures formations du continent (tout à fait capable d'aller au bout en Ligue Europa), Leverkusen demeure invaincu lors du présent exercice et a accumulé le total surréaliste et record de 33 matches sans défaite toutes compétitions confondues (29 victoires et quatre nuls), battant au passage la marque du Bayern d'Hansi Flick lors de la saison 2019-2020. Alors que les projecteurs médiatiques restent braqués sur le transfert de Mbappé ou la course au titre en Angleterre, on n'entend pas suffisamment parler de cette extraordinaire équipe qui n'en finit pas de repousser les limites du possible.

lundi 19 février 2024

L'OM ou le grand vide

Gennaro Gattuso, qui n'a jamais réussi à s'installer sur un banc sur la durée et a échoué partout où il est passé, n'est plus l'entraîneur de l'OM. Il paye un jeu incroyablement pauvre et indigent, une forme d'impuissance face à la situation (il a lui-même avoué publiquement ne pas savoir comment entraîner cette équipe) et une absence totale de résultats (aucune victoire en 2024 et une défaite de trop à Brest). Si Marseille ne se qualifie pas face au Chaktior (et c'est vraiment loin d'être fait, étant donné l'incapacité de l'équipe de gérer la pression, comme on a pu le voir face au Panathinaïkos), le club n'aura strictement plus rien à jouer, puisqu'il sera sorti de toutes les coupes et totalement largué dans la course à l'Europe. Les supporters, qui semblent avoir plus de pouvoir que les dirigeants et, rappelons-le, avaient sifflé Tudor lors du premier match de championnat la saison dernière, ont eu la peau d'un Marcelino pourtant invaincu, et la réalité du terrain a eu raison de Gattuso, un coach dont les limites techniques et tactiques, le parcours on ne peut plus chaotique et le manque chronique de résultats aussi bien à Palerme et Naples qu'à Valence en faisaient la victime expiatoire idéale. La seule grinta ne suffit pas, il faut aussi défendre un véritable projet de jeu et des idées, comme avait pu le faire Tudor, qui avait fait de l'OM l'une des toutes meilleures équipes du championnat et une formation implacable à l'extérieur, alors qu'aujourd'hui Marseille est quasiment incapable de se déplacer sans perdre. On souhaite bien du courage à Jean-Louis Gasset, qui a réussi l'exploit de perdre sa place de sélectionneur de la Côte d'Ivoire pendant la CAN.

dimanche 18 février 2024

La Premier League, un monstre à trois têtes

Rarement la course au titre en Angleterre n'aura semblé aussi indécise que cette saison. Au début des années 2020, Liverpool et City se tiraient la bourre, laissant Arsenal et United à bonne distance. Mais les choses ont bien changé. Si l'on peut noter une différence notable entre la Premier League et les autres grands championnats européens, c'est que l'on laisse le temps aux managers de travailler sur la durée, malgré parfois l'absence de résultats probants, à l'exception de United, où les entraîneurs se sont succédé depuis le départ de l'irremplaçable Ferguson. Ainsi, Guardiola est arrivé sur le banc de City en 2016 (et on lui a laissé sept ans pour remporter une Champions League tant convoitée par le club), Klopp sur celui de Liverpool en 2015 et Arteta a pris les commandes d'Arsenal en 2019. Les dirigeants des Gunners ont eu l'intelligence de maintenir leur confiance à l'ancien joueur du PSG, malgré une décevante huitième place en 2020 et 2021 et une forme de déclassement du club après le faste des années Wenger qui avaient habitué les fans à une place dans le Big Four. Grâce au remarquable boulot d'Arteta, qui a su faire progresser un groupe jeune et talentueux et s'adjoindre les services de quelques éléments précieux (Zinchenko, Gabriel Jesus, Gabriel, Trossard, Rice), Arsenal s'est hissé au niveau de City et Liverpool et, après avoir tenu la dragée haute aux Skyblues tout au long de la saison dernière, s'accroche à nouveau à ses rêves de sacre. En 2024, la lutte pour le titre n'est pas un duel, mais bien une lutte à trois entre Liverpool, City et Arsenal.

jeudi 15 février 2024

Luis Enrique, envers et contre tout

Luis Enrique est clairement un personnage clivant dont l’attitude, notamment envers les journalistes, le comportement et les décisions controversées n’en finissent pas de secouer le cocotier du football hexagonal. Droit dans ses bottes, fidèle à ses principes (même s’il a dû en partie renoncer à certains, le football de possession qu’il souhaite mettre en place étant difficilement compatible avec les qualités naturelles de son effectif), exigeant à l’extrême (on l’a ainsi vu engueuler copieusement ses joueurs à Lyon alors que son équipe menait quatre à zéro), souvent à la limite de l’arrogance, le technicien espagnol semble totalement faire fi des nombreuses critiques à son égard et uniquement obsédé par le jeu produit par son équipe. Certains, comme Daniel Riolo, la voix majeure de l’After Foot sur RMC, qui le surnomme Géo Trouvetou et le compare à une sorte de savant fou, trouvent ses choix incompréhensibles et incohérents et l’accusent de toujours vouloir sortir un lapin de son chapeau pour avoir l’air plus malin que tout le monde (ainsi son choix de titulariser Beraldo en lieu et place de Lucas Hernandez face à la Real Sociedad, alors que le jeune Brésilien a clairement pris le bouillon à son poste de latéral gauche). D’autres considèrent qu’il ne s’agit pas du coach adéquat pour le PSG, un club qui devrait soigner sa communication, améliorer son image et chercher à arrondir les angles avec les médias. D’autres encore, dont nous faisons partie, l’admirent pour sa droiture, ses idées fortes, son intransigeance et sa faculté à absorber beaucoup de la pression qui pèse constamment sur une équipe qui ne joue jamais assez bien (quand le Real gagne avec un éventuel petit coup de pouce arbitral, on dit que c’est du classique, mais quand Paris s’impose, on entend toujours qu’il l’a fait sans convaincre ni rassurer, sempiternelle et usante rengaine des médias français).